Dès
Rise And Fall, Damad a montré des ambitions autres qu’être un « simple » représentant de la scène crust/sludge. Cette volonté d’évoluer au-delà des étiquettes se retrouve dans son premier album ambitieux (et réussi !) où l’atmosphère des premiers Neurosis s’allie à la puissance d’un His Hero Is Gone ou Initial State. Quittant un peu plus l’esprit DIY (artwork laissé à Pushead et production de Billy Anderson donnant un son plus « professionnel » à l’ensemble), les Géorgiens enfoncent les portes entrouvertes précédemment sur un
Burning Cold malheureusement moins convaincant que leur début.
Sans renier les bases que
Rise And Fall a posées,
Burning Cold ralentit son crust par le développement de parties lourdes répétitives. À l’épique maladif succède une pesanteur allant jusqu’à voler dans les sphères du rock psychédélique à l’image d’un « Wordless » peu avare en couche d’effets. Si les guitares bourrent sporadiquement (« Token »), ces dernières préfèrent la force des accords entrecoupés d’accalmies à la sauvagerie aveugle. Une tendance à l’ouverture qui se retrouve dans chaque instrument, Phillip Cope laissant souvent la place à la basse de Brian Duke (« Skintight ») ou la batterie de Christian Depken (le remplaçant de l’ex-Antischism Scott Cooper s’en donne à cœur joie sur la tribale « Land Scape »). Le changement le plus probant est le chant de Victoria Scalisi, les grognements déprimés s’atténuant au profit de backing vocals, cris étranglés voire chant clair dérangé (« Wordless », et ça part en vrille complète sur « Hide And Seek » !). La demoiselle en met une nouvelle fois partout, souvent avec justesse et un pic d’intensité sur le titre-éponyme, impressionnant de douleur évacuée.
Ces structures complexes sont contrebalancées par une capacité à rebondir, les différents membres se répondant parfois les uns aux autres (les relances bien senties de « Land Scape »). En cela, cette rage si agréable n’a pas tout à fait disparu malgré un goût prépondérant pour l’expérimentation, la formation cherchant continuellement à s’extirper du punk pour couvrir d’autres genres. Le plein d’idées en résultant surprend agréablement au départ, cependant le contre-pied pris à un
Rise And Fall filant raide finit par décevoir, ce deuxième jet déviant continuellement au risque d’en oublier l’ambiance terminale attendue. C’est le principal manque de ce
Burning Cold contenant son lot de bons moments bien que l’impression d’écouter a posteriori un sous-Kylesa se fait également sentir. En effet, les compositions éclatées à la limite du progressif renvoient à
To Walk A Middle Course mais, si fraternité il y a, c’est celle de l’ainé esquissant le cadet (« Link » et ses mélodies renvoyant aux essais mieux maitrisés du petit frère dans ce style).
Damad n’a cessé tout au long de son existence d’être entre deux chaises, la violence du punk au service d’une noirceur hantée. Seulement, cette ambivalence remplie de riffs en roue libre (l’à-peine potable « Kick In The South », le jam peu inspiré de « Skintight » ou un « Hide And Seek » pas loin du calage au démarrage) émousse ce qui était auparavant vicieusement versatile, une Victoria Scalisi au top ne cachant pas la maladresse de certains passages. On préférera à ce disque les autres créations du groupe donc, son split avec Meatjack prouvant qu’il avait encore des choses à dire et est peut-être parti trop vite.
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