Depuis ma (re)découverte tardive d'Anathema en 2008 avec
"Hindsight", j'ai remonté tranquillement leur discographie jusqu'en 1998 à ce jour. Tout en ayant apprécié chacune des productions des anglais, j'ai toujours ressenti comme une petite déception, un manque de constance dans l'écriture, dans les émotions. Au risque de me faire frapper, même
"Alternative 4" et
"A Fine Day to Exit" considérés comme 2 chef-d'oeuvres du groupe n'échappent pas à cette impression. Cependant, au cours de ma remontée dans le temps, pour une raison que je ne m'explique pas, j'avais écarté leur cinquième album "Judgement". Une grossière erreur puisqu'après de nombreuses écoutes, il s'inscrit pour moi comme une véritable révélation.
Sorti un an seulement après
"Alternative 4", "Judgement" voit tout d'abord l'arrivée d'un line-up totalement chamboulé : aux côtés des frères Cavanagh, Shaun Steels (batterie) et Duncan Patterson (basse) sont respectivement remplacés par John Douglas (de retour) et Dave Pybus qui ira rejoindre Cradle Of Filth deux ans plus tard. Ces changements n'ont sans doute rien d'anodin puisque ces nouvelles recrues ne tarderont pas à participer à l'écriture et à l'enrichir de leur background musical. L'évolution d'Anathema s'accélère et bien que "Judgement" reste dans la lignée de
"Alternative 4" à savoir un rock froid et mélancolique, on sent déjà basculer leur style vers une musique plus atmosphérique. D'une manière générale, si l'on écarte les quelques accès de rage ("Pitiless" et "Judgement" principalement), le tempo descend d'un palier, les guitares électriques se font moins envahissantes au profit de l'acoustique et les compositions gagnent en subtilité. Tout se joue souvent sur quelques notes, quelques accords d'une rare beauté distillés par les guitares ou les claviers et accompagnés par le chant de Vincent dont la profondeur frise désormais la perfection.
La première partie de l'album reste assez classique pour du Anathema mais n'en demeure pas moins excellente. L'enchaînement "Deep" / "Pitiless" / "Forgotten Hopes" / "Destiny Is Dead" parle de lui même, contenant à lui seul un grande partie des plus beaux passages que j'ai pu entendre du combo anglais. "One Last Goodbye", hymne à la défunte mère des frères Cavanagh, possède également une aura particulière qui m'avait marqué lors de ma découverte de
"Hindsight", un morceau profondément triste et d'une touchante sincérité. A partir du très beau piano voix "Parisienne Moonlight" (duo Daniel Cavanagh / Lee Douglas), l'album change de visage et prend une tournure plus sombre et/ou progressive. Le titre "Judgement" dans son arrivée subite et sa montée en puissance renforce la cassure opérée par "Parisienne Moonlight" et prépare le terrain pour la suite ; en effet, le trio "Don't Look Too Far" / "Emotional Winter" / "Wings of God" dans ses tonalités très progressives, apporte une variation intéressante de la musique d'Anathema que l'on n'avait pas encore eu l'occasion d'entendre pleinement. Grâce à cette réorientation en milieu d'album, ces 56 minutes ne lassent à aucun moment l'auditeur, allant de pair avec une qualité de composition exceptionnelle de bout en bout.
Jamais la musique d'Anathema ne m'avait autant touché et marqué. J'ai beau chercher, je ne vois rien à reprocher à cet album. Les frères Cavanagh sont parvenu à insuffler à "Judgement" toute la puissance et les émotions engendrés par le décès de leur mère, dans un recueillement d'une extrême simplicité et sincérité. L'album se conclue sur une instrumentale posée et lumineuse ("2000 & Gone") qui contraste avec l'ensemble de l'album et semble vouloir apporter une lueur d'espoir dans la mort, une sensation de plénitude qui vous envahira sûrement au bout du voyage que représente cet album.
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