Air Raid - Point Of Impact
Chronique
Air Raid Point Of Impact
S’il est vrai que je m’enthousiasme assez régulièrement sur des sorties estampillées ‘’revival thrash’’, je n’étais pas encore, en matière de heavy, tombé sur l’Album qui allait me redonner les mêmes frissons qui furent ceux de ma découverte du style il y a trop longtemps déjà. Même les Enforcer (pour n’en citer qu’un) pourtant encensés en ces pages et malgré d’indéniables qualités ne parvenaient pas à me procurer davantage qu’un simple « ouais c’est pas mal… » mitigé. Mais ça c’était avant que « Point Of Impact » ne viennent flatter mes tympans.
Je dois avouer que je n’avais jamais auparavant ouï le nom de ces jeunes Suédois tout dévoués à la gloire du heavy, Metal Archives m’apprenant pourtant que le combo, formé en 2009, comptait déjà dans sa besace un EP (« Danger Ahead ») et un premier opus (« Night Of The Axe »). Et comme souvent c’est avec une pochette et un logo bien old school que tout commence, rien à redire ici on se croirait bel et bien revenu dans les années 80. En général dans ce cas-là on sait également à peu près à quoi s’attendre musicalement. Pas de surprise ici non plus la musique d’Air Raid est à l’image de sa pochette et son logo rétro. N’y cherchez rien de plus qu’un hommage aux grands noms du style (enfin deux surtout) vous seriez déçus. Si par contre vous êtes toujours à l’affut d’une petite pépite de heavy metal à l’ancienne, qu’importe l’originalité, si la simple évocation de noms tels que Judas Priest ou Iron Maiden suffit à vous filer un sourire biauriculaire alors vous ne devez pas passer à côté de « Point Of Impact ».
Crevons l’abcès tout de suite, cet album d’Air Raid n’a effectivement pas une once d’originalité dès lors que l’on considère que la messe est dite depuis plus de 30 ans déjà. Que l’on y voit un manque de prise de risque (voire un certain de degré de facilité) ou au contraire une envie de coller au plus près à la racine d’un style dont les heures de gloire sont depuis longtemps derrière nous n’est qu’une question de point de vue. Rien ici n’est fait pour se démarquer, bien au contraire. Tout évoquera – en priorité – les deux géants sus-cités, que ce soit dans les riffs, les mélodies, les rythmiques, les leads de guitares (se tirant bien souvent la bourre) ou le chant d’ Arthur W Andersson (qui a remplacé Michael Rinakakis) dont le phrasé – autant que le timbre en lui-même – évoquera facilement le metal God (« Bringer of furyyyyyy, sealer of fate ! »). On pourra évidemment n’entendre ici qu’une énième redite mais à titre personnel je n’en ai cure. On n’écoute pas du heavy en 2014 pour l’originalité, ça se saurait. On s’en contrefout même d’autant plus que l’album est tout bonnement excellent !
Parfaitement calibré avec ses 35 minutes d’un heavy metal de haute volée, « Point Of Impact » atteint sa cible en plein cœur. Aucun temps mort, aucune baisse de régime, les huit titres qui le composent sont autant de petites tueries d’une redoutable efficacité. Evoquant tantôt Judas Priest (« Bound To Destroy ») tantôt Iron Maiden (« Madness » à partir de 26’’ puis son break à 2’45, « Victim Of The Night » à 45’’ ou l’instrumentale « Flying Fortress » qui n’aurait pas fait tache sur « Powerslave ») les pistes s’enchainent avec une fluidité remarquable et il se dégage de cet album une déconcertante impression de facilité dans la composition où tout semble couler de source. Tout cela part bien sûr d’un riffing impeccable de la paire Stormchild/Nightshredder (soyons kitsch jusqu’au bout), simple et efficace, accrocheur dès la première écoute. Rien d’extravagant (aucun cachet technique particulier) mais il vous sera difficile d’y résister tant il possède une immédiateté et un feeling incroyables. Qui plus est tous ces riffs sont baignés de mélodies imparables qui font également toute la force de l’opus (raaaah mais écoutez-moi ce « Victim Of The Night » jouissif ou encore le début de « We Got The Force »). Nos deux six-cordistes ont donc parsemé les huit compos de breaks mélodiques assez jouissifs (« Bound To Destroy » à 2’35, « Wildfire » à 1’48, « We Got The Force » à 3’08) assortis bien évidemment de soli à l’image des riffs qu’ils accompagnent, à savoir bourré de feeling à défaut d’être originaux ou particulièrement techniques (si ce n’est peut-être celui de « We Got The Force »).
L’autre gros atout d’Air Raid, venant compléter ce tableau déjà fort engageant, c’est cette déconcertante facilité à pondre des refrains fédérateurs eux aussi totalement imparables. Je pourrais facilement citer toutes les chansons mais s’il fallait choisir je soulignerais ceux de « Madness », « Victim Of The Night » ou « Vengeance », air mic avec le pommeau de la douche inévitable ! C’est là aussi l’occasion de souligner la performance vocale d’un frontman au timbre heavy assez classique sans être trop aigu (défaut principal que je ferais à Enforcer par exemple) mais n’hésitant à se faire péter les cordes vocales lorsque c’est nécessaire. Attention toutefois à ne pas faire passer trop vite nos Suédois pour des enfants de chœur, certes le heavy d’Air Raid est très classique mid-up tempo toutefois certains titres particulièrement vindicatifs friseront le speed/power speed de par des rythmiques plus enlevées (« Wildfire », « Vengeance ») ou un refrain bien épique (« We Got The Force »).
Il m’est assez difficile finalement de trouver un vrai défaut à « Point Of Impact » (hormis bien évidemment l’inévitable absence totale d’originalité), tout juste pourrait-on trouver que l’instrumentale « Flying Fortress » aurait méritée d’être un poil plus ambitieuse peut-être, plus développée ou alors qu’on aurait aimé entendre plus souvent la basse de Rob Thunderbolt qui se fait malheureusement trop discrète à mon goût (comme sur cette instru justement à 2’12 et ce jeu très typé Steve Harris) mais sorti de ces quelques remarques aucunement rédhibitoires j’ai bien du mal à pointer un seul aspect décevant ici. Même la prod parfaite réussi le juste milieu, ni passéiste ni trop moderne avec un son de guitare juste irréprochable. Il vous est peut-être déjà arrivé d’avoir ce sentiment qu’un album récent, s’il était sorti 20 ou 30 ans plus tôt, avait tout pour devenir un classique. C’est exactement l’impression que j’ai eu dès les premières écoutes de ce « Point Of Impact » qui comblera sans aucun doute tous les amoureux d’un heavy chiadé, mélodique mais gardant une certaine agressivité et surtout débordant d’un feeling à tous les niveaux que beaucoup rêveraient d’approcher. Un quasi sans faute qui me laisse plus qu’impatient pour la suite.
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