Si cette chronique du dernier album de Mick Moss arrive un an après sa sortie, c'est pour une raison très simple. Contrairement à notre regretté lapin jaune dont les retards sont la conséquence directe d'une pile de trucs à écouter haute comme lui, le problème résulte pour ma part d'un vulgaire manque d'information. D'ailleurs sur cette planète, je dois probablement être la personne la moins au courant dans tous les domaines : ça l'a toujours été et je doute malheureusement que ça change... Heureusement, j'ai développé d'autres qualités : je suis notamment passé maître dans l'art du calembour. Au passage, savez-vous pourquoi Disney recommande ce groupe ? Non ? Parce que Mick et Moss ! (Je vous autorise à être impressionné). Bref, pour en revenir à notre histoire, à ma décharge, Antimatter n'est pas non plus le projet le plus productif de la scène progressive : "Fear of a Unique Identity" se sera fait attendre cinq longues années (six pour moi du coup), une résurrection inattendue et surprenante qui malgré ses défauts, a le mérite de pousser Antimatter vers l'avant.
Pas de fausse promesse, l'entrée en matière "Paranova" met d'emblée les points sur les "i" : Antimatter a changé. Il a laissé de côté ses lamentations, ses pensées obscures et son envie de se pendre pour repartir sur un style plus conventionnel, plus actuel, plus rock. Entre la noirceur d'un Katatonia, la sensibilité d'un Anathema et les inspirations progressives d'un Riverside, le style revient à une formule qui parlera probablement au plus grand nombre, augmentant le tempo et ressortant les guitares électriques pour un résultat d'une déconcertante facilité d'accès. Dans cette renaissance, certains choix demeurent néanmoins audacieux, le plus marquant étant l'association tout au long de l'album, d'un chant féminin à celui de Moss. Si la réputation de la chanteuse germanique Vic Anselmo n'est pas spécialement éclatante, son interprétation ici n'en est pas moins remarquable et apporte un boost d'émotions que le chant masculin n'aurait pu fournir, aussi bon soit-il (et il l'est assurément). Alors que
"Leaving Eden" se voulait naturel, épuré voire parfois minimaliste dans son approche, Antimatter prend le total contre-pied avec ce cinquième album. L'espace sonore est désormais saturé de couches d'instruments et d'arrangements qui ne laissent aucun blanc. L'électronique fait également son apparition, de manière plus ou moins prononcée selon les morceaux, toujours parfaitement intégrée et de très bon goût. Une touche de modernité agréable qui n'est pas sans rappeler l'évolution de Riverside justement. Dommage que la production ne soit pas à la hauteur, notamment sur le traitement de la saturation qui manque cruellement d'impact.
Malgré ces évolutions, on reconnaît indéniablement la patte de son géniteur, aussi bien dans la justesse de l'écriture, dans la puissance des émotions que dans l'aura noire qui se dégage des compositions. Aucune longueur, aucun temps mort, aucune faute de goût, tout est maîtrisé de bout en bout et exécuté à la perfection, du chant aux solos en passant par l'intégration des divers participations (violon, chant féminin, etc). Contrairement au précédent album qui pouvait péché sur la durée par excès de lenteur, "Fear of a Unique Identity" varie les plaisirs et propose des compositions assez hétérogènes, parfois très rock ("Paranova", "Monochrome", "Uniformed & Black"), parfois très calmes ("Here Come The Men" et "A Place in the Sun"), parfois plus contrastés ("Wide Awake in the Concrete Asylum", "Firewalking"), sans jamais perdre en cohérence. Rien d'étonnant toutefois puisqu'il a été conçu autour d'un concept basé sur des comportements de société, sur la manière dont les gens préfèrent se fondre dans la masse, refusant leur singularité pour éviter l'isolement. Un problème si la société s'oriente justement sur la mauvaise pente explique Moss. Antimatter ne parle plus à la première personne mais se place cette fois-ci en tant que spectateur, ne vivant plus la souffrance mais l'observant. Ce qui se dégage de cet opus en est le reflet : en déplaçant son point de vue, il marque moins là où
"Leaving Eden" gravait votre âme au fer rouge. L'expérience ne vous laissera donc pas un souvenir impérissable, un défaut qui peut se transformer en qualité tant il est difficile de trouver un moment propice pour écouter une oeuvre telle que le précédent album.
"Fear of a Unique Identity" n'est pas moins bon, il n'est pas non plus une déception, il est juste différent. Bien sûr, il aurait pu être plus personnel, plus audacieux aussi mais il représente néanmoins une sacré remise en question que Mick a su transformer en quelque chose de magnifiquement subtil et terriblement touchant ("Here are the Men"...), un album dont l'identité moins forte est totalement évincée par sa beauté. Ça valait le coup d'attendre, croyez-moi.
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