Dehuman - Black Throne Of All Creation
Chronique
Dehuman Black Throne Of All Creation
Malgré une formation en 2006, ce n'est que cette année que Dehuman sort son premier full-length, Black Throne Of All Creation, sur le label nordiste Kaotoxin Records qui vient d'ailleurs de signer Ad Patres. Seul une démo quatre titres en 2007 accompagne ce premier album dans la maigre discographie des Belges. Comme chacun le sait toutefois, ce n'est pas la quantité qui compte mais la qualité. Et sans impressionner véritablement, Dehuman fait montre ici d'un potentiel prometteur.
Le logo et la pochette ne trompent personne, les Bruxellois font du death metal. Première chose intéressante, si on sent bien les influences du quatuor, il s'arrange pour avoir une touche relativement personnelle. Dehuman s'inspire en fait à la fois de la vielle et de la nouvelle école. En ce qui concerne le côté old-school, le chant arraché du bassiste Andrea Vissol, un des points forts du groupe, me fait penser à Max Otero de Mercyless. Des vocaux râpeux et agressifs qu'on retrouvait aussi chez Chuck Schuldiner et Martin Van Drunen et dans pas mal de groupes de la fin des années 1980 et du début des années 1990. Autre indice d'influences à l'ancienne, pas mal de riffs assez lourds et gras renvoient à Suffocation (logique avec un membre noir dreadlocké j'ai envie de dire!) comme sur "Monstrosity In The Hands Of God" à 3'12, "Eyes Of A Thousand" à 1'52, le début de "Spiral Of Loss" avec un très bon riff en tremolo par-dessus, "Black Mamba" vers 1'15 ou la première minute de "Path To Oblivion". Mais Dehuman n'est pas un énième groupe de brutal death. S'il blaste bien de temps en temps sur presque chacun des neuf titres de la galette, une grande partie de sa musique se veut davantage mélodique voire progressive, rappelant plus le Death du milieu des années 1990. Le combo fait ainsi preuve d'un bon sens de la mélodie que l'on retrouve dans des riffs souvent travaillés ou des leads/solos plutôt bien branlés ("Apocalypse And Perdition" à 3'32, "Spiral Of Loss" à 4'12, "Down With The World" à 3'30). On a même le droit à des petits sweeps mélodieux à partir de 0'35 sur "Black Mamba". Un bon feeling mélodique couplé à un sens aigu de la composition. La formation arrive à suffisamment varier son jeu pour que chaque morceau ait son identité propre, ce dont beaucoup de groupes de death, même confirmés, n'ont que faire. Toutes les rythmiques sont ainsi passées en revue, du blast au semi-blast en passant par le tchouka-tchouka thrash, le mid-tempo ou des breaks plus calmes et posés et Dehuman prend bien soin de varier également ses riffs et de poser à chaque fois une ambiance. "Apocalypse And Perdition" à 0'57 et l'intro de "Spiral Of Loss" apportent une touche épique légèrement blackisante par exemple. Un peu comme sur l'ouverture de "Path To Oblivion" aussi, avant qu'un riff à la mélodie orientalisante dans la veine de Behemoth vienne changer la donne. Ça, c'est une bonne chose et on sent que le groupe a travaillé. Sur un plan personnel toutefois, j'aurais préféré que les Belges élèvent leur vitesse de jeu et blastent davantage. Parce que quand ça blaste, c'est vraiment bon, surtout avec un son de batterie naturel et une caisse claire qui claque bien ("Apocalypse And Perdition" et "Down With The World" en ligne de mire). Là, le death de Dehuman se fait souvent trop mou malgré la diversité du jeu et les bonnes trouvailles mélodiques.
Mais ce n'est pas cet aspect qui me chagrine le plus. Comme je l'ai indiqué, Black Throne Of All Creation pioche à la fois dans le old et le new-school. Si son côté à l'ancienne me convient, il n'en va pas de même pour sa facette moderne, la moins convaincante sauf si vous êtes un grand défenseur du modern death contrairement à moi. Là, c'est plutôt syncopes et saccades sur riffs basiques en power chords purement rythmiques. "Monstrosity In The Hands Of God" à 0'32 sur des spoken worlds quelque peu déplacés (heureusement que quelques rafales de blasts viennent s'intercaler), "Eyes Of A Thousand" à partir de 1'06, "Down With The World" à 2'47 (les vocaux énervés limite hardcore qui suivent font mieux passer la pilule par chance), "Harvest The Sun" à 3'06, "Black Mamba" à 2'17, "Path To Oblivion" à 1'30: il y en a un peu partout et ces séquences inutiles (qui passeront sans doute mieux en live pour leur côté efficace et primaire) viennent souvent gâcher la fête. C'est par contre un peu mieux sur "Cast Of Assassination" et son break à la basse bien groovy.
Cette nécessité typique du modern death de syncoper les rythmiques m'échappe. Pire, elle m'irrite. Je n'avais pas cette réticence systématique il y a quelques années mais maintenant, je ne peux plus. Sans doute ai-je succombé au syndrome von_yaourt! Heureusement, ces passages restent minoritaires et Dehuman prouve régulièrement sur ce Black Throne Of All Creation de bonne facture qu'il vaut bien mieux que ça. Malgré son aspect par moment trop moderne pour moi et le manque de brutalité parfois, les Bruxellois ont réussi à me convaincre de leur potentiel. Ce, grâce à un sens intéressant de la mélodie, des riffs travaillés, une bonne diversité de jeu, des influences old-school qui me parlent (du gras à la Suffocation, une voix rageuse à la Mercyless) et une production puissante mais pas trop synthétique, avec notamment un son de batterie au rendu exemplaire, surtout pendant les blasts. Dehuman est clairement un groupe à surveiller, de très près même si le côté death moderne ne vous pose pas de soucis. Moi, je leur demanderais d'oublier les saccades bateaux et de revoir à la hausse la vitesse et la brutalité pour un prochain album. Là, ce sera parfait!
| Keyser 1 Juillet 2012 - 1750 lectures |
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