Comme je le dis souvent, l'Australie, c'est la vie! Ou plutôt la mort. Et s'il y a un groupe "from down under" qui m'a particulièrement impressionné ces dernières années, c'est bien Infinitum. Assez pour lui consacrer ma 600ème chronique à l'occasion de la sortie, officiellement chez Obsidian Records même si mon exemplaire est auto-produit, de son deuxième album
The Sixth Extinction qui fait suite au monstrueux
Behold Eradication (2008). Autant dire que j'attendais cet opus avec impatience mais que la barre était placée très haut. En éternel pessimiste, je me voyais déjà déçu, 2012 ayant en plus engendré pas mal de déceptions.
Finalement, pas de pleurs à chaudes larmes ni de cris de souffrance. Juste la joie de retrouver l'un des meilleurs groupes de brutal death du circuit. Car si
The Sixth Extinction est peut-être légèrement en-deçà de
Behold Eradication, il serait très sévère de parler de déconvenue tant Infinitum nous prouve avec ce deuxième opus qu'il surnage dans une scène de plus en plus sclérosée. Pas très grave donc si les mélodies sont un peu moins mémorables que sur le chapitre précédent, que le nouveau chanteur Andy Annand se fasse moins guttural que Damian Ferrari ou que la pochette soit excessivement laide.
The Sixth Extinction bute, point barre!
Excepté au niveau du line-up avec ce changement de frontman et l'arrivée d'un vrai batteur (Dan Nahum) remplaçant la boîte à rythmes de
Behold Eradication,
The Sixth Extinction ne marque pas une évolution importante chez Infinitum dont on reconnaît dès l'excellente intro de "From The Cradle To A Plague" le style qui a fait le succès du premier full-length.
The Sixth Extinction se fait simplement plus direct, plus brutal et moins technique. Infinitum reste donc une version mélodique de Suffocation, combinant avec brio les riffs gras et huileux des New-Yorkais à un sens de la mélodie plus européen et naviguant entre séquences rapides blastées, mid-tempos lipidiques, breaks plus posés et parties thrashies. Du classique en somme, sauf que ce qui fait la différence avec tous les autres (et ça vaut pour n'importe quel genre), c'est la qualité des riffs. Et là mes amis on est vraiment dans le haut du panier. Pourquoi? Parce que Infinitum, contrairement à la majorité des groupes de brutal death d'aujourd'hui, accorde une place prépondérante à la mélodie, rendant les riffs et les morceaux mémorisables voire mémorables si vous adhérez. Ce que vous ferez immanquablement si vous avez un tant soit peu de bon goût. Comment tourner le dos à cette démonstration de tremolos mélodiques divins tantôt sombres tantôt plus lumineux, mêlés au gras savoureux du brutal death US? Difficile pour ne pas dire impossible. Les Australiens ajoutent à cette mixture délicieuse quelques solos eux aussi excellents ("From The Cradle To A Plague" à 5'12, ça sweepe sur "Vexing The Progenitor" à 2'33, "Upheaval Of The Elements" à 3'27, "To His Undoing" à 4'00) qu'on aurait toutefois aimés plus nombreux, un peu d'arpèges (ouverture de "From The Cradle To A Plague") et d'acoustique ("To His Undoing") ainsi que deux-trois riffs aux touches black metal ("Vexing The Progenitor" à 0'42, début de "The Great Dying", "Regurgitating The Core" à 0'30) pour aller avec les shrieks qu'Andy Annand nous sort parfois histoire de diversifier son registre. Cerise sur le gâteau, le tout se trouve bien mis en valeur par une production parfaite faisant la part belle aux guitares (quel son!).
Quatre ans après un
Behold Eradication qui marquait l'entrée fracassante de Infinitum sur la scène brutal death, le quintette de Canberra confirme son potentiel avec un
The Sixth Extinction un peu moins indispensable (plus d'effet de surprise, titres moins tubesques) mais tout de même excellent. Sorte de Suffocation mélodique, Infinitum fait montre une nouvelle fois d'un talent rare en matière de riffs qui les propulse très au-dessus de la masse et fait de
The Sixth Extinction, œuvre parfaitement exécutée par des musiciens à l'aisance technique et au sens de la composition indiscutables, une des meilleures sorties death de l'année. Et peut-être bien l'album qui fera enfin connaître cette formation obscure et pourtant tellement plus intéressante que la plupart des grosses cylindrées.
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