Mammoth Grinder - Underworlds

Depuis la sortie de Extinction Of Humanity en 2009, j’avoue avoir perdu énormément d’intérêt pour la musique des Américains de Mammoth Grinder. Formé en 2005 à Austin, Texas, le groupe évoluait auparavant dans un registre à mi-chemin entre Crust/Powerviolence et Sludge bien poisseux pour un résultat tout en excès et en urgence (intéressez vous, si ce n’est pas déjà fait, à la compilation No Results + Rage And Ruin qui vaut le détour). Mais avec Extinction Of Humanity, le groupe semblait vouloir emprunter un autre chemin, optant alors pour un chant beaucoup plus pataud et monotone faisant ainsi disparaître tout sentiment d’urgence.

Il faudra attendre 2013 et la sortie de Underworlds pour que se manifeste à nouveau mon intérêt pour Mammoth Grinder. Après plusieurs EPs et un énième changement de label, les Texans signent leur retour sur 20 Buck Spin avec sous le bras un deuxième album qui semble annoncer comme un certain retour aux sources.

Une bonne nouvelle donc pour ceux qui comme moi n’avaient pas forcément été renversé par l’album Extinction Of Humanity. Pourtant à première vue, rien ne différencie Underworlds de son prédécesseur. Que ce soit cet artwork réalisé une fois de plus par Joe Petagno ou bien la durée moyenne de ces dix titres qui doit avoisiner les trois minutes. Non, il vous faudra presser la touche "play" pour vous rendre compte d’un certain retour en arrière. Ce qui frappe d’emblée c’est évidemment le chant de Chris Ulsh qui semble avoir entendu les quelques remarques de l’Internet au sujet de ses vocalises beaucoup trop pataudes et quelconques. Ainsi, Mammoth Grinder renoue avec ses origines Crust/Powerviolence grâce à des lignes de chant beaucoup plus Punk. Un choix tout à fait naturel qui, à mon sens, correspond davantage à la musique des Texans (même si celle-ci à eu tendance à se "metaliser" au fil des années). Résultat des courses, même si la musique reste la même, force est de constater qu’elle s’apprécie davantage avec un chant plus adapté à la situation.
Et la musique justement? Et bien disons que Mammoth Grinder évolue dans les eaux troubles d’un Crust/Hardcore poisseux comme on en trouve beaucoup aujourd’hui avec cependant un trait de caractère qui les distingue très largement, à savoir de grosses influences Thrash bien old school. D’ailleurs, Mammoth Grinder met directement les pieds dans le plat avec l’excellent et pourtant très court "Underworlds" qui n’est que démonstration de riffs, solos et tchouka tchouka à se taper la tête contre les murs. Une entrée en matière particulièrement convaincante qui rassure d’emblée sur le reste de l’album. Et effectivement, pas de déception à l’horizon puisque la suite demeure du même acabit. Le groupe Texan fait ainsi preuve des mêmes velléités, menant sa barque pied au plancher sur les mêmes rythmes primaires mais toujours aussi entrainants. Bien sur, le groupe n’est pas sans proposer quelques passages écrasants (le break de "Wraparound Eyes" à 1:11, "Barricades", "Roperide", "Moral Crux"), comme pour offrir un peu de variété à un album particulièrement bas du front et pour le coup pas très original. Mais au Diable l’originalité quand on a des titres comme "Underworlds", "Wraparound Eyes", "Revenge", "Cogs In The Machine" ou "Breeding"! Des titres simples mais toujours très efficaces grâce à des riffs assassins et une quantité de solos bien marqués par les années 80/90. C’est bien simple, il y en a sur chaque titre ou presque ("Paragon Pusher" étant ici l’exception qui confirme la règle).

Avec Underworlds, Mammoth Grinder renoue ainsi avec son passé tout en continuant à proposer une musique résolument plus Metal qu’à ses débuts. Les amateurs de Thrash old school et de Crust/Hardcore ont tout intérêt à jeter une oreille à cet album (ainsi qu’au reste de la discographie) de ces Texans qui m’on pris ici par surprise avec un disque que je n’attendais pas aussi bon. Point d’originalité à l’horizon mais une musique tout ce qu’il y a de plus bête et méchant. Un plaisir coupable tout à fait jouissif par son aspect primaire et régressif. Bien joué messieurs.

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