Klone - Here Come The Sun
Chronique
Klone Here Come The Sun
La sempiternelle problématique de « l’album suivant » peut devenir piégeuse lorsque l’on entame, non pas le second album ou le troisième, mais bien le cinquième album de sa discographie. Évoluer n’est pas fondamentalement une nécessité mais le public a ses exigences… Pour le groupe Klone, la question ne se pose pas vraiment puisqu’au cours de son parcours, il a prouvé qu’il avait plus d’un tour dans son sac et un beau bagage pour proposer des œuvres musicales aussi riches que variées. Here Come the Sun est pourtant un album que je n’attendais pas. Sincère, sans emphase et fondamentalement brillant, il repousse les limites de mes espérances.
D’abord une image, une pochette insérant l’album dans la continuité ocre de ses prédécesseurs. Le ciel est lourd, encombré, mais laisse passer quelques rayons de soleil sur un lac apaisé. D’étranges et solitaires mats de bois s’élancent de l’étendue liquide tandis qu‘à leur sommet, des individus stoïques viennent troubler cette nature morte hypnotique.
Immersion, le premier titre de l’album et la première chanson dévoilée, annonce dès ses prémices un changement de tonalité : la voix claire prend les devants et tient les rennes de la musique. La prestation de Yann Ligner sera d’ailleurs poignante sur l’ensemble de l’album. Des arpèges de guitares scintillants s’entrelacent avec finesse, mélancolie, puis viennent s’alourdir dans des plaquages d’accords entêtés et entrainant. D’un texte introspectif – « Hand me some space ; Hand me some time » – vient s’échapper un final grandiose couronné par le saxophone de Matthieu Metzger.
Il y a quelque chose d’obsédant dans cet album : une sorte de tristesse sépia, une aura mystérieuse portée par des mélodies lancinantes. Dans Grim Dance par exemple, un passage instrumental voit chacun de ses temps enfoncé et aggravé par la grosse caisse et la basse. Comme s’il fallait les marquer pour ne plus les oublier. C’est également un peu le cas de The Last Experience. Sur ses sept minutes, la chanson développe un crescendo dramatique, débutant de prime abord sur un gimmick de guitares rythmique et qui, s’épaississant, se clôture en un chaos accablant : les mélodies se répètent, se dupliquent et se superposent pour finalement fusionner et devenir une masse bruitiste.
Chapeau bas aux musiciens qui ont su ici développer une musique authentique. Les guitares délicates de Guillaume Bernard et Aldrick Guadagnino servent de corps à la musique. A cela viennent s’ajouter la batterie de Florent Marcadet – impressionnante de justesse sur le passage atmosphérique de The Drifter – et la basse de Jean Etienne Maillard à la rondeur exquise. Symbiose parfaite entre eux, la musique prend vie et Klone signe ici son plus bel album.
Here Come the Sun est un disque à écouter, à réécouter, à ressasser. Faites le votre. Et lorsque vous l’aurez suffisamment possédé, vous sentirez monter du fond de vos entrailles cette mélodie lancinante. Une mélancolie sourde, bruissant aux portes de vos souvenirs.
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