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Aherusia - Nostos ~ An Answer (?)

Chronique

Aherusia Nostos ~ An Answer (?)
Le folk metal c’était mieux avant. Oui, mais avant quoi? La question mérite d’être soulevée car je me remémore cette époque où ce style avait des choses à dire et avait une espèce d’âme. Mais tout cela remonte à la première moitié des années deux mille. Depuis, c’est devenu un fourre-tout de tout et n’importe quoi justement, entre ces groupes prompts à animer la fête à la patate du coin, et donc à mettre en avant le côté festif de la chose plus que tout au monde, et son public amateur de cosplay viking qui donne rapidement de l’urticaire, dépensant souvent bien plus d’argent dans leurs costumes de Ragnar Lodbrok que dans des disques, s’épanchant souvent à te faire des cours d’Histoire en sortant des énormités lues dans des publications douteuses et sans fondements scientifiques, et surtout en buvant bien évidemment sa bière dans une corne à boire. Mon folk metal ou pagan metal à moi, il a plus à voir avec la sincérité d’un Primordial ou la démarche d’un Skyforger ou d’un Kawir que d’un Eluveitie, Korpiklaani et tout ce qui s’en est suivi depuis le succès de ces groupes et de Finntroll. Et pour ainsi dire, deux des plus beaux titres faisant alliance entre musique folklorique et le metal que nous chérissons tant sont Emerald et Róisín Dubh (Black Rose) A Rock Legend de Thin Lizzy. Pourquoi tout ceci en prélude de cette chronique de ce Nostos - An Answer (?), quatrième album des Grecs de Aherusia et bien tout simplement parce qu’il est question de folk metal, mais comme je l’aime.

Aherusia nous revient donc en cette année deux mille vingt avec cet album, Nostos - An Answer (?), qui est en fait composé uniquement de titres provenant de la musique folklorique grecque, mais dans son acception linguistique, car outrepassant parfois de par leurs origines les frontières même de la Grèce telle que nous la connaissons actuellement. Le groupe a ainsi bien évolué depuis son deuxième album As I Cross the Seas of My Soul, chroniqué ici, laissant de côté le black metal symphonique, - il n’y a d’ailleurs aucune trace de chant saturé ici, ni de claviers - pour une forme de metal aux accents folkloriques, mais qui ne se départit pas des accents mélodiques de son origine géographique. L’on voit d’ailleurs le groupe persévérer dans ses racines culturelles, après un très bon album concept sur Prometheus, Prometheus : Seven Principles on How to be Invicible, qui voyait cette facette bien plus mise en exergue. D’ailleurs, le groupe a de nouveau fait appel aux services du très bon Fotis Varthis responsable de la gravure qui orne la pochette de cet album, tout comme celui de son prédécesseur, et celui du dernier album de Villagers of Iaonnina City. Et encore une fois, il est un peu question de concept avec cet album qui parle de ce sentiment de nostalgie, de déracinement, de voyages et de cette impression que l’on éprouve lorsque l’on est loin de chez soi et des sacrifices et des pertes que cela a pu occasionner. L’on ne peut qu’avoir en résonance à ceci aussi bien l’histoire récente de ce pays, mais également tout ce qu’il a pu subir depuis la chute de l’empire byzantin. Mais au-delà de ces considérations géographiques et historiques, cela résonne en chacun de nous quelle que soit notre provenance en ce monde. 



Et c’est bien ce sentiment qui ressort de ce très bel album qui reprend dix chansons du folklore de la musique grecque mais le tout interprété à la sauce métal, mais bien plus finement que le laisse supposer cette assertion. Le moins que l’on puisse dire, c’est que le challenge est réussi sur l’entièreté de l’album, car on se laisse rapidement prendre au jeu. Si c’est rapidement assez casse-gueule de faire ce type de disque, les Hellènes s’en sortent pourtant avec les honneurs en étant très fidèles aux chansons originelles, mais en se permettant quelques libertés de temps à autres, je pense notamment à l’enchainement entre Ανάθεμα τον αίτιο et Αντ'άμαν παλικάρι sur la même piste. Si cela pourra faire tiquer les amateurs des chansons originelles, car les musiciens se sont permis parfois quelques libertés mais qui ne dénotent pourtant aucunement, l’on doit tout de même soulever le très bon travail d’appropriation par Voreas Faethon et ses pairs de ces chansons, dont on reconnait malgré tout les mélopées enivrantes et les lignes de chant. Mais l’on est assez loin du travail scolaire de jouer en versions métallisées des classiques de la chanson populaire de son pays, l’on sent qu’il y a une réelle sincérité derrière cette démarche. L’on notera d’ailleurs que l’on sort des chansons dansantes, notamment le fameux sirtaki popularisé depuis les années soixante, et que l’on ne remonte pas non plus à la période de l’Antiquité sur ces titres, mais à quelque chose de plus moderne et contemporain, ce qui ajoute un certain intérêt à l’ensemble. L’on notera que le rythme est souvent plus rapide ici que sur les pièces originales, mais cela n’entache en rien l’effet produit, et c’est bien un doomster qui vous annonce ceci.

