Décidément, depuis
"Hindsight", on n'arrête plus Anathema. Non content de maintenir une fréquence d'une grosse sortie par an, le groupe ne faiblit pas d'un iota et continue de proposer des oeuvres de qualité, la dernière en date étant le live "Universal" dont il faudrait que je vous parle un jour. On n'attend donc plus les Anglais, ce sont eux qui viennent à nous et en toute logique, à peine deux ans après le fantastique
"Weather Systems", une nouvelle offrande est délivrée au monde, un cadeau qu'il convient d'accueillir à coeur ouvert.
On dit, probablement à juste titre, qu'un des hauts lieux de l'expression de la bêtise humaine se trouve dans les commentaires Youtube. J'y ai pourtant trouvé la description la plus juste pour désigner la musique d'Anathema : "Music from Heaven", tout simplement, exactement ce que je ressens lorsque je m'y abandonne. Je ne connais aucune autre formation capable de produire quelque chose qui respire autant la pureté et l'innocence, aussi bien dans la contemplation que dans la douleur. Des émotions brutes et sincères, "Distant Satellites" en déborde à l'instar de son grand frère
"Weather Systems" dont il reprend les schémas. Sur la structure de l'album tout d'abord, bien qu'elle soit découpée en trois, l'ouverture "The Lost Song" vous rappellera à coup sur "Untouchable" déclinée en une partie rock et une partie plus atmosphérique. S'installe ensuite une lente montée en puissance jusqu'à l'explosion "Anathema" et son solo cavanesque à la "The Beginning and the End". Le voyage se termine sur des notes plus diffuses avant un dernier feu d'artifice "Take Shelter" bien que plus rythmé que "Internal Landscapes". La structure des morceaux prolonge également les travaux précédents : au lieu de l'éternel complet/refrain, le groupe privilégie les progressions et même si on reste la plupart du temps sur un thème unique, à aucun moment un sentiment de répétitivité se fait ressentir. Sur la forme enfin, pas de réelle nouveauté. Le duo vocal Vincent / Lee continue de faire des merveilles sur des compositions hétérogènes d'une grande richesse construites autour des guitares et des claviers ; ces derniers se font d'ailleurs plus présents, donnant un petit cachet
"Falling Deeper" à l'ensemble.
Toutefois, n'allez pas croire que "Distant Satellites" n'est qu'une pâle copie de
"Weather Systems", au contraire. Dès les premières notes, on sent que les choses seront bien différentes. Si le précédent album évoluait dans une atmosphère incroyablement lumineuse, ce nouvel essai propose une expérience nocturne. Par *nocturne*, je n'entends pas *sombre* car Anathema demeure infiniment positif ; il faut plutôt y voir une balade guidée par la lune avec ce qu'il convient de fraîcheur et de mélancolie. Moins épuré, moins naturel, leur style retrouve quelques réminiscences du passé, des sonorités de claviers plus abruptes de leurs débuts aux accès de violence à peine contenus de "A Fine Day to Exit
" / "A Natural Disaster" ("You're not Alone") mais va également de l'avant en s'adonnant à quelques expérimentations sur le superbe enchaînement "Firelight" / "Distant Satellites" par exemple, mélange d'ambient, d'electro et de pop. L'artwork et le titre choisi prennent alors tout leur sens car les Anglais semblent avoir les yeux tournés vers les étoiles.
Cependant, s'il est musicalement plus recherché que le précédent, "Distant Satellites" se révèle paradoxalement moins bon. Certes plus surprenant, plus audacieux, d'une qualité et d'une beauté incontestable, son approche plus froide et détachée ne parvient pas pour moi à égaler la puissance émotionnelle de la traversée des paysages oniriques de
"Weather Systems". Toutefois, sa différence n'est pas un défaut, ce n'est qu'une question de ressenti et je ne serais pas étonné que certains trouve plus de charme à cette atmosphère rêveuse moins naïve. En tous cas, en dépit du succès critique et commercial de leur retour, on ne pourra pas reprocher au groupe de se reposer sur ses lauriers. Sans marquer d'une pierre blanche leur discographie, ce dixième album propose des perspectives intéressantes pour la suite, mais surtout un saut d'une heure depuis l'espace qu'il serait dommage de ne pas tenter.
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