Sombres Forêts - La mort du Soleil
Chronique
Sombres Forêts La mort du Soleil
Je suis surprise. Je suis déception. Je suis colère aussi.
Alors que j’ai toujours été fan des sorties de Sepulchral, le label canadien créé par le chanteur des excellents FROZEN SHADOWS et qui a toujours porté haut les couleurs du Québec, voilà qu’en 2013 il nous propose deux retours ratés de groupes me subjuguaient pourtant autrefois et que je surveillais de près. La première déception était venue de GRIS, eh bien voilà la deuxième : c’est SOMBRES FORÊTS. Je douterais presque de l’écurie si MONARQUE et NEIGE ETERNELLE n’avaient pas quant à eux sorti des albums de grande qualité. L’honneur est sauf ! Enfin, encore une fois c’est peut-être une question de goût ? Allons voir ça en découvrant les terribles similitudes de nos deux vilains petits canards.
En ce qui concerne GRIS, j’ai été clair dans ma chro de À l'âme enflammée, l'âme constellée. Pendant des années je me suis passé en boucle le premier album de 2007 et alors que je m’étais rongé les doigts jusqu’à l’os d’impatience pendant 6 longues années, cette suite sortie en 2013 m’avait laissé dubitatif... Eh bien rebelote avec SOMBRES FORÊTS, dont j’étais tout aussi mordu depuis ses débuts en 2006 et un Quintessence aux ambiances froides et terrifiantes qui savaient rappeler à la fois BURZUM et NAE’BLIS. Bon, j’avoue que je m’y étais un peu préparé vu que le deuxième album, Royaume de glace (2008), avait déjà frappé moins fort, en abordant déjà un léger virage, mais il réussissait encore à répandre de la détresse et proposait quelques plongées angoissantes dans l’obscurité. On pouvait encore espérer quelque chose du troisième album, mais voilà, cinq ans plus tard la désillusion est réelle.
En fait les dégâts sont exactement les mêmes que chez GRIS car l’évolution est allée dans le même sens. Difficile de croire au hasard, surtout quand on sait que les deux compères de ce dernier s’étaient accoquinés avec Annatar, l’unique membre de SOMBRES FORÊTS, pour un projet commun du nom de MISERERE LUMINIS. Celui-ci a capoté après un seul album, sorti en 2009, mais les liens sont restés. La preuve en est que depuis 2013 tout ce beau monde monte ensemble sur scène pour les concerts de SOMBRES FORÊTS. Les trois gaillards sont sans aucun doute sur la même longueur d’ondes et c’est de concert qu’ils ont mis un gros frein sur la haine et l’angoisse dans leur black metal pour se concentrer sur de l’atmosphérique contemplatif post black comme il faut en faire quand on est quelqu’un de moderne bien dans son époque.
C’est pour ça que sur La Mort du Soleil vous constaterez l’absence de la tourmente si palpable sur les deux albums précédents. Les nouveaux titres sont imbibés de post-BM et le SOMBRES FORÊTS du passé semble bien loin. La forêt devait effectivement être tellement sombre que le bonhomme s’est perdu et se retrouve dans la même clairière que ces formations plus ou moins récentes qui ont délaissé agressivité, torture et peine au profit du rêve, de la contemplation et de la beauté pure. Vous trouverez peut-être que cela sonne comme un avantage, eh bien non, détrompez-vous ! Je mets tout de suite les points sur les « i », la déception est évidente. Le changement de style pourrait encore passer, d’autres l’ont réussi avec succès, mais ici l’édulcoration est intempestive. Le côté « post » gomme les émotions et l’on comprend que finalement le mot « post » est idéal puisque nous sommes bien dans un « après ». Alors que les anciennes compositions procuraient des images de crépuscule et de nuit, nous semblons être passés à l’aube avec ces ambiances trop sucrées. L’obscurité est très faible et c’est le soleil, censé mourir si l’on s’en réfère au titre de l’album, qui pointe le bout de son nez.
Le début de l’opus commence pourtant assez bien, avec une introduction prometteuse de 5 minutes que l’on espère voir déboucher sur une explosion de douleur. Ce n’est pas le cas et c’est finalement tout l’album qui sera du même calibre. Ce qui passait sur une introduction devient vite lassant sur des titres de 8 minutes. Heureusement, il reste les vocaux, qui n’ont pas vraiment changés et restent assez torturés. Mais ils ne sont pas suffisants pour relancer l’intérêt musical. Attention, ne comprenez pas de travers cependant, ce n’est pas le style que je reproche - je rappelle ma passion pour PETRYCHOR, SLEEPING PEONIES et DRUDKH, auxquels on peut penser à des degrés différents sur cet album – mais le fait que comme chez GRIS les titres sont certes beaux, mais qu’ils manquent de sensations. Ils nous font décoller et planer, mais une fois les nuages dépassés, une fois la vitesse de croisière atteinte, il n’y a plus de turbulences. On reste statique... Une autre comparaison ? Non, mais je reviens à mon histoire d’aube. C’est comme regarder un lever de soleil, mais sans qu’il n’y est le moindre enjeu. C’est joli, c’est vrai, ça brille et ça pique un peu les yeux mais c’est tout ! Ce qu’il faut c’est de la tragédie ! Il faut qu’avec le lever du soleil, il y ait une séparation de prévue ou la décision de mettre fin à ses jours, ou quoi que ce soit d’autre de marquant, de pénible. Avec cet album, on ne l’a pas. On a admiré un joli paysage, et puis on est rentré tranquillou chez soi... Il manque quelque chose !
Un seul exemple, le piano, employé sur « Au Flambeau » puis « La Disparition ». Il aurait pu apporter la tension manquante, il se plante largement. Il s’étend à n’en plus finir et en fait des tonnes. Il s’impose tellement qu’un nom m’est revenu à l’esprit en l’écoutant : Richard Clayderman. Non, ça ne me fait pas rire. Ces maladresses sont aussi rageantes que chez GRIS nouvelle mouture, d’autant plus parce que j’adorais ces groupes ! Ne me faites pas un mauvais procès, je ne casse pas le groupe pour le plaisir, je ne peux pas réfreindre ma déception ! Certains protesteront tout de même et commenteront des « C’est pourtant mieux travaillé qu’avant » ou alors « C’est plus profond et intérieur »... Je ne veux pas nier leur ressenti, mais tout de même, quel ennui le long de ces 52 minutes ! Et pour finir, c’est vrai que le travail c’est bien beau madame, mais cela ne remplace pas la spontanéité, le cœur, les tripes .
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