D’ailleurs, l’on retrouve à trois reprises sur ce disque un enchaînement de deux chansons sur la même piste. Il y a une raison toute simple à cela et qui va justement ajouter un cachet d’authenticité à cette réalisation: il a entièrement été enregistré dans les conditions du live pour ce qui est des instruments et nous est annoncé comme étant dénoué de toutes interventions ultérieures pour corriger telle ou telle imperfection. Cela nous donne donc un son on ne peut plus organique qui laisse vraiment respirer chaque instrument et qui nous permet de se délecter du jeu assez tribal du batteur et des percussionnistes, mais dans le bon sens du terme, et surtout de la complémentarité des deux guitares. C’est ici l’une des forces de cet album, c’est qu’il met très bien à l’honneur ce fameux travail d’harmonisation des guitares, que l’on doit en très grande partie à Thin Lizzy, et qui nous renvoie évidemment aux grands noms de la scène grecque et c’est ce que l’on ressent dès les premières secondes de l’instrumental Αράπη σούστα qui ouvre l’album. C’est très beau et les deux compères se complètent très bien avec souvent des réponses d’une guitare à l’autre, reprenant bien évidemment les motifs des compositions originales. L’autre grand intérêt de cet album c’est ce chant fier et un peu déclamatoire de Voreas Faethon, très émouvant à sa manière sans avoir besoin d’en faire trop pour cela. Il est assez fréquemment rejoint par des chœurs comprenant une partie des musiciens du groupe et une troupe de théâtre, ce qui fait aussi son effet, mais là encore de manière parcimonieuse, nous ne sommes pas dans le metal d’opérette d’autres groupes. Là aussi c’est fait de manière intelligente.

Mais tous ces éléments se combinent surtout avec succès pour nous donner près de quarante cinq minutes d’un metal certes très mélodique, très bien exécuté, entêtant, mais surtout aux accents on ne peut plus nostalgiques. Si Αράπη σούστα pouvait laisser penser que l’on aurait le droit à une nouvelle déclinaison du metal folklorique pour festivalier alcoolisé en mal de d’acrobaties et de gigues, et encore, l’on se rend rapidement compte qu’il émane de ces titres quelque choses d’assez mélancoliques, de doux amer au final. Comme si l’on prenait le temps de regarder en arrière une dernière fois pour y retrouve ce qui nous a manqué ou nous manque encore, quelle que que soit sa forme, je pense notamment à Έρι πάλι / Ικαριώτικος Παλαιός et à Ανάθεμα τον αίτιο / Αντ'άμαν παλικάρι, mais le point d’orgue sera sans doute l’émouvant Μια λυγερή τραγούδαγε qui clôt à merveille, quoique de manière un peu abrupte - mais c’est sans doute parce que j’aurais bien repris quelques minutes supplémentaires de cette complainte -, cet album. L’on a ainsi bien plus ce pincement au cœur qui vient à de nombreuses reprises en écoutant jour après jour cet album, qui a un potentiel de grower assez impressionnant. Car si l’on peut y ressentir un côté anodin à sa découverte, surtout après avoir été un peu impressionné par son prédécesseur, l’on y revient très fréquemment, à tel point que cela en devient assez obsédant. Aherusia a non seulement réussi son pari haut la main avec ce Nostos - An Answer (?), mais a surtout fait preuve d’une très grande authenticité dans sa démarche et dans l’exécution de tout ceci. Et c’est cela qui m’a trop manqué dans cette scène folk metal, et que j’ai retrouvé sous d’autres horizons musicaux depuis: c’est clairement cette authenticité, j’insiste une nouvelle fois, dont ont fait preuve les Grecs sur cette réalisation qui mérite amplement que l’on s’y intéresse rapidement. Et j’espère bien que le groupe fera une nouvelle fois parler de lui lors de sa prochaine réalisation car il devient de plus en plus intéressant au fil des ans.

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Aherusia
Folk Metal
2020 - Autoproduction
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Folk Metal - 1997 - Grèce
  

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tracklist
01.   Αράπη σούστα  (04:58)

02. Το τσάμπασιν (03:00)

03. Αγρίμια (Ριζίτικο) (03:17)

04. Έρι πάλι / Ικαριώτικος Παλαιός (07:06)
05.   Ανάθεμα τον αίτιο / Αντ'άμαν παλικάρι  (10:38)
06.   Παιδιά της Σαμαρίνας / Έχε γειά καημένε κ’σμε  (05:48)
07.   Μια λυγερή τραγούδαγε  (09:34)

Durée : 44:21

line up
parution
2 Février 2020

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