Cette expectative insoutenable s’achève… Le voilà enfin, entouré de son aura éblouissante, le septième album de Summoning,
Old Mornings Dawn. Le groupe avait laissé ses adeptes sur le chef d’œuvre
Oath Bound il y a sept ans déjà (mars 2006), lui-même succédant à
Let Mortal Heroes Sing Your Fame cinq années plus tard. Les projets professionnels et personnels ainsi que le manque de motivation (dixit Summoning) des deux musiciens gèleront une nouvelle fois le groupe. Protector composera malgré tout plusieurs morceaux et envisagera de les sortir sur un mini-CD sans la contribution de Silenius. Heureusement cette idée avortera. Il faudra attendre le début de l’année 2012 pour avoir (enfin) des nouvelles du duo autrichien, la composition du successeur à
Oath Bound était déjà bien entamée. L’album sera enregistré à la fin de l’année pour une sortie en ce mois de juin 2013. Fermez les yeux, nouveau voyage vers la Terre du Milieu.
Chaque nouvelle sortie des Autrichiens est un véritable phénomène, leur discographie touchant l’excellence. 20 ans après sa création, Summoning ne change aucunement sa recette unique de black metal atmosphérique lancée depuis
Minas Morgul et reposant sur les œuvres de John Ronald Reuel Tolkien. La découverte d’un album de Summoning requiert du temps, les premières écoutes seront même plutôt sceptiques car
Old Mornings Dawn semble moins accrocheur qu'à l'accoutumé. Les mélodies tapageuses (dès l’ouverture du morceau) se font plus rares (les titres suivant « Old Mornings Dawn »), Summoning les usant dorénavant avec parcimonie. Sauf que le groupe connaît parfaitement son sujet, il proposera ses titres les plus fouillés et réguliers à ce jour. Là où dans le passé, on pouvait ressentir quelques baisses de régime gâchant le périple, les transitions et les contrastes des innombrables arrangements apportés arriveront à capter toute notre attention sur un format de 10 minutes. Les frères d’armes perfectionnistes ont travaillé avec précision la construction de leurs compositions, l’écoute suivante sera plus captivante que la précédente.
Summoning délaisse le son obscur (mais si savoureux) d’
Oath Bound (en parfaite adéquation avec le style proposé), pour une production très claire. Le clavier (parfois « kitsch ») façon musique de jeux vidéo (perles) du milieu des années 90 (Heroes Of Might And Magic, Warcraft, Baldur’s Gate, Diablo, Daggerfall… Quelle époque.), faisant tout le charme des premiers albums (je suis tout autant fan de
Die Verbannten Kinder Evas), laisse désormais place à des nappes plus sobres et mûres (à l’image des musiciens). Comme d’habitude le clavier polyphonique (aux nappes superposées) reste l’instrument principal du groupe mais la guitare (en soutient) n’avait jamais été aussi mise en avant depuis
Minas Morgul. Le mixage (à la balance équilibrée) permettra de se délecter de ces riffs minimalistes à la distorsion maximale (« The White Tower ») ainsi que du travail rythmique toujours aussi impressionnant.
Si les aspects « lumineux » et homériques de
Stronghold et
Let Mortal Heroes Sing Your Fame (retour des « spoken word ») se retrouveront dès le début de l’album (le hit « Flammifer » et le morceau éponyme aux nappes et chœurs guerriers),
Old Mornings Dawn reprendra en partie l’atmosphère mélancolique et mystique laissée sur
Oath Bound. Summoning privilégiera ainsi l’ambiance dégagée (« La Terre du Milieu vue du ciel ») dès les murmures en quénya de l’introduction « Evernight ». Que dire d’un « The White Tower » (un arpège leitmotiv incantatoire pour certainement l’un des meilleurs morceaux de Summoning), de l’enivrant « The Wandering Fire » ou du touchant « Earthshine » (concluant à la manière d’un « Land Of The Dead »). Trait d’union à la nouvelle trilogie cinématographique « The Hobbit »,
Old Mornings Dawn se basera sur « L’Histoire de la Terre du Milieu » de Tolkien (chants et poèmes traduits du haut-elfique à l’anglais) pour ses paroles mais aussi chez d’autres auteurs (les poètes Henry Wadsworth Longfellow et Anne S.Bushby). Des vers transmis par les hurlements typiquement « raw » de Silenius et ceux « enroués » (poignants) de Protector pour une immersion totale. L’escapade nocturne à bord du navire Vingilot (« Flammifer »), les forêts luxuriantes du Royaume des Elfes (la peinture de George Hetzel sied parfaitement), la capitale fortifiée Minas Tirith (« The White Tower »), les montagnes enneigées (le sommet Caradhras) ou encore les soldats tombés sur le champ de bataille (« Earthshine »). Magique.
Sept ans plus tard, le supplice prend fin. Summoning signe encore une fois la BO parfaite sur la thématique du « Seigneur des Anneaux » (après Howard Shore) et plus généralement de l’« heroic fantasy ». Musique de fond pour un épisode de Game Of Thrones ou une partie d’Elder Scrolls (Skyrim), c’est un retour à son imaginaire de l’enfance (comme une envie soudaine de ressortir ses cartes Magic, ses figurines Warhammer ou ses vieux jeux vidéo).
Old Mornings Dawn, synonyme de maturité, est une œuvre variée, à la fois épique, mélancolique et même mystique, d’une richesse exemplaire. Summoning confirme son excellence et la maîtrise de son black metal atmosphérique inimitable où chaque nouvelle écoute rendra l’album encore plus absorbant. Messieurs Gregor et Lederer, par pitié, ne nous faites pas languir sept années de plus pour votre prochain bijou.
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