Je sais que les albums lives n'intéressent pas grand monde si ce n'est les fans et des amateurs d'Anathema justement, ça ne doit pas être le gros des lecteurs de Thrashocore. Moi-même j'avoue être assez réfractaire à ce genre de sorties mais les Anglais savent y faire, indubitablement, apportant systématiquement un élément supplémentaire afin de donner une saveur nouvelle à leurs compositions. En attendant de vous parler un jour de "Universal" joué en compagnie d'un orchestre symphonique, je souhaitais revenir sur cette prestation un peu particulière sortie l'année dernière intitulée "A Sort of Homecoming". Les revisites acoustiques ont décidément le vent en poupe : après le "Sanctitude" de Katatonia dont je vous parlais en 2015, c'est autour d'Anathema de louer son église pour faire son office. Enfin quand je parle d'église, je minimise un peu car le frères Cavanagh ont plutôt vu les choses en grand.
En effet la comparaison avec les Suédois s'arrête à l'intitulé de l'exercice car sur l'exécution et les moyens, rien à voir. Enregistré le 7 mars 2015 à la cathédrale de Liverpool (oui rien que ça), ce concert bénéficie d'une technique irréprochable en terme de son, d'éclairage et d'image. La mise en scène et le montage très sobres conviennent parfaitement à l'atmosphère de la soirée, douce et chaleureuse, servie par une mise en lumière joliment colorée de l'édifice. Comme à son habitude, le groupe se montre particulièrement lumineux, apparemment toujours aussi heureux de partager sa musique devant un parterre de bancs pleins craquer. Comme on pouvait s'en douter, la setlist se concentre essentiellement sur leurs dernières productions,
"Distant Satellites" et
"Weather Systems" en tête qui se prêtent naturellement à l'événement (respectivement 5 titres et 4 titres) suivi des désormais classiques de
"We're Here Because We're Here" tels que "Thin Air" ou d'autres pièces incontournables comme "Temporary Peace
", "A Natural Disaster" ou "Fragile Dreams" déjà remaniées pour
"Hindsight". Un petit "Are You There?", voire globalement plus d'originalité n'aurait pas été de refus mais l'ambition du groupe n'était visiblement pas d'effectuer un travail en profondeur de réinterprétation de son oeuvre, plus de proposer une compilation de morceaux adaptés. Certains titres ont néanmoins bénéficié d'une attention particulière : "Thin Air", "The Beginning and the End" ou encore "Anathema" et son final au violon par exemple se révèlent des revisites intéressantes et ingénieuses, sans pour autant atteindre la beauté des versions originales.
Comme à leur habitude, les Anglais offrent une prestation sans faille, plutôt semi-acoustique d'ailleurs car si la majeure partie des instruments est acoustique (guitares folk, percussions, violoncelle), les effets, bien que souvent discrets, sont nombreux. Le trio Danny / Vincent / Lee assurent la majeure partie du show en première ligne, épaulé au fil de la soirée par Jamie (basse) et John (batterie) et quelques invités. A écouter, c'est beau, distingué, envoûtant, conforme à ce que l'on pouvait attendre de leur part. Néanmoins à regarder je dois dire que j'ai eu un peu de mal, notamment à cause de Daniel Cavanagh qui en fait des caisses (et c'est pire avec les années), probablement blasé de ne pas être le centre du monde. Au lieu d'inviter les autres musiciens à participer d'avantage, le choix s'est orienté sur la prédisposition de l'homme à générer des boucles en live à l'aide de sa guitare et de son pédalier. Autant sur les empilements de couches de guitare je peux comprendre ("The Beginning and the End"), autant sur les percussions, pourquoi ne pas laisser John s'en occuper ? Toujours à bidouiller à droite à gauche, l'homme donne au concert une tournure bizarre avec des sons qui sortent de partout sans que personne ne bouge, là où plus de simplicité, plus de naturel auraient fait honneur au reste, quitte à sacrifier quelques arrangements. Cela donne parfois l'impression qu'Anathema en oublie d'être un groupe et c'est bien dommage... Aller j'arrête la psychologie de comptoir.
"A Sort of Homecoming" est donc un live qui s'écoute plus qu'il ne se regarde et sur ce plan le bonheur de redécouvrir des pièces de leur répertoire sous un autre angle est total, à l'instar de
"Hindsight" à l'époque. Ca aurait pu être plus travaillé, mieux amené certes mais je ne boude pas mon plaisir pour autant. Une soirée riche en émotions qu'on ne se lasse décidément pas d'écouter.
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