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Beheaded - Never To Dawn

Chronique

Beheaded Never To Dawn
Ironiquement, Beheaded a bien failli perdre la tête. Mais Beheaded est toujours là. Il aura juste fallu attendre sept ans et demi pour entendre enfin la suite de Ominous Bloodline. Entre-temps, les Maltais ont perdu un de leurs guitaristes, Chris Mintoff, remplacé par Robert Agius, et surtout leur chanteur Melchior Borg. C'est Frank Calleja de Slit (groupe de power/thrash dont fait également partie le principal compositeur Omar Grech) qui prend sa place. Deux changements importants qui présageaient d'un visage différent pour Beheaded, même si Omar Grech garde la main mise sur l'écriture. La sortie de Never To Dawn le mois dernier sur Unique Leader l'a confirmé. Oui, Beheaded a quelque peu changé. Mais surtout, Beheaded n'a jamais aussi bien sonné que sur ce quatrième full-length.

La pochette n'y est pour rien mais je dois dire qu'en la voyant, j'ai eu tout de suite envie d'aimer ce Never To Dawn! Les serpents de mer géants qui surgissent de l'océan sans prévenir et détruisent tout sur leur passage, moi, je ne peux pas résister! Artwork de l'année! Et vu que je suis encore tout excité même après plus d'une vingtaine d'écoutes, j'annonce aussi que Never To Dawn va tout droit dans mon top 3 des albums de brutal death pour cette année, à côté du Incurso de Spawn Of Possession dans un genre plus technique et du Embodiment Of Death de Gorephilia dans un genre plus dark/evil. Beheaded a toujours été un bon groupe de brutal death, enchaînant trois opus de qualité entre 1998 et 2005, mais jamais je ne pensais voir le combo à ce niveau. Surtout pas après sept ans d'attente bien souvent synonyme de déception en tout cas! Mais pour une fois, ce long laps de temps a permis à la formation de mûrir, d'évoluer, de peaufiner son jeu et de livrer une œuvre différente du reste de sa discographie mais supérieure en tout point à n'importe quelle autre de ses sorties. Qu'est-ce qui a changé alors? Les fans de pur brutal death à l'américaine vont être déçus (et ils le sont déjà, la bête étant loin de faire l'unanimité sur les forums que je fréquente), Beheaded ne sonne plus tout à fait comme avant, soit un disciple talentueux de Suffocation, Deeds Of Flesh ou Dying Fetus. Si les Maltais font toujours du brutal death, leur style se fait désormais plus lisible, plus mélodique et plus noir, tout en restant intense et bourrin. Il reste même encore quelques traces de groove entre deux tranches de blasts.

Commençons par les guitares, car c'est là l'évolution la plus intéressante, celle qui fait de Never To Dawn une grosse tuerie. On a toujours le droit à tout un tas de changements de rythme dans des morceaux globalement rapides et le côté chaotique/intense de la formation est préservé. Je dirais même que ce nouvel album l'est encore plus que par le passé, notamment grâce à la meilleure production dont ait jamais bénéficié le groupe, puissante, claire et naturelle. La batterie de Chris Brincat, qui signe ici sa meilleure performance, lui qui enchaîne blast-beats, envolées thrashy, rafales de double et plans plus mid-tempo à une vitesse et une aisance remarquables, a d'autant plus d'impact. Ce ne sont toutefois pas les dynamiques qui changent la donne mais bien les riffs. Et là ma bonne dame, c'est l'orgie sonore. Les bons riffs s'enchaînent de façon cohérente et chaque morceau possède son riff ultime, souvent un tremolo mélodique jouissif qui rend la composition encore plus prenante. "Elapsed In The Vortex Of Extinction" à 1'41, "Lament Of A Sordid God" à 1'57 et "Perished Into Inexistence" à 1'21 (les ténèbres nous envahissent!), "Where Hours Etch Their Name" à 1'43, "Never To Dawn" à 0'32 et 0'51 (mon Satan, quel morceau!), les débuts de "Dead Silence" et "Descent Into Sanguinary Seas", "Towards An Abducted Sun" à 1'11 et l'énorme piste finale "The Ancient Acumen" à 3'53 et sur les trois dernières minutes épiques as fuck où Beheaded aligne les riffs impeccables, les solos de grande classe (peu nombreux sur l'opus mais toujours très appréciables) et fait même du contrepoint. Quand je vous dis que tous les titres ont de quoi rassasier le plus blasé des fans de brutal death!

L'autre changement, le plus important, c'est bien évidemment le chant. Celui qui fait le plus polémique d'ailleurs. Le timbre de Frank Calleja est en effet beaucoup moins guttural que celui de ses prédécesseurs, pour aller avec la musique moins typée brutal death US. Il me fait penser à David Vincent sur le dernier Morbid Angel. Pas la comparaison la plus flatteuse qui soit mais le chant du nouveau frontman colle très bien à l'évolution des Maltais. Je dirais même qu'il s'agit là du meilleur chanteur qu'ait connu la formation, que ce soit en terme de puissance, de dynamisme, de débit, de conviction et même de mélodie. Ça change des chanteurs aux growls ultra gutturaux aussi incompréhensibles que linéaires, le bonhomme apportant même une certaine forme de personnalité tout en accentuant le côté intense de la musique. Pour moi, le choix de Calleja à ce poste était donc judicieux, n'en déplaise aux grincheux.

Tout comme l'évolution du groupe. Après plus de sept ans, je crois que j'aurais été déçu si Beheaded avait sorti un Ominous Bloodline ou un Recounts Of Disembodiment bis. Alors pour une fois qu'un groupe de brutal death surprend en bien, je ne vais pas me plaindre! De toute façon, j'ai bien du mal à trouver des défauts à Never To Dawn. Quelques riffs génériques (comme la fin mid-tempo assez chiante de "Where Hours Etch Their Name"), quelques plans modernes saccadés qui passent un peu moins bien, c'est à peu près tout. Le reste, ce n'est que du bonheur! J'ai rarement entendu pareille qualité de riffs chez un groupe de brutal death, qui plus est quand celui-ci choisit une voie plus moderne. Never To Dawn, c'est un peu l'album qu'aurait rêvé de sortir Cryptopsy si les Québécois n'étaient pas encore empêtrés dans le deathcore. Bravo donc à Beheaded pour avoir su se renouveler et nous sortir l'un des meilleurs opus de brutal death cette année. En espérant que la tournée européenne avec les vétérans du NYDM Pyrexia et la révélation Unfathomable Ruination passe bien à Paris en mars!

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Beheaded
Brutal Death
2012 - Unique Leader Records
notes
Chroniqueur : 8.5/10
Lecteurs : (9)  7.89/10
Webzines : (5)  7.89/10

plus d'infos sur
Beheaded
Beheaded
Brutal Death - 1991 - Malte
  

tracklist
01.   Elapsed In The Vortex Of Extinction
02.   Lament Of A Sordid God
03.   Where Hours Etch Their Name
04.   Perished Into Inexistence
05.   Never To Dawn
06.   Dead Silence
07.   Towards An Abducted Sun
08.   Descent Into Sanguinary Seas
09.   The Ancient Acumen

Durée : 43'56

line up
parution
6 Novembre 2012

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