5 ans. C’est la période qu’il avait fallu attendre entre
Europa et
Chants d’hier, Chants de guerre, Chants de la Terre. C’est celle qu’il aura aussi fallu pour découvrir
Wyrd.
Et pour être franc avec vous, je l’attendais au tournant. Je n’avais pas apprécié la direction empruntée par le précédent, que j’avais chroniqué à l’époque pour nos camarades de Postchrist, et cela avait fait bondir Zahaah, le leader de la formation française. J’avais pourtant pris les gants nécessaires et pesé mes mots, bien expliqué ce qui ne me plaisait pas, et précisais aussi que le tableau n’était pas complètement noir. Voici un peu ce que je concluais à l’époque :
« HIMINBJORG a développé un concept fort. On sent que les artistes vivent ce qu'ils racontent. Ils sont sincères, mais l’auditeur qui ne partage pas les mêmes convictions trouvera l'ambiance parodique ou clichesque. Il aura plus l’impression d’écouter des messages de propagande opposés à la mondialisation ou une tentative de faire revivre une "âme celte" en musique plutôt qu’un album de pagan / celtique black metal. Beaucoup resteront de marbre face à ce résultat. De rares, qui parviendront à plonger dans leurs discours, pourraient se laisser envahir par la musique, originale et avec une réelle identité. Il faudra donc mettre de côté les préjugés. »
Et encore maintenant, j’ai l’impression d’écouter un album qui mise trop sur le concept, au détriment des compositions. Il y avait tout de même trois titres qui me parlaient plus, car avec plus d’éléments black, et donc plus proches des albums précédents : « Convictions », « Songes de l’Elfe » et « Destin de sang ». Le reste n’était pas pour moi et j’en faisais part en tant que véritable fan. J’écoutais le groupe depuis longtemps et il me semblait plus honnête de donner ma véritable opinion en tant que tel plutôt que de brouter bêtement l’herbe qui m’était tendue. J’espère donc que mon interlocuteur de l’époque a digéré ma position. Il devrait apprécier un peu plus celle d’aujourd’hui vu que je vais être plus élogieux.
Mais avant tout, un petit coup d’œil sur le line-up. Zahaah a repris contact avec Kahos. Le batteur faisait partie du groupe pour l’excellent
Golden Age (2003) et
Europa (2005). Il remplace ainsi John qui n’aura pas fait long feu... Les autres musiciens ne sont que des invités. Il s’agit d’amateurs d’instruments traditionnels. Le premier est Christophe Morvan, cornemuseur connu pour avoir été membre de
SOLDAT LOUIS ! Les gens de ma génération doivent se souvenir de « Du rhume des femmes » :
Baptiste Labenne est quant à lui joueur de boha. Il officie dans le groupe
BOISSON DIVINE, dont voilà un petit extrait avec un titre de 2013 :
C’est bon, vous avez tenté d’écouter ces deux groupes ? Eh bien j’ai une bonne nouvelle, le résultat sur ce
Wyrd n’a rien à voir ! Ouf, personnellement j’ai eu peur avec ce genre d’invités que
HIMINBJORG se soit encore plus enfoncé dans la forêt des mélodies magiques, du Futhark hallucinogène, des ambiances trop spé pour ma santé mentale. D’autant plus que l’introduction de moins de deux minutes aussi fait peur avec son biniou, ses bruits de petite rivière traversant la paisible forêt et surtout le retour des incantations déclamées en français : « J’en appelle à l’esprit de mes pères. J’en appelle à l’esprit de l’eau et j’en appelle à l’esprit de la terre ! Waaaah, waaaah, waaaah ». Ça s’annonçait mal et j’étais loin d’imaginer la mandale qui allait arriver : un retour aux origines, dans les grandes lignes tout du moins.
Les deux premiers titres font tout de suite très mal. « The Sword of Dignity » et « The World of Men Without Virtue - The Circle of Disillusion » signent le retour sont du pur old-
HIMINBJORG. Pour ceux qui ne connaissent pas, ils peuvent avoir une légère idée en imaginant le croisement entre
BELENOS et
KAMPFAR... On revient à de la force, à de la puissance, à des vocaux majoritairement graves et sans fautes de goût... à un résultat black épique. On en prend plein dans les esgourdes. Rien que pour ces deux titres, je vais allumer un cierge en l’honneur de Saint Zahaah ! Cette rage qui manquait tant sur les
Chants blah blah blah, elle reste cette fois-ci tangible sur tout l’album mais à des degrés divers, s’habillant parfois de folk / pagan / celtique. Ainsi, les cornemuses s’invitent et jouent les héroïnes sur « The Circle of Warriors » et « Initiation ». Mises en avant, elles ne s’éternisent pas non plus et sont encore entourées d’un esprit guerrier qui confère des atmosphères sombres idéales. Elles se laissent par contre un peu trop aller sur l’intermède de 3 minutes « Another Shore », un instrumental dispensable qui aurait mieux eu sa place en toute fin, comme outro.
Par contre le groupe n’a pas tenu à maintenir un rythme endiablé tout du long et « The Shamanic Whisper » et « The Eternal Light » font plus dans la douceur. Ils empruntent quelques pistes musicales différentes, plus planantes. Je regrette que sur ces pistes la sagesse ne se transforme pas en hargne, ne serait-ce qu’un court moment. C’est ce qui me fait perdre un peu d’attention à la fin de l’album.
A noter enfin que sur l’ensemble de l’album des chœurs qui accompagnent bien les grognements. Ils sont redevenus sont toujours présents, mais ce sont redevenus les vocaux légèrement clairs et mis en fond comme on les appréciait autrefois.
Finalement
Wyrd est bien plus plaisant que son prédécesseur. Il prouve que le groupe en a encore sous le pied. Il retrouve ses meilleurs éléments mais baisse un peu trop le rythme sur son dernier quart d’heure pour atteindre pleinement le niveau de ses aînés.
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