Herscher - Herscher
Chronique
Herscher Herscher
Je dois la découverte d'Herscher à un pur hasard, l'achat impulsif de leur premier EP, éponyme, directement au batteur. Les dépenses effectués sur un coup de tête, ce n'est pas vraiment mon truc (budget serré oblige), mais la pochette typée "old school" et cette grosse typo qui bavent me susurraient des mots doux à l'oreille, entre deux promesses de coups de pied au cul. Car si la formation est originaire de la terre du pneu et des fromages fins, elle sentait plus le caoutchouc brûlé et la graisse qu'autre chose. A cette époque, Herscher consiste en un duo basse/batterie et se complaît dans un Doom/Stoner de bonne facture qui, sans être le produit de la décennie, possédait le groove et la lourdeur nécessaires pour briser quelques nuques. Le groupe est ensuite sorti de mon radar pendant quelques années, et c'est avec plaisir et curiosité que je le retrouve transformé en trio, en cette année 2015, défendant leur premier album. Se revendiquant maintenant Noise, dôté d'un claviériste tout neuf, "Herscher", en six titres, tient sa promesse d'offrir quelque chose d'encore plus lourd que ses premiers essais.
J'en vois pâlir certains à la vue du mot "Noise", que l'on peut coller à ce premier long-jeu. Qu'ils se rassurent, le rythme irrésistible et le côté Stoner des compositions du premier EP n'a pas disparu. Il a simplement été dilué à d'autres influences. La base même d'Herscher, c'est ce duo basse/batterie, mis en relief par une production exemplaire. La frappe est costaude (même si les rythmiques sont parfois un peu au fraises, en témoigne celle du milieu de "Old Lands", titre d'ouverture), les vrombissements de la quatre cordes enveloppent l'auditeur, le font vibrer de la tête au pieds. L'apparition d'arrangements au clavier, et de cette voix d'outre-tombe, aussi grave que menaçante, apportent à un socle somme toute assez classique un regain d'ambiance, encore plus de matière à la musique du combo. L'auditeur traverses des paysages désolés, dessinés par ces longs bourdonnements Drone sur "Skull's River", ou par les arrangements et la rythmique imposante de "Apocatastase", montée en puissance qui happe l'esprit pour ne plus le relâcher.
Plus que "du bruit pour du bruit", Herscher se pare ainsi d'une teinte presque psychédélique, quasi-électronique, autant de changements qui confirment que le groupe cherche à muer, évoluer pour rendre leur musique à chaque fois plus percutante. Loin d'être un patchwork, l'osmose est parfaite, le mélange réussi. Ceci dit, rester dans la configuration du premier EP n'aurait pas permis aux Clermontois de donner naissance à une sortie aussi imposante que celle dont nous parlons aujourd'hui. "Herscher" jouît d'une réelle profondeur, les rythmes répétitifs me faisant l'effet d'un Mhönos : marteler la transe pour la rendre encore plus puissante, hypnotiser l'auditeur, faire en sorte que le disque ne s'écoute pas, mais se vive, nous épuise. Les "fulgurances" que sont "Pétron" et "Bandana" , titres de clôture, réduisent leur durée pour accroître leur vitesse d'exécution, et viennent remuer l'auditeur, encore engourdis par la puissance de la première moitié de l'album. "Herscher" fait varier son propos et évite ainsi toute forme de lassitude, chose assez remarquable au vu de sa durée.
La surprise est de taille, moi qui avait totalement lâché le groupe après leur première sortie. Dans la suite logique de l'EP "Pursuit", découvert à retardement, Herscher signe un premier album d'excellente facture. Plus élaboré, plus travaillé, ouvert à d'autres influences mais sans jamais renier ses racines, cet éponyme tour à tour massif, psychédélique et bruitiste confirme le talent de la formation, qu'à l'avenir, je ne quitterai plus des yeux. Curieux de voir comment ce gros et savoureux morceau se défendra sur scène.
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