ARKONA a fêté ses 10 ans récemment. Ne me dites pas que vous n’étiez pas au courant, le groupe avait sorti un triple album pour l’occasion, sur lequel on retrouvait un énorme concert événement. Vous aviez d’ailleurs lu ma chro de ce
Decade of Glory (Live) datée de février 2013. Ah, en y repensant, j’en ai encore le cœur qui vibre. Bien long, très complet, il était idéal pour les fans... Il m’avait d’ailleurs bien réconcilié avec le groupe.
Ce n’est pas que j’étais totalement brouillé avec lui, mais certains morceaux de
Slovo, son dernier album studio en date (2011), m’avaient fait faire une belle grimace. À une époque où je n’étais pas encore Thrashocorien, j’avais dit qu’il «
faut ainsi faire un sacré tri dans cet album pour trouver son bonheur. Sur près d’une heure de musique, la moitié est à oublier à cause d'une dose de gaieté qui dépasse l’entendement pour un adepte d'ambiances sombres. ». Parmi les pires passages, je citais « Stenka Na Stenku » en expliquant que c’était «
une catastrophe ! C’est bien la première fois qu’en fermant les yeux je vois débouler Louis de Funès déguisé en rabbin... Ambiance : Silence !!! Rabbi Jacob, Il va danser et la danse hérétique qui va avec. Je veux bien que ce soit fidèle à un certain folklore russe et à des musiques traditionnelles du pays, mais pour des profanes comme la plupart des auditeurs dont je fais partie, c’est complètement cucul la praline. ».
Pourtant les autres morceaux étaient encore frétillants, et c’était grâce à eux que je gardais de l’espoir pour le futur album, le 7ème, enfin dans mes esgourdes. Et je vais vous avouer de suite que je suis un homme heureux car même s’il est imparfait, ce Yav répond à mes principales attentes. Il n’y a plus ces passages dignes des pochtrons du bistro du coin. Aucune fois je n’ai eu l’impression d’écouter un de ces groupes pagan à binouze ou de ces autres folk à vodka. Les ambiances lâchées par les instruments recollent à plus de mélancolie, de nostalgie, de déception et d’introspection... Elles ne tentent plus de nous faire danser du popotin mais nous incitent à poser celui-ci sur une pierre pour observer ce monde qui nous entoure. Ce n’est plus la fête au village d’Astérix, mais une traversée solitaire, une quête personnelle. De même les vocaux de Masha instaurent tour à tour de l’obscurité, des tourments, de la rebellion. Ils hurlent et crient, mais tournent aussi parfois à la complainte, voire à la déclamation shamanique. La palette est impressionnante, et très efficace.
Surtout, l’album profite de titres bien évidemment estampillés
ARKONA mais avec chacun une atmosphère propre, des ajouts personnels qui évitent de trouver trop de similitudes entre chaque piste, et donc empêchent aussi de trouver le temps long. L’album a alors beau contenir 10 minutes de plus que
Slovo, il semble passer plus vite. Ses 9 morceaux qui totalisent 67 minutes ont une moyenne de 7:30, un record pour le groupe ! Et ce n’est pas uniquement à cause du morceau bien plus long que les autres, ce délicieux « Yav » qui avoisine les 14mn, mais parce que presque tous les autres dépassent les 6 minutes. Si l’album passe tout seul, c’est grâce à ses nombreuses variations et aux évolutions continues au sein de chaque titre.
Les rythmes changent constamment et un morceau ne termine jamais comme il a commencé. Il raconte une histoire aux sentiments divers. Les instruments viennent donner des teintes différentes. On retrouve ici une gaïta (cornemuse de Galice), là une flûte ukrainienne, puis une flûte irlandaise, un piano ou bien encore des sons électroniques. On retrouve même la participation d’une enfant (« Chado Indigo ») qui n’a rien de ridicule ou d’énervant comme celui qui apparaissait sur
Slovo. On a plus l’impression que cette enfant est la voix de notre passé lointain qu’une simple sale gosse qui nous réclame un Haribo... Tous ces ajouts sont mis avec parcimonie, et surtout ils sont bien mixés, ne volant pas la vedette aux autres instruments ni aux vocaux. Le mariage est excellent et prouve qu’il vaut mieux faire preuve de retenue pour gagner en dignité. C’est vraiment ce qui m’a le plus plu sur cet album, le côté mature et adulte des compositions.
Bon, ce serait tout de même exagéré de dire que tout est parfait, et effectivement « Ved’ma » manque de personnalité et l’intro de « Na strazhe novyh let » est assez indigeste, mais sur l’ensemble, il est très facile de se faire emporter par la tornade
ARKONA.
Au final, même sans se réinventer,
ARKONA se redessine, retrouve ses couleurs et redevient crédible. Ceux qui n’aimaient pas n’aimeront toujours pas, ceux qui aimaient aimeront toujours, ceux qui doutaient à cause des deux derniers albums pourraient retrouver la foi, ceux qui pensaient que c'était tout gentillet pourraient avoir une révélation !
Par gulo gulo
Par AxGxB
Par Jean-Clint
Par Raziel
Par Sosthène
Par Keyser
Par Keyser
Par Lestat
Par Lestat
Par Sosthène
Par Sosthène
Par MoM
Par Jean-Clint
Par Sosthène
Par AxGxB
Par Deathrash
Par Sikoo