Après un premier album sorti en 1985 posant les bases d’un Thrash largement influencé par la scène Crust anglaise (Discharge en tête), Sacrilege poursuit sur sa lancée avec la sortie deux ans plus tard d’un nouvel album intitulé
Within The Prophecy. Celui-ci sera marqué par quelques changements significatifs comme la défection de Tony May au poste de bassiste durant les sessions d’enregistrements (remplacé alors au pied levé par le guitariste Damian Thompson) et une signature sur Under One Flag, célèbre label londonien qui a vu passer dans son giron quelques grands noms de l’époque tels que Bathory, Venom, Possessed, Nuclear Assault ou encore Sarcofago.
Comme je le précisais déjà dans ma chronique de
Behind The Realms Of Madness, l’une des particularités de Sacrilege est d’avoir évolué musicalement tout au long de sa carrière. Ainsi,
Within The Prophecy tend à s’émanciper des influences de son prédécesseur en lorgnant désormais vers un Thrash toujours très incisif et bien en riffs pour l’époque mais toutefois moins virulent qu’auparavant. Exit ainsi les sonorités Crust menées autrefois au son d’une rythmique d-beat épique, place désormais à un Thrash plus tranquille se faisant même beaucoup plus mélodique par moment.
Soyons franc, ce parti pris fait pour moi de
Within The Prophecy un album légèrement moins convaincant. Où diable est donc passé cette énergie, cette fougue, cette urgence Punk qui faisait le charme de son prédécesseur? En calmant le jeu, même la délicieuse Lynda Simpson semble en perdre de son charisme. Une baisse de tempo évidente qui apparaît ainsi sur l’essentiel de ces sept nouveaux titres (notamment "Winds Of Vengeance", "Flight Of The Nazgul" et surtout "Search Eternal". D’ailleurs il suffit pour s’en rendre compte de jeter un petit coup d’œil à la durée de ce nouvel album qui, pour un titre supplémentaire, gagne quinze minutes en comparaison de
Behind The Realms Of Madness. Cette baisse de régime s’accompagne également par l’arrivée de nombreux passages beaucoup plus mélodiques qu’auparavant comme en témoigne le break acoustique de "Winds Of Vengeance" suivi de son excellent solo ou encore le très long (plus de dix minutes) et néanmoins très intéressant "Search Eternal", un titre intelligemment construit, absolument épique et garant d’une certaine tradition héritée de la NWOBHM.
Malgré cette perte de vitesse, replacer dans le contexte de l’époque, ce deuxième album n’a pas vraiment à rougir face à la concurrence car en matière de riff, Sacrilege tient toujours la dragée haute à bon nombre de ses contemporains. Bien que la production manque toujours un peu de puissance (et oui, rappelez-vous, nous ne sommes qu’en 1987), la qualité des riffs et des solo reste l’un des plus gros atouts de Sacrilege ("Sight Of The Wise" à partir de 1:36 puis à 5:34, le début absolument épique de "The Captive" ainsi que son deuxième solo à 2:16, celui de "Winds Of Vengeance" à 4:09, "Spirit Cry" à 2:57, l’incisif "The Fear Within" et son petit côté early Bolt Thrower, "Search Eternal" à 2:39 ainsi que cette chouette cavalcade débutant à 5:10... Bref, il y a du talent dans les doigts de Damian Thompson.
C’est donc légèrement déçu mais pourtant toujours aussi séduit par Sacrilege que se terminent mes écoutes de
Within The Prophecy. Comparé à son prédécesseur, il manquera toujours pour moi cette urgence emprunté à la scène Punk/Crust anglaise de la fin des années 70/début 80. Urgence qui associée à ce riffing Thrash et ces multiples solos incroyables fait pour moi toute la différence. Bien entendu, la présence au chant de la ravissante Lynda Simpson n’est pas à minimiser car sa voix tout en féminité joue également pour beaucoup dans le charme de ce groupe anglais tout à fait atypique. Bien qu’inférieur à
Behind The Realms Of Madness,
Within The Prophecy reste à ce jour un album fort recommandable qui devrait séduire les amateurs de vieilleries oubliées.
1 COMMENTAIRE(S)
18/01/2018 18:41
Clairement, c'est beaucoup moins punk que le premier, mais... Je sais pas, c'est vraiment l'incarnation du truc infatigable, pour moi, cet album, il concilie la frénésie du punk à celle d'un Motörhead sur Bomber.
Bref, une découverte comme on en fait pas tous les quatre matins.