Réglés comme des horloges depuis leur retour il y a bientôt 10 ans, les Anglais se sont accordés un peu plus de temps pour concevoir le successeur de
"Distant Satellites". Une année supplémentaire et une sortie 3 ans jour pour jour après le précédent album, le groupe reprend la voiture laissé en 2001 devant cette plage déserte. "The Optimist" prolonge l'histoire de ce personnage à la santé mentale fragile qui va essayer de reprendre le dessus sur sa vie. Une histoire magnifiquement illustrée par le grand Travis Smith et magnifiquement interprétée par une formation dont le talent n'est plus à démontrer.
"The Optimist" est trompeur, même plutôt ironique car rien ici n'est réellement positif. On sentait déjà la nuit tomber sur
"Distant Satellites" ; ce nouvel album en reprend les couleurs en y remplaçant son côté onirique et contemplatif par une bonne dose d'urgence que l'on n'avait plus entendu depuis bien longtemps dans leur musique. Ce sentiment est renforcé non seulement par des compositions résolument plus rock et directes mais également par un enregistrement majoritairement live dont l'énergie s'en ressent vraiment sur le résultat final. Moins d'effets et d'arrangements qu'à l’accoutumé donc, tout juste quelques cordes ou encore quelques touches d'électronique bien senties comme sur l'explosive ouverture "Leaving It Behind" ou la superbe instrumentale "San Francisco". Au lieu de ça, le groupe s'emploie à faire évoluer les atmosphères tout au long de ces 58 minutes, dépeignant un road trip torturé entre fuites, errances et reconstruction. A cette image, l'ensemble se révèle du coup assez hétérogène, capable de passer du rock alternatif ("Leaving It Behind") à des titres aux progressions typiques du groupe ("Endless Ways", "Springfield"), d'une accalmie instrumentale ("San Francisco") à une pause jazzy ("Close your Eyes"), d'une pièce pleine de mélancolie ("Ghosts") à une conclusion folk/rock US étonnemment lumineuse ("Back to the Start")... avec la grâce et la musicalité qui a toujours caractérisé la musique des Anglais. Car bien sûr, "The Optimist" est beau et touchant, intimement personnel et d'une naïveté émotionnelle brute.
S'il peut paraître différent au premier abord comparé à leurs récentes productions, ce nouvel album ne l'est au final pas tant que ça au regard de leur oeuvre. Ceux qui suivent la formation depuis le départ de Duncan Patterson devraient y voir un prolongement de l'époque
"A Fine Day to Exit" (2001) /
"A Natural Disaster" (2003) avec l'équilibre d'aujourd'hui, notamment au niveau du chant qui place désormais Vincent et Lee sur le même plan. Côté instrumentation, à l'exception de l'intégration d'une trompette sur "Close your Eyes", rien n'a changé : le feeling de ces musiciens laisse toujours aussi pantois et ce duo vocal... Une merveille. On regrettera juste un Danny un peu en retrait et dont les leads manquent à cet album. Pour le reste, le groupe applique la plupart du temps sa recette habituelle en proposant des titres tournant autour de 5 minutes construits sur une intensité progressive, partant d'une intro calme et minimaliste pour intégrer les autres instruments au fur et à mesure. Pas vraiment de surprise sur la forme, du Anathema quoi.
Difficile de piocher un morceau qui le caractérise plus qu'un autre, "The Optimist" raconte une histoire et représente un tout. On se laisse porter et transporter dès les premières minutes par ce voyage aussi prenant qu'émouvant. Toutefois, n'attendez rien de transcendant ou de réellement marquant durant cette heure ; le gros défaut de cet album est finalement de n'être que bon, au milieu d'une discographie qui compte des oeuvres telles que
"Judgement", "A Fine Day to Exit" ou plus proche de nous
"Weather Systems". Un disque qui ne parquera probablement pas l'histoire du groupe mais dont il n'aura pas à rougir pour autant.
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