The Saddest Landscape - Darkness Forgives
Chronique
The Saddest Landscape Darkness Forgives
On finit par ne plus compter les bananes qu'a envoyé The Saddest Landscape dans la dernière décennie. Des débuts purement affiliés à la légende Screamo (formé en 2002 ce qui en dit long sur l'expérience du combo) maintenant réunis sur la très agréable compilation « All Is Apologized For. All Is Forgiven » au dernier album en date
(« You Will Not Survive » assurément un chef d’œuvre du genre dont je reparlerais ici quand le temps sera venu), les Américains n'auront eu de cesse de repousser les limites de leur propre genre et mieux encore : de s'améliorer en franchissant un cap à chacune de leur sortie. Une discographie d'ailleurs longue comme le bras qui fait la part belle aux Splits, E.P et autres produits atypiques chers à l'underground Screamo. C'est donc avec un nouvel album sobrement intitulé « Darkness Forgives » que nous reviennent les quatre musiciens en cette année 2015. Un disque d'ors et déjà teasé depuis quelques temps puisque Topshelf Records avait sorti un en Septembre un EP limité à cinquante pièces nommé « Souls Worth Saving », sorte de single aux allures de mise en bouche.
C'est donc sans surprise que l'on retrouve sur « Darkness Forgives » une esthétique très similaire à celle de « Souls Worth Saving » toujours très réussie, ce qui ne change pas tant The Saddest Landscape nous a habitué à proposer des objets de qualité. Le titre « Souls Worth Saving » quant à lui figure ici en deuxième position de la tracklist et ceux qui l'ont apprécié ne devraient pas être déçu par cette nouvelle livraison tant elle offre - une fois de plus - un angle différent à la musique du combo. Loin des décharges Emoviolence de leurs premières sorties, « Darkness Forgives » s'étend sur une durée conséquente de quarante minutes (enfin, « conséquente » pour un album de Screamo) avec des pistes qui n'hésitent pas à flirter avec les cinq minutes. On sent que les compositions du groupe ont été assemblées d'une manière plus réfléchie. Là où certaines formations auraient fait trois morceaux avec le même nombre de riffs, The Saddest Landscape choisit une voie plus progressive et on se retrouve donc nez-à-nez avec des morceaux d'équilibristes. Aussi à l'aise pour faire parler la poudre (« Til Our Ears Bleed » et son départ canon) ou pour poser des ambiances plus feutrées, « Darkness Forgives » se paye de luxe de pouvoir élargir sa palette émotionnelle au travers de cette manière de composer assurément plus mature.
Mais ce n'est pas tout puisqu'on remarque très vite que « Darkness Forgives » s'avère être un disque plutôt agressif, la faute à cette production dirigée par l'architecte Jay Maas, membre de Defeater. Le détail le plus marquant étant sans doute l'accent mis sur une basse beaucoup plus grasse qu'à l'accoutumée, rendue encore plus agressive par une bonne couche de distorsion. On notera aussi une batterie sèche et précise qui se révèle idéal pour offrir un feeling plus punchy à l'ensemble. Un regain de violence donc qui se retrouve également au travers d'autres choix comme cette voix qui – si elle est toujours gorgée d'émotions – met l'accent sur une énergie purement Punk et rentre-dedans. Le vocaliste de The Saddest Landscape, Andy Maddox, a toujours été responsable d'une grande part de leur succès à mes oreilles et il faut croire que ce brave homme est aussi à l'aise dans un registre tremblotant (comme sur
« You Will Not Survive ») que dans ce nouveau style plus Hardcore et direct. Et puis aussi, même si c'est plus anecdotique, les plus perspicaces d'entre vous auront remarqué cette double pédale qui déboule sans prévenir sur le final de « You Never Asked ». Une nouveauté servant à appuyer les bribes gentiment chaotiques de ce nouveau disque qu'on peut presque affilier à une version plus clean du
« IV » de Loma Prieta.
Plus violent, « Darkness Forgives » l'est à coup sûr, ce qui ne veut pas dire que les musiciens n'ont pas fait leurs emplettes dans d'autres genres au passage. Les guitares claires sont un bon exemple d'une nouvelle influence que je n'avais jamais sentie chez la formation. Sur le break central d' « Archival », le départ de « Admitting You're Alive » ou encore au tout début de « All Grace Intact », les quelques notes disposées ici sonnent clairement à la manière d'un Siouxsie & The Banshee, avec cet effet de Chorus typiquement Post-Punk des années quatre-vingt apportant une petite touche personnelle et rendant ces instants plus remarquables que chez le groupe de Screamo moyen. Même si c'est un poil plus discret, on peut aussi s'amuser à compter quelques toutes petites réminiscences de Math-Rock sur certains riffs, essentiellement de courtes bribes qui servent à enchaîner deux mouvements au sein d'un même titre. Bref, tout ça c'est bien gentil mais ce qu'il est important de noter, c'est que « Darkness Forgives » nous fait la démonstration d'un groupe qui arrive une fois de plus à enrichir sa musique. The Saddest Landscape confirme avec cette nouvelle production qu'il est plus qu'un simple groupe culte seulement propulsé sur le devant de la scène à cause de son statut quasiment historique. Bien au contraire, nous sommes à chaque fois cloués par les très légères innovations savamment incorporées à une recette qui continue de nous bluffer.
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