Attention : cette chronique risque de sombrer dans le ridicule à un moment ou un autre. Comment expliquer que Serpentine Path, celui qui m'avait tant intrigué sur son EP
Erebus/Depravity et ennuyé sur son premier album, passe enfin l'épreuve du longue-durée alors que rien ou presque ne paraît avoir changé ? Qu'il y a une différence entre le bon morne et le mauvais morne, comme une version doom d'un célèbre sketch des Inconnus ? Bien sûr...
Oui,
Emanations ne modifie en rien les fondements de la recette du super-groupe (désormais rejoint par le vétéran Stephen Flam, ex-Winter) et pourtant son doom/death coincé entre la somme de ses éléments (Unearthly Trance, Electric Wizard et Ramesses, pour rappel) ainsi qu'Autopsy et le Cathedral de
Forest of Equilibrium attrape cette aura sinistre que les Serpents avaient à leur début. Peut-être ce hold-up provient-il de ces quelques pas de côté, ici, une voix plus carnassière qu'autrefois, pleine d'envie de croquer sa proie, là, quelques concessions au calcaire de sa caverne (« House of Worship » par exemple, et ses coups sentencieux où la formation passe la seconde sans prévenir) ? Toujours est-il que ce second album offre plus de corps aux images que véhicule la bande à Ryan Lipynsky.
À la manière de sa pochette plus colorée et rituelle qu'auparavant,
Emanations donne à son culte ancien quelques nuances épaississant le mystère qui se ressentait fugacement sur son ainé sans-titre. Ce coup-ci, la rencontre avec la secte d'un peuple oublié, citoyens des brumes, se déroule dans l'inquiétude face à un appétit qui n'a plus rien d'annonciateur mais les montre marchant vers nous, rongeant à la mesure de leurs pas lents la lumière extérieure. Un sentiment de proximité grimpante et d'étrangeté qui rappelle Eibon, sa maîtrise des climats glauques dessinés en toute décontraction, sa capacité à voler au ras du sol, craquer le voile nocturne du bas de son autel par des arrangements léchés mais constamment au service du vice. Serpentine Path possède ici un côté « autre » alors que ses ambiances occultes s'empêtraient autrefois dans les clichés usuels du Lovecraftien et redonne, sans artifices, au titanesque ses lettres de noblesse regardant l'humain comme un microbe. Sûr : désormais, nous avons affaire avec une véritable entité possédant quelque chose de plus que la somme de ses glorieuses parties !
Impressionnant de fluidité (j'avais presque oublié le talent de Tim Bagshaw pour écrire des riffs aussi implacables que baveux),
Emanations sauve ses compositions du linéaire par un attachement continu à jouer ses aplats de notes de façon obsessionnelle, anxiogène. Il ne quitte pas pour autant totalement le jeu rectiligne de son prédécesseur continuant de me donner quelques réserves. En effet, quand il lève le rideau pour montrer sa pleine domination, Serpentine Path s'avère tellement efficace qu'il me fait regretter que ce genre de passages ne soit pas plus présent (les tuantes « Systematic Extinction » et « Essence of Heresy », notamment). Il n'en reste pas moins que cet album ravira les amateurs d'atmosphères trouvables chez Wreck of the Hesperus et consorts, aimant, le soir, imaginer derrière le noir ambiant des paires d'yeux regardant avec morgue leurs proies futures. Vos nuits d'été viennent de devenir soudainement moins accueillantes.
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