Creeping Fear - Hategod Triumph
Chronique
Creeping Fear Hategod Triumph
Parmi toute la nouvelle vague du Death hexagonal qui a vu le jour ces dernières années le projet mené par Clément Ducouret est incontestablement un des plus intéressants, tout en prenant à chaque fois son temps pour peaufiner au maximum ses différentes compositions. Ayant fêté en 2020 sa première décennie d’existence le quatuor se savait particulièrement attendu après un
« Onward To Apocalypse » du plus bel effet et dont le successeur aura mis quatre années à voir le jour, afin de ne pas décevoir son auditoire. C’est peu de dire en effet qu’on attendait de voir ce qu’allait donner ce second chapitre, surtout avec la moitié des membres renouvelée vu que depuis un peu plus d’un an un nouveau bassiste et batteur ont pris part à l’aventure, même si le frontman reste la tête pensante et le compositeur principal. Du coup on n’avait pas de craintes légitimes quant à la qualité de ce long-format et le moins que l’on puisse dire c’est qu’effectivement on n’est aucunement déçu tant le groupe continue sa progression qualitative, et signe une réalisation impeccable et sans compromis.
Car si ce premier volet plaçait déjà la barre très haut son successeur se montre clairement au-dessus, que ce soit au sein de l’écriture, de la violence et de l’intensité qui à l’instar de son prédécesseur ne faiblissent à aucun moment. Si la paire de guitaristes a densifié son jeu et se montre toujours aussi précise et agressive dans ses riffs autant que fluides sur ses solos, il faut également souligner l’apport du nouveau venu derrière le kit qui fait preuve d’une endurance implacable et surtout d’un jeu bien plus varié et technique, pour un rendu général qui sent bon les ténors d’outre-Atlantique. Il est évident que sans les copier la bande s’est largement inspirée des HATE ETERNAL, IMMOLATION ou encore CANNIBAL CORPSE, et cela va s’entendre d’entrée via l’excellentissime « Collapse » qui va donner le ton de ce que sera cette galette sur la longueur, en montrant une facette plus sombre et inquiétante. Car jouant sur le grand-écart cette plage d’ouverture va enchaîner entre blasts ravageurs et passages plus lents et écrasants (où le tapis de double est de sortie), tout ça sans compter les cassures rythmiques courtes et efficaces et surtout une fluidité de tous les instants du fait d’une technique qui n’est jamais surabondante. Froide et obscure cette plage montre un combo au top de sa forme tant ça part dans tous les sens tout en restant cohérent (le reste de cette livraison sera d’ailleurs du même acabit), tant l’homogénéité va être de mise tout comme cette alternance régulière entre plans pachydermiques et déchaînement de haute vitesse. Cela se retrouve dans la foulée via le redoutable « Hate Crush Consume » où le tabassage va s’imposer sur toute la première moitié, avant de laisser place à un plan plus rampant et massif sur la seconde particulièrement propice au headbanging et à l’obscurité totale. Ce point va être lui-aussi présent régulièrement sans pour autant créer un sentiment d’opacité impénétrable, preuve de cela avec le furibard « Deceitful Tongues » porté par une lourdeur implacable (où les excès de vitesse ne sont cependant jamais bien loin), mais d’où émerge un soupçon de mélodie via un lead travaillé dont le style n’est pas sans rappeler celui de Pat O’Brien.
Sans jamais abuser de la durée générale ces moments massifs et brise-nuques vont encore trouver parfaitement leur place sur l’inquiétant « Hategod Triumph » (qui s’ouvre sur des bruits de cloches et qui sent la mort par tous les pores), qui donne l’impression de marcher au pas dans cette nuit totale, à l’instar de « Summoned In Hellfire’s Bloode » où la technicité monte encore d’un cran tout comme les breaks. Oppressant et dérangeant on y entend quelques relents de Ross Dolan et ses sbires quand les explosions ne sont pas encore arrivées, celles-ci retrouvant la lumière et une mise en avant sur les équilibrés et très bons « Wearing The Skin Of The Wicked », « We Belong To The Crypts » et surtout le monstrueux « From Wombs To Battlefield », qui mélange à merveille tout ce que les gars savent faire de mieux, via des variations nombreuses et parfaites pour briser les nuques les plus récalcitrantes.
Avec ses compositions taillées pour la scène (elles vont faire mouche à coup sûr) et sa production chaude, équilibrée et dénuée de tous excès modernes (mais qui rend grâce à leur férocité), les Franciliens signent probablement un des disques Death français de cette année. Sans trop s’avancer et malgré qu’on ne soit qu’en mars il y’a tout à parier qu’il figurera en bonne place dans les bilans annuels, tant il écrase tout sur son passage et fait preuve d’une énergie impressionnante et communicative, qui plaira au plus grand nombre. Passé désormais du statut d’espoir à celui d’incontournable dans le genre en France CREEPING FEAR ne laisse aucun survivant après son passage tant il est destructeur en studio comme en live, jouant sa musique sans chichis ni fioritures, et cela lui sied parfaitement. Continuant ainsi son parcours sans-faute entamé depuis ses débuts en 2010 son talent n’a depuis cessé de s’affirmer et de s’affiner au fur et à mesure du temps et des réalisations sous les différents formats, la marque des grands assurément… chose qu’il est devenu aujourd’hui.
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