Battle Of Britain Memorial - The Aftermath Of Your Bright Beings
Chronique
Battle Of Britain Memorial The Aftermath Of Your Bright Beings
A première vue, ce disque n’est rien d'autre qu’un anachronisme tel qu’on en rencontre parfois. En effet, demander si du screamo/post joué façon milieu des années deux-mille intéresse encore du monde aujourd’hui n’est qu'une question rhétorique car, si ce style a eu ses belles heures, tout semble avoir été dit à son sujet par Envy, Mihai Edrisch ou Daïtro. Avec son ambiance cinématographique et des paroles narrant une nouvelle fois la chute de l’Homme, Battle Of Britain Memorial n’a-t-il pas poussé trop loin ces rappels à l’après-guerre ?
Peut-être, mais il a plus à exprimer qu’une simple nostalgie de nos années d'ados à écouter L’Amour, La Mort et L’Enfance Perdue. Rien que sa situation géographique devrait te mettre la puce à l’oreille : Batte Of Britain Memorial vient de Toulouse, ville d’où proviennent I Pilot Daemon, Plebeian Grandstand et Selenites, des formations qui, sans révolutionner quoi que ce soit, possèdent des atouts suffisamment développés pour convaincre. Les Toulousains qui nous intéressent ici n’infirment pas cette règle, préférant aux clichés le poison distillé par les arpèges ainsi qu’un batteur donnant des coups tristes à un instrument mort depuis longtemps (« Welcome To Rapture » et « Metaphysics Of The Lighthouse » par exemple, dont les riffs introductifs sont raides comme du AmenRa juvénile). A la croisée d’un post-rock sombre parsemé de samples, post-hardcore veine Cult Of Luna et screamo à la française, les six titres constituant The Aftermath Of Your Bright Beings prennent le parti de faire durer leurs montées sans tomber dans l’explosion tue-l’amour, s’appliquant à écorcher d’arrangements faussement tranquilles des compositions aux formes classiques sans être ennuyeuses.
Par sa courte durée, The Aftermath Of Your Bright Beings peut être vu comme un gros EP d'un jeune groupe pressé d'arriver sur le marché ; il marque cependant d’emblée par un chant particulièrement prenant. Ce dernier est d’ailleurs ce qui m’a décidé à parler de ce premier essai, ce qui l’entoure étant globalement trop timide dans les quelques moments nerveux utilisés ici ou là pour marquer seul (« The Fall » et Midnight Blue », où les guitares s’arrêtent à quelques lignes en changeant uniquement de volume). Ses cris malades ou envolées entre l’élevé titubant et l’onirique à la manière de ce qu’a pu nous offrir Michael Schindl (Impure Wilhelmina) sont balancés sans barrage, avec une persuasion permettant d’oublier un concept rabattu (des textes dans la pure tradition et bien écrits, mais j’ai passé l’âge…) et porteuse d’une rage transformant des passages flirtant avec le mièvre en délicates tortures. Un brailleur tellement emporté qu’il nous emmène avec !
Bien que s’essoufflant à sa toute fin par un excès de répétitions de sa formule, The Aftermath Of Your Bright Beings est de ces œuvres auxquelles il manque beaucoup, sauf l’essentiel. De plus, Battle Of Britain Memorial a mis en téléchargement à prix libre son bébé et, des fois que tu aimes quand les choses deviennent physiques, un (joli) digipack est prêt à visiter ta boite aux lettres pour cinq euros. C’est peu pour soutenir un groupe qui ravive un instant ce qui a plu dans ce genre : sa sincérité dans l’effeuillage de sa douleur, couche après couche.
| lkea 20 Décembre 2011 - 1509 lectures |
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