Sur ce coup, Dave Rotten nous a fait une Yosuke (NWN! Prod). Sorti à la mi-2012 en vinyle, ce deuxième album de Putrevore ne s'est vu offrir une version CD sur Xtreem Music qu'en fin d'année dernière. Pas cool pour les non propriétaires de platines comme moi. D'autant que, sans attendre non plus
Macabre Kingdom comme le messie, j'étais curieux d'entendre la suite du très sympathique
Morphed From Deadbreath, hommage convaincant et passionné au death metal américain gras du bide des années 1990 (l'influence de Rottrevore jusque dans le nom et le logo) et à celui plus sombre et atmosphérique de la vieille scène finlandaise. La pochette ragoûtante de l'éminent Juanjo Castellano (Nominon, Paganizer, Demoncy, Anal Vomit, Hacavitz, Vomitory, Revel In Flesh, Ribspreader...) m'avait aussi mis l'eau à la bouche.
Petit changement du côté de la batterie puisque Putrevore a fait appel à un nouveau musicien de session en la personne du Norvégien Brynjar Helgetun qui officie également dans des formations telles que Those Who Bring The Torture, Ribspreader, Megascavenger, Paganizer ou encore Crypticus. Pas très étonnant, dès lors, de le voir tâter du fut ici. Car on le rappelle, Putrevore est l'association de deux musiciens importants de la scène death metal européenne: le très occupé Suédois Rogga Johansson et le patron de Xtreem Music et membre d'Avulsed et Christ Denied, Dave Rotten, de son vrai nom David Sánchez González. Johansson compose toute la musique et écrit toutes les paroles sous la tutelle d'un Rotten désireux de faire de Putrevore plus qu'un simple side-project.
C'est qu'ils sont bien remontés les zigotos sur ce
Macabre Kingdom dont la première écoute m'a carrément surpris. Pas que le combo hispano-suédois a changé du tout au tout, on reste dans un death old-school putride et disgracieux à la production massive enrichie en lipides (5 kilos de pris par écoute minimum), mais il a bouffé du lion. Triple portion de brutalité pour tout le monde! J'ai presque envie de dire que si
Morphed From Deadbreath, malgré quelques accélérations blastées, faisaient dans le zombie en état de décomposition avancée,
Macabre Kingdom, lui, se transforme en infecté obèse enragé. Tout en restant old-school to the bone (faut pas déconner non plus!),
Macabre Kingdom se fait ainsi beaucoup plus rapide et brutal que son grand frère. Bien sûr, pas de blast-beats à 280 BPM mais ça cogne quand même sévèrement! Les quatre premiers titres, en particulier le double morceau vindicatif "The Mysteries Of The Worm", commencent d'ailleurs pied au plancher avant que "Awaiting Awakening Again" laisse davantage de place au mid-tempo. "The Morbid Mass Of Swarming Entities" reviendra vite remettre les choses au clair, suivi par un "The Tentacles Through Time", qui, même ouvert par un riff posé, va s'en donner à cœur joie niveau matraquage, pour finir sur "Tattooed Skin Map" (hommage à Prison Break?) qui ne fait pas non plus dans la dentelle, tout en proposant un excellent riff mid-tempo à la fois pesant et mélodique. Voilà comment se présente
Macabre Kingdom. Beaucoup de séquences rapides qui tabassent avec de la blastouille et des tremolos dark, mélangées à un peu de riffs gras et groovy qui tâchent (énorme "The Morbid Mass Of Swarming Entities" à 1'42!) sur fond de basse vrombissante. Quelques leads mélodiques histoire d'alléger un peu le tout ("The Mysteries Of The Worm Part I" à 0'24, "The Mysteries Of The Worm Part II" à 2'24, la brève intro hypnotique de "Beyond Human Comprehension", aérienne sur "Universal Devourer" à 3'33, mini-solo de Awaiting Awakening Again" à 2'10, "The Morbid Mass Of Swarming Entities" à 2'31), avec même un sample atmosphérique très sympathique sur "The Mysteries Of The Worm Part II". Et puis cette voix. La voix monstrueuse, abyssale, de Dave Rotten qui fait encore forte impression sur
Macabre Kingdom, déjà qu'il atteignait des sommets de gutturalité sur
Morphed From Deadbreath. Le growl ultra grave et profond de l'Espagnol nous rappelle l'époque où Chris Barnes n'était pas encore une épave dreadlockée.
Tout ça a l'air très bien. Ça l'est même souvent. La volonté de se montrer plus bourrin permet de rectifier le côté parfois un peu mou de
Morphed From Deadbreath. Mais cela se fait au détriment de la diversité.
Macabre Kingdom est un album très monolithique, trop monolithique. Les passages brutaux et leurs riffs sombre se ressemblent beaucoup trop, si bien qu'on a l'impression désagréable d'entendre toujours la même chose quand le combo envoie la sauce. C'est bien fait, ça passe tout seul, c'est même assez jouissif, du genre à vous faire arborer un sourire niais, mais c'est vraiment trop répétitif. Le défaut qui nuit le plus à l'opus et m'empêche d'élever la note. Ça et le coup de mou à mi-parcours (la lassitude se fait déjà ressentir) après un enchaînement dévastateur en entrée qui promettait un album terrifiant.
Cela dit, on se fait très bien à ce côté monotone en écoutant la bête avec parcimonie.
Macabre Kingdom reste ainsi un album de death old-school très efficace, brutal, sombre et doté d'un groove bien salissant. Un bon défouloir mono-neuronal comme on aime bien s'en mettre dans les esgourdes de temps en temps. Et pour une fois, Rogga Johansson s'éloigne de ses suédoiseries habituelles pour nous concocter une mixture survitaminée de vieux death ricain (Rottrevore, Incantation) et de DM finlandais à l'ancienne, sous la houlette d'un Dave Rotten impressionnant qui va chercher ses growls au plus profond de ses entrailles. Une sorte de mix de tout ce que Xtreem Music a réédité ces dernières années.
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