We're Here Because We're Here a tout de la traversée du tunnel pour Anathema, un trou noir de sept ans (voire plus, au regard du décevant
A Natural Disaster) où l'avenir semblait incertain après un départ de leur précédent label et un
Hindsight qui sonnait comme un best-of réarrangé, l'occasion de tirer un trait sur le passé. Seulement, ce retour ne fait pas que combler une absence trop longue. Il montre que le trait est bel et bien tiré, les peines enterrées et le terrain propice à un nouveau départ.
Anathema a changé. Il ne regarde plus en l'air de cet œil interrogateur, triste d'un appel sans réponse. Après tant de questions rageuses puis fatiguées, il a enfin accepté qu'il n'y en ait aucune et que le ciel ne soit là que pour partager son bleu serein et ses rayons chaleureux. La musique transmet ce ressenti diaphane, transparent et lumineux. Si les anglais continuent à jouer un rock atmosphérique dans la lignée entamée par
A Fine Day To Exit, les lignes de piano croisant des guitares aériennes portées par la voix de Vincent Cavanagh (« Everything », « Dreaming Light » et son final que n'aurait pas renié Mono), l'agencement général voulu par le groupe et leur producteur se veut désormais heureux et sage. Les changements notables sont à chercher du côté de la batterie plus rythmée qu'auparavant et contrastant avec le calme régnant à la surface des compositions (« Summernight Horizon »), et de l'orchestration, bien plus travaillées. Avoir Steven Wilson à la barre permet au groupe de laisser libre cours à des arrangements présents jusque dans les moindres recoins, faisant de cet album un disque à la fois simple en apparence et fourmillant d'idées décelables au fil des écoutes (la basse de
« Hindsight » ou la montée en puissance Pink Floydienne et faussement brute de « A Simple Mistake »). A ce titre, les violons venant soutenir la voix fragile de Vincent sur « Universal » montrent qu'Anathema n'est plus le groupe délicieusement bancal que l'on entendait sur des œuvres comme
Judgement. La seule maladresse se situe à mon sens sur le morceau « Get Off, Get Out » où la musique s'emballe dans le vide, là où elle réussissait jusque-là à rendre harmonieuse cette tension entre rythmes prenants et lignes volantes. Une chanson où le corps de Porcupine Tree plane, à en faire de l'ombre à la personnalité d'Anathema.
Mais ce qui fait particulièrement plaisir lors de l'écoute est cette impression que les créateurs de
Alternative 4 pansent leurs plaies devant nous, sans oublier de guérir les nôtres. Répétons-le à n'en plus finir : Anathema va mieux et cette pensée est agréable quand on a suivi le groupe de la dépression de
The Silent Enigma au suicide symbolique de
A Fine Day To Exit. Il est un groupe dont le visage humain transparait à travers chaque note jouée (souvenez-vous de « One Last Goodbye ») et si la peine n'est pas éteinte (« Angels Walk Among Us » et son refrain à la mélancolie sous-jacente), elle vise un nouveau but : la paix, dont la chaleur irradie l'heure que dure ce disque. La performance de la chanteuse Lee Douglas est d'ailleurs à souligner, sa voix pure et profonde véhiculant parfaitement ce calme apaisant, comme sur « Presence » par exemple (morceau qui est le pilier de
We're Here Because We're Here mais je n'en dirais pas plus, histoire de laisser le plaisir intact). Mais tout cela fait aussi que j'écoute cet album occasionnellement. Étant plutôt porté sur les musiques sombres, la légèreté de celle chroniquée ici prend tout son sens dans un contexte où je suis prêt à recevoir son message. Autrement, un certain ennui pourra poindre, voire le sentiment que le groupe en fait parfois trop (sur « Dreaming Light » par exemple).
Forcement, cet album décevra ceux qui recherchent encore en Anathema une musique pour les heures sombres. Il pourra rebuter des personnes qui penseront que ce virement vers une musique positive revient à vendre son cul au marché. D'ailleurs, il est possible que cet album plaise à pas mal de monde. Peut-être. Tout ce que je sais, c'est que hier soir je me suis baladé en ville avec la chaleur sur le front, les gens autour de moi et cet album dans les oreilles. Et je me suis senti bien.
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