Paysage D'Hiver - Das Tor
Chronique
Paysage D'Hiver Das Tor
C’est en février de l’année 2013 qu’une monumentale porte noire est apparue de nulle part, au cœur d’une forêt enneigée, dressée tel un monolithe. Une œuvre massive à la fois menaçante et intrigante mais dotée d’un fort pouvoir d’attraction, une aura surnaturelle dont les rayons argentés répandent une lumière singulière, se reflétant ici et là sur les contrées immaculées. Une apparition discrète et merveilleuse ravivant tous les fans de ce one-man band suisse qui attendaient ardemment une suite à la très space ambient Einsamkiet parue en 2007. Une longue attente gratifiée par ce très lovecraftien/dunien nouveau chapitre, intitulé avec Das Tor.
Ainsi la longue introduction de « Offenbarung » transporte l’auditorat en de lointaines contrées glacées, égaré dans cet enfer blanc avec pour seul bruit le souffle du vent fouettant les arbres, enveloppé peu à peu par un climat aussi irréel qu’envoutant. Car les éléments s’éveillent de même que la musique déferlant sur vous telle une avalanche de fureur froide et implacable avec ses guitares grésillantes ainsi qu’une boîte à rythme oppressante. Un véritable miasme sonore où vient se noyer la voix de Wintherr (alias Tobias Möckl), à peine audible, dont le doux susurrement, annonciateur d’accalmie, refera surface en fin de morceau. Mais cette noirceur est rapidement tempérée puis sublimée par les nombreuses touches atmosphériques qui donnent du mouvement à l’ensemble, distillant moult émotions et excitant l’imagination par leur côté toujours plus féérique et astral.
Si ces ambiances renvoient à la précédente réalisation, offrant aussi un parallèle simpliste - voire réducteur - avec Darkspace (autre formation suisse où évolue Tobias Möckl), Das Tor est par ce subtil mélange entre nappes sonores majestueuses et black metal aussi primitif qu’ hermétique la digne successeuse d’œuvres telles la culte et plus « classique » demo éponyme, parue en 1999, l’hallucinée ainsi qu’ensorcelante Kristall & Isa (2000) ou encore l’imposante Winterkälte (2001). Cependant une meilleure lisibilité des parties ambiancées couplée aux nombreux intermèdes et changements de rythme, le tout surligné par quelques riffs de guitares bien sentis, apportent un côté beaucoup plus épique. Une intensité qui atteindra son apogée avec « Macht des Schicksals », le titre le plus percutant de l’opus, où la voix criarde de Wintherr parvient tel un écho, transportant l’auditeur, dans un long voyage à travers ce monde hivernal.
Une quête qui vous entraîne vers des contrées toujours plus reculées et sauvages, baignant dans une douce lumière argentée tout droit tombée du ciel, sur lequel semble se dessiner une voie vers les étoiles. Pris dans les rayons lumineux de cette porte d’ébène, dont le pouvoir d’attraction ne cesse de croitre, vous vous élevez au-dessus du monde et de la nature humaine avec comme toile de fond le très hypnotique, aérien mais aussi quelque peu rituel « Ewig leuchten die Sterne ». Un titre ambient salvateur qui résonne comme la consécration de ce long périple, vous immergeant pleinement dans l’univers de Paysage D’Hiver et permettant de reprendre votre souffle avant la reprise des hostilités. Car le rythme accélère sur le dernier long titre « Schluessel », une montée en puissance qui symbolise le passage dans le cosmos, allant de pair avec l’accès au savoir, et se traduisant par une musique aussi violente qu’abrasive mais toujours nimbée de mystère, magnifiée par les nappes sonores.
Das Tor est une belle réussite, à classer parmi les plus marquantes de l’année 2013, démontrant que Wintherr n’a rien perdu de sa superbe malgré un rythme beaucoup moins soutenu que par le passé et un écart entre les productions qui ne cessent de s’accroitre depuis 2004. Une baisse d’activité qui est principalement due à une vie personnelle chargée ainsi qu’à un investissement accru au sein de son autre groupe. Toutefois, l’attente n’aura pas été vaine avec cette dernière offrande très mature et personnelle gardant l’essence même de Paysage D’Hiver avec des influences moindres (comparé aux premières demos), mais toujours bien présentes, de groupes tels que Burzum (première période) ou encore Ulver et son Nattens Madrigal.
Un retour réalisé avec adresse et élégance, qui classe cette formation toujours plus haut au-dessus de la masse, réjouissant les fans de la première heure et donnant l’occasion à d’autres d’épancher leur soif de découverte.
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