A mon grand regret, je n'ai pas eu le temps l'année dernière de découvrir de nouvelles choses en matière de musique, et encore moins de nouvelles nouvelles choses ce qui m'a valu, une fois encore, un maigre bilan annuel. Mais tout comme le rappelait notre vénéré membre fondateur Chris dans sa chronique fleuve du dernier Insision, la vie est une question de priorités et Riverside fait partie des miennes : il n'était évidemment pas question que je passe à côté de ce nouvel album. Si la chronique a tardé comme vous pouvez le constaster, ce n'est pas uniquement par flemme ou manque de temps : ce sixième album, je l'écoute depuis sa sortie et mon épopée a été pleine de rebondissements. Il m'aura fallu du temps pour le comprendre et pour l'apprécier à sa juste valeur, un voyage qui en valait la peine.
Sans être une véritable déception,
"Shrine of New Generation Slaves" m'avait un peu déçu, surtout après la quasi-perfection de
"Anno Domini High Definition". On y retrouvait un Riverside moins percutant et moins personnel, délaissant son univers au profit de ceux de ses influences, un comble pour un groupe qui a su s'affirmer dès le début par sa trilogie "Reality Dream". Mes premières écoutes de "Love, Fear and the Time Machine" m'avaient amenées aux mêmes conclusions, voire pire. Qu'avez-vous fait de vos guitares électriques et de votre fougue amis Polonais ? Le quartet ose un album majoritairement calme et contemplatif, un choix artistique inattendu qui m'a totalement rebuté au premier abord, m'ennuyant au plus au point. Quelques semaines après sa sortie, je l'ai finalement laissé de côté et commencé à réfléchir à une chronique à la hauteur de ma déconvenue.
C'est finalement en le ressortant quelques temps après que j'ai commencé à l'assimiler et à l'apprécier. Riverside n'est plus à prendre comme ce groupe imprévisible à la frontière entre le rock et le metal progressif : plus les années passent, plus le propos s'assagit et dérive vers un folk/rock atmosphérique rappelant fortement les travaux de Steven Wilson, d'Anathema et d'Antimatter. Moins à l'aise dans les passages les plus électriques, il s'illustre avant tout dans l'expression de la mélancolie où les guitares acoustiques, la piano et le sublime chant de Duda se feront un malin plaisir à arracher toutes les larmes de votre corps. A l'instar d'un Anathema justement, le combo s'est désormais réfugié dans une musique d'une telle simplicité, d'une telle naïveté qu'il en émane un sentiment de pureté et de plénitude qui semble universel, à défaut d'être original.
Comme je le disais plus haut et comme le laissait présager leur précédente oeuvre, Riverside ne surprend plus. Les seules expérimentations qu'on retrouve ici (toutes proportions gardées) seront à aller chercher du côté des sonorités électroniques qui parsèment l'ensemble, plutôt bien vues et de très bon goût évidemment. Au final, jamais les Polonais ont été aussi linéaires, notamment en seconde partie d'album. Est-ce réellement dommage ? Quelque part oui, en ce qui me concerne. Toutefois, ces musiciens sont bien trop doués pour s’encroûter et réservent encore assez de petites subtilités rythmiques et mélodiques pour ajouter quelques niveaux de lectures qui viendront prolonger le plaisir de découverte et d'écoute. Rien n'illustre mieux tout ceci que la seconde partie de "Saturate Me" qui commence comme du rock progressif de papy pour enchaîner à 2'00 sur un des plus beaux moments de bravoure de leur carrière. Toute la musicalité et le feeling de ce fantastique groupe concentré en 5 minutes.
Voir autant de lumière émaner d'un album de Riverside brûle les yeux. Mais une fois vos lunettes de soleil sur le nez, vous pourriez vous laisser émouvoir par la beauté nue d'un simple levé de soleil. Car "Love, Fear and the Time Machine" c'est juste ça, un nouveau départ, une chaleur timide qui vous réchauffe le coeur, une pensée pour ceux qui ne sont plus là, une promesse pour ceux qui restent, la BO d'un avenir meilleur. Pas une révolution et tant pis puisqu'on s'y sent si bien.
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