Rivièrecôté
Un metalleux s'essayant au rock progressif :: partie 1
Vous vous demandez sans doute l'intérêt d'une telle chronique (qui risque d'être une série en plus vu qu'il s'agit là de la première partie...) sur un webzine tel que Thrashocore ? Alors résolvons d'amblée cette interrogation en prenant en compte 3 éléments principaux :
1. Thrashocore est un webzine metal de brutes sans pitié (n'y voyez là rien de péjoratif),
2. Les amateurs de rock progressif ne connaissent pas Thrashocore,
3. Je ne suis pas expert en rock progressif de toutes façons.
Conclusion ? Effectivement, ça n'a aucun intérêt. Mais qui sait, votre curiosité vous poussera peut-être à aller plus loin. Je vous précise par ailleurs que pour ajouter à l'utilité de ces lignes, qu'étant donné ma faible culture qui s'étend également à la musique progressive, cette