Les Suisses, neutres? Pas Requiem en tout cas! Depuis 1997, le quatuor se comporte en une véritable machine de guerre qui emporte tout sur son passage. En résulte de très bons albums, notamment
Premier Killing League (2007), qui en font un des groupes de death metal les plus réguliers d'Europe. Malheureusement, Requiem reste cantonné à un rôle de figurant. Il est vrai qu'il a toujours manqué un tout petit truc au combo pour entrer dans la cour des grands. J'avais par exemple trouvé le dernier opus
Infiltrate...Obliterate...Dominate trop mid-tempo malgré une qualité d'ensemble dont peu sont capables. Et la perte du chanteur originel Michi Kuster, transformant Requiem en un trio puisque le bassiste Ralf Winzer Garcia a pris la relève au micro, ne semblait pas pouvoir changer la donne.
C'était sous-estimer la force des Helvètes. Car, non content d'arborer une pochette splendide de Dan Seagrave qui rappelle celle de
Souls To Deny, ce
Within Darkened Disorder se pose en plus en véritable boucherie. À trois, Requiem fait plus de bruit qu'à quatre, faisant du nouvel opus non seulement son meilleur album mais aussi son œuvre la plus brutale. Moi qui trouvais
Infiltrate...Obliterate...Dominate parfois mou du genou, me voilà servi! Ici c'est blast-beats sur blast-beats avec un Reto Crola qui n'avait jamais sonné aussi énervé, bien épaulé par la production sèche et puissante d'Andy Classen. Quant à Garcia et son nouveau poste de chanteur, le chauve s'en sort lui aussi très bien, en adoptant un growl intelligible assez semblable à son prédécesseur, en plus virulent et haineux (rha le refrain de "Echoes Of War"!), tout en diversifiant de temps en temps ses intonations par quelques shrieks. On entend même bien sa basse, toujours une bonne chose même si celle-ci ne fait rien d'extraordinaire.
Une brutalité décuplée, que du bonheur. L'absence de Kuster vite oubliée, parfait. Mais il y a un autre domaine dans lequel Requiem s'est toujours montré à son avantage. Le riffing. Et là messieurs dames, je peux vous dire que le groupe a mis le paquet. Ceux que je considère comme les Malevolent Creation européens ont très bien compris qu'il ne servait à rien de blaster à tout va s'il n'y avait pas derrière des riffs suffisamment travaillés pour marquer l'auditeur sur la durée. Philipp Klauser se livre alors à un festival orgasmique en posant des tremolos sombres, mélodiques et mémorables dans tous les coins. Difficile d'en sélectionner quelques uns tant la majorité se révèle jubilatoire mais essayez déjà "I Am Legion" à 1'30, "Purified In Flames" à 1'41, "Omnivore" à 0'57 (prévoyez le caleçon de rechange là tellement c'est bon!), "The Plague Without A Face" à 1'57, "Symbol Of Nine" à 1'56, "Feed The Greed" à 2'22 ou encore "Within Darkened Disorder" vers 2'08, vous m'en direz des nouvelles! Si c'est pas la grande classe toutes ces putain de bonnes mélodies et ces putain de bons riffs qui restent en tête! Que ça blaste (dès le début sur "Symbol Of Nine, qu'est-ce que j'adore ça, l'évolution géniale du riff principal de "Feed The Greed" de 0'14 à 0'40, etc.) ou non d'ailleurs.
Parce que oui, ça blaste souvent, très souvent même, mais pas que. Vous savez quelle rythmique autre que le blast me fait chavirer? Le skunk beat thrash (tchouka-tchouka pour les intimes). Et Requiem aime en sortir entre deux salves de blasts, histoire de varier un peu tout en envoyant toujours le bois. Le trio s'accorde toutefois une petite pause après une longue période de blasts par le biais de mid-tempos plus posés, pour repartir de plus belle quelques secondes plus tard. Pas un problème vu que l'inspiration est toujours là. Ces légères variations permettent en plus d'éviter l'indigestion. Sur trois quarts d'heure, c'eût été fâcheux!
Mais ces 45 minutes, du coup, on ne les sent pas passer. Pourtant, Requiem ne s'embarrasse pas de leads, de solos ou de séquences plus ambiancées. Non, Requiem bourre quasiment tout du long. Mais la qualité exceptionnelle de ses riffs et de ses mélodies suffisent à faire de
Within Darkened Disorder à la fois un grand album et un monument d'efficacité. On surprendra même le combo à groover (méchamment bien sûr) sur le début de "Solemn Sacrifice" qui, avec le chant vindicatif, fait carrément penser à du Napalm Death! Que demander de plus? Il y a bien 2-3 morceaux un peu moins prenants comme "Vicious Deception" ou "Within Darkened Disorder" mais c'est vraiment pour chipoter. Ce
Within Darkened Disorder est une tuerie intégrale, sans problème l'une des meilleures sorties death metal de 2011, qui, on l'espère, offrira enfin à Requiem non pas le succès, notion très relative dans le monde fermé du DM, mais au moins la reconnaissance qu'il mérite.
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