Tombthroat - Eden Apocalypse
Chronique
Tombthroat Eden Apocalypse
Je ne sais pas trop pourquoi mais j’avais jusqu’ici un peu boudé cet album de Tombthroat. Sorti en milieu d’année, les quelques extraits ayant filtré sur le web ne m’avaient pas spécialement fait mouiller le caleçon. Mais en bon professionnel que je suis je décidai quand même d’acquérir la bête afin d’approfondir le sujet et de vérifier si les quelques chroniques plutôt élogieuses lues çà et là avaient vu juste ou bien si leurs auteurs étaient aussi à l’ouest que ceux qui ont vu en Omar Sy le meilleur acteur français cette année. Et je dois avouer que mes dernières écoutes ont définitivement fait pencher la balance en faveur de la première proposition (ce qui ne veut pas pour autant dire qu’Omar Sy est un bon acteur, pas de sophisme s’il vous plaît). Alors approfondissons donc un poil plus la bête.
Je dois dire que je fus tout d’abord étonné de constater que les Teutons affichaient douze ans d’existence et qu’ « Eden Apocalypse » et sa pochette signée Marco Hasmann était déjà leur quatrième album (leur discographie comptant également une démo et deux EPs) car je n’avais pour ma part jamais entendu parler d’eux jusqu’ici ni en ces pages ni ailleurs, il faut donc croire que je ne suis pas le seul. Il faut bien dire aussi que le combo navigue dans un style assez surchargé car les sorties brutal death se succèdent aussi rapidement que les bourdes de nos politiques et faire le tri parmi toutes ces offrandes demande un maximum de temps. « Eden Apocalypse » est donc un gros déluge de brutal death au final assez varié et plus intéressant qu’il ne m’était apparu au premier abord. Précisons d’entrée de jeu que le terme ‘’brutal’’ n’est absolument pas usurpé tant Tombthroat envoie la purée à coup de gros blasts la plupart du temps et même si les variations rythmiques ne sont pas rares c’est principalement à une batterie marteau piqueur que l’on aura droit. De la même manière ne cherchez aucune subtilité dans les vocaux de Ralf Keitel tout ici n’est que growl, growl et encore growl, tout juste le bonhomme se permet-il quelques petits pig squeals à l’occasion. Mais si personne ne démérite derrière les fûts ou au micro c’est essentiellement grâce à ses riffs que le quintette réussit à sortir son épingle du jeu. La paire Köppler/Hildenbrand nous sert en effet des riffs assez typés brutal death US (avec quelques harmoniques, assez peu heureusement), clairs et facilement mémorisables et assez régulièrement agrémentés d’influences autres : que ce soit thrash (on sent sur le titre éponyme à 30’’ qu’ils ont été bercés au grand Sepultura période « Beneath The Remains »/ »Arise », de même sur « On The Gallows ») ou même plus sombre (ne seraient-ce pas des traces d’Incantation à 27’’ sur « Psychological Disharmonism » ?). Et si je vous disais plus haut que les cinq de Ludwigshafen vous assomment la plupart du temps à grand renfort de blasts, ils n’hésitent pas (et ils ont bien raison) à éclaircir le tableau grâce à moult breaks plus lents (« Condemned At Procreation » à 32’’) voire carrément de très courts passages slammisant (« I, Supremacy » à 1’18, 1’31 puis 2’52) ou mid-tempo (« A-Dominion ») et même à la limite du d-beat (« Psychological Disharmonism » à 1’14) ! La cerise sur le gâteau étant ces trois soli signés Mr Dave Suzuki qui, même si on l’a déjà vu bien plus impressionnant chez Vital Remains, vient apporter une touche de fraicheur à des compos déjà bien chiadées. A noter les deux guests, plus anecdotiques, venant épauler le frontman que sont Daniel Baeriswyl (Amagortis) et Mario Petrovic (Deadborn).
Le tableau pourrait sembler presque idyllique si deux ou trois petits grains de sable ne venaient atténuer l’impact d’un « Eden Apocalypse » sinon exemplaire. Hormis l’aspect redondant de l’ensemble (point sur lequel les Allemands s’en sortent toutefois nettement mieux que certains) et un ou deux titres en dessous du reste (« Of the Goat And The Lamb »), c’est tout d’abord la batterie dont les blasts manquent un chouïa de vélocité qui apportera un premier petit bémol, suivi d’une petite réserve sur la performance vocale de Keitel dont le growl sonne parfois trop rauque à mon goût et manque comme souvent de modulation. Mis à part cela et auréolé d’une production qui aurait pu gagner en densité mais qui fait parfaitement ressortir par sa clarté chaque instrument (notamment une basse généreuse) les fans de brutal death devraient se délecter de ce « Eden Apocalypse » dont la qualité du riffing et les quelques relents slam (minimes ici je le répète) m’évoque par moments l’excellent « Ingesting Putridity » de Visceral Disgorge. Un opus que quelques défauts priveront d’une place parmi les albums de l’année mais ne lui sucreront pas sa place au sein des bonnes surprises de 2012.
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