Magic Circle - Journey Blind
Chronique
Magic Circle Journey Blind
Ayant déjà produit mon lot de vieilleries incontournables pour les semaines à venir avec les chroniques de Repulsion, Grotesque et Type O Negative, il me fallait pour marquer ma 400ème chronique au sein de ce fantastique webzine qu’est Thrashocore un album capable de se hisser aujourd’hui parmi les meilleures sorties que compte cette année 2015 pourtant déjà bien chargée en la matière. Pour ce faire, j’ai donc choisi de m’intéresser au deuxième album des Américains de Magic Circle qui après un premier essai éponyme déjà particulièrement réussi élèvent d’un cran leur mélange de Heavy Metal et de Doom pour un résultat digne de la plus haute marche du podium de fin d’année.
Encore bien peu connu parmi les amateurs de ces deux genres respectifs, attardons-nous un petit peu par la case présentation ici de rigueur. Magic Circle est un groupe américain formé en 2011 et originaire de la région de Boston dans le Massachusetts. Jusque-là, rien de bien intéressant. Ce qu’il y a toutefois de beaucoup plus surprenant, c’est le parcours de ces cinq musiciens. En effet, tous sont connus pour leur participation active au sein de la foisonnante scène Punk/Hardcore de Boston. On trouve ainsi dans les rangs de Magic Circle des membres de The Rival Mob, Mental, Boston Strangler, Mind Easer, Battle Ruins… Et parmi ces cinq musiciens se trouvent notamment Brendan Radigan et Justin DeTore à qui l’on doit d’autres groupes également bien éloignés de cette scène Punk/Hardcore à l’image de Stone Dagger (Heavy Metal) et Innumerable Forms (Death Metal). Bref, un CV particulièrement étonnant mais suffisamment évocateur pour ne laisser aucun doute planer quant à la qualité des compositions de Magic Circle.
Et si les Américains, à travers ce premier album paru en 2013, nous avaient déjà montré à quel point ils pouvaient être légitimes dans la pratique d’un Heavy Metal / Doom à l’ancienne, Journey Blind nous montre à quel point Magic Circle déborde aujourd’hui d’assurance. Cela passe en premier lieu par un artwork somptueux signé Joe Petagno (responsable d’une tripotée de pochettes pour Motörhead et ayant collaboré également avec des artistes tels que Mammoth Grinder, Autopsy ou encore Angelcorpse) datant de 1979 et resté étonnamment inutilisé jusqu’à aujourd’hui. Un travail remarquable, témoignant de par sa date de conception d’une certaine vision de l’illustration de science-fiction et d’heroic-fantasy dans les années 70 et, dans le cadre de cet album, capable de transmettre à travers quelques coups de pinceaux et ces couleurs bleutés la nature épique et grandiose de ces sept compositions.
Car c’est bien là la force de Magic Circle, être capable d’embarquer dès les premières secondes l’auditeur pour un long voyage fait de paysages à couper le souffle, de terres lointaines et imaginaires, de peuplades étranges et de croyances occultes. Pour cela, rien de plus simple que de fermer les yeux et se laisser happer par le contenu de ce Journey Blind. Tout d’abord grâce à cette production volontairement datée et donc tout à fait à propos. Un son dépouillé, rachitique et rugueux rappelant celui de ces albums parus durant les années 70 et 80. Un son chaud, naturel et organique conférant une atmosphère délicieusement vintage et poussiéreuse à ces titres qui pourraient très bien avoir été enregistrés il y a plus de trente ans. Rien d’ostentatoire mais des instruments aux caractères bien trempés. Car entre ces riffs abrasifs, ces lignes de basse toutes en rondeurs, ces frappes sèches et naturelles ou encore cette voix mélodique et assurée, il n’y a aucun doute quant à la volonté de Magic Circle de créer quelque chose qui lui appartient tout en respectant les standards d’une époque aujourd’hui révolue.
Mais il n’y a pas que la production qui participe de ce voyage merveilleux. En effet, Journey Blind et plus généralement Magic Circle ne serait pas grand-chose sans la qualité des riffs du duo Chris Corry/Dan Ducas et la voix mélodique et conquérante de Brendan Radigan. Les premiers se révèlent ainsi particulièrement à l’aise pour passer de séquences dynamiques et entrainantes rappelant le meilleur de la NWOBHM ("Journey Blind" à partir de 2:07, "The Damned Man" à 0:26, "A Ballad For The Vultures" à partir de 3:50, le redoutable "Lightning Cage" et ses riffs à vous casser la nuque, "Ghosts Of The Southern Front", "Antediluvian" à partir de 3:00) à des passages plombées et beaucoup plus sombres hérités naturellement de Black Sabbath (la seconde partie de "The Damned Man" à partir de 2:16, "Antediluvian") ou bien de Candlemass et surtout Pagan Altar lorsque ces derniers se montrent plus épiques ("A Ballad For The Vultures" jusqu’à 3:50, la seconde partie de "Ghosts Of The Southern Front" à partir de 2:38, "Grand Deceivers"). A ces riffs conquérants et hyper accrocheurs vient s’ajouter une tripottée de solos tous plus inspirés les uns que les autres. Un festival de leads/soli mélodiques et épiques ("Journey Blind" à 5:58, "The Damned Man" à 1:53, "A Ballad For Vultures" à 1:30, 5:12 et 5:40, "Lightning Cage" à 3:07, "Ghosts Of The Southern Front" à 5:48, "Grand Deceivers" à 0:35 et 3:33 et enfin "Antediluvian" à 4:28) dont la force évocatrice vous renverra sans trop de difficulté à vos imaginaires respectifs en matière d’heroic-fantasy.
Là-dessus vient se poser la voix de Brendan Radigan qui depuis le début de Magic Circle a toujours eu le bon goût de ne pas tomber dans certains clichés inhérents à ce style de musique, notamment ces montées dans les aiguës souvent inutiles et insupportables. Ainsi, malgré la nature mélodique de ses lignes de chants, c’est une voix âpre et rugueuse qui vient nous conter ces histoires étranges, folkloriques et merveilleuses constituant la base de cet univers dans lequel évoluent aujourd’hui les Américains et contribuant, même discrètement, à l’élaboration de cette atmosphère épique et occulte.
Digne successeur de Magic Circle paru en 2013, Journey Blind réussi même à le surpasser grâce à des riffs un poil plus efficaces et accrocheurs et à une dynamique plus appuyée. Pour ma part, j’apprécie également beaucoup le traitement et la couleur donné à cet album dont la production volontairement maigrelette et poussiéreuse insuffle à ces compositions une certaine authenticité plongeant l’auditeur dans le meilleurs des années 70 et 80. Avec son mélange de Heavy Metal traditionnelle et de Doom épique, Magic Circle offre à ses auditeurs un album cohérent et surtout extrêmement prenant. Difficile en effet de ne pas se laisser accrocher par ces titres épiques et entrainants. Une suite particulièrement réussie qui ne déçoit pas un seul instant et devrait ravir tous les amateurs de Doom et de Heavy Metal.
| AxGxB 24 Novembre 2015 - 1612 lectures |
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