Vanum - Realm of Sacrifice
Chronique
Vanum Realm of Sacrifice
Tout comme Martröð – dans une moindre mesure – Vanum, formation fraîchement créée, a suscité un véritable engouement avant même la sortie de son premier essai. Un fait qui est principalement dû à un line-up de rêve avec K. Morgan, fondateur du label Psychic Violence Records officiant dans Ash Borer et Predatory Light, ainsi que M. Rekevics évoluant au sein de Fell Voices, Vorde et Vilkacis (les deux derniers cités étant ses projets solo). Ce duo explosif va d'ailleurs rapidement trouver un deal pour la parution de Realm of Sacrifice, Profound Lore s'occupant des formats CD et digital et Psychic Violence de la version vinyle prévue pour août. De quoi faire monter la tension d'un cran et l'entretenir au mieux en délivrant dans un premier temps le sublime artwork puis une photo énigmatique du groupe, pour finir avec un extrait prometteur « Realm of Ascension ». Une entrée en matière des plus convaincantes fédérant toujours plus de fans qui se révèle néanmoins à double tranchant, beaucoup pensant tenir là un prétendant au titre d'album de l'année.
Il faut dire que le background de la paire Morgan/Rekevics laisse pantois, donnant à chacun(e) matière à imaginer le fruit de cette collaboration. Pour ma part, les attentes étaient relativement élevées faisant interagir ambient/noise, black atmosphérique typé Cascadian ou encore black metal plus primitif et hypnotique. Bref, les combinaisons possibles étaient nombreuses et franchement attrayantes. Malheureusement pas de cela ici, Vanum vous délivre un black atmosphérique de bonne facture flirtant allègrement avec le post. L'ombre de Altar of Plagues plane sur l’œuvre où viennent se greffer diverses influences telles que le premier album éponyme de Fell Voices – des sonorités à l'imagerie –, mais aussi Drudkh avec des mélodies tant poignantes qu'aériennes – particulièrement sur « In Immaterial Flame ». En résulte de longues plages musicales très immersives toutes en variations, à la fois belles et menaçantes, mises en relief par une excellente production. Cette dernière est le gros point fort de Realm of Sacrifice : sophistiquée, moderne et puissante tout en sonnant de façon naturelle, elle permet un parfait équilibre entre les instruments et donne plus de corps ainsi que de luminosité aux ambiances. Les deux compères ont donc vu juste en confiant l'enregistrement à Andrew Oswald et le mixage à Dan Randall, du fameux Mammoth Sound Mastering (Ash Borer, Fell Voices, Hell, Vitamin X, Iron Reagan, etc.).
La formation pose les bases dès le titre d'ouverture avec une introduction très épurée, montant crescendo, qui cède rapidement sa place à des guitares nerveuses, comme sur le fil, délivrant des riffs harmonieux empreints de mélancolie. Un climat feutré et intimiste s'installe au gré des minutes dont la douce lueur et l'apparente quiétude cachent une menace sous-jacente. Un jeu en clair-obscur jouant avec vos émotions qui vous berce lors des passages lents ou mid tempo faisant la part belle aux atmosphères – comme le début de « In Immaterial Flame » –, vous transcende grâce des accélérations entêtantes et graciles puis vous plonge dans la torpeur par des accès de violence plus ou moins contrôlés – le plus bel exemple étant « Realm of Sacrifice ». Néanmoins cette agressivité, appuyée par un chant plus arraché et rugueux, ne dure jamais trop longtemps, rapidement tempérée par une baisse de cadence ou des riffs plus caressants. Les quatre morceaux de l'album partagent d'ailleurs ces éléments et paraissent sortir du même moule, lassant quelque peu, malgré leurs différentes teintes.
Pourtant, à l'écoute de Realm of Sacrifice il semble régner une certaine logique tant dans la construction des compositions que dans le propos. Le groupe vous entraîne lentement mais sûrement dans ses pas afin de réaliser leur quête mystique durant laquelle vous élevez votre conscience et revêtez votre ancienne peau. Une lutte éreintante et douloureuse rythmée par une musique en dents de scie qui alterne entre accalmies brumeuses et montées épiques – comme sur « Realm of Ascension » –, finissant en apothéose par un sacrifice rituel. En effet, « Realm of Sacrifice » se pose comme l'un des meilleurs titres de l'album – aux côtés de « Realm of Ascension » – grâce à une durée moins longue permettant de gagner en impact, à l'inverse de « In Immaterial Flame » ainsi que « Convergence ». D'ailleurs malgré les qualités de ce premier essai, j'ai du mal à rentrer pleinement dans l'univers de Vanum, décrochant à plusieurs reprises durant ces 41 minutes à cause de moult remplissages – « Convergence » décroche la palme haut la main – et ce sentiment de déjà entendu. Et ce n'est pas le côté très carré, propret et lisse qui renversera la donne.
Dommage qu'il manque un petit quelque chose à ce premier essai, de la folie, une personnalité plus marquée. Toutefois les qualités sont évidentes avec un travail extrêmement ciselé, notamment au niveau des ambiances, délivré par le duo – qui est passé maître dans cet art. Realm of Sacrifice est une œuvre intrigante, recommandée aux fans de Ash Borer et de Fell Voices mais aussi aux amateurs et amatrices de black atmosphérique raffiné qui, sans nul doute, passeront au-delà des quelques défauts évoqués plus haut.
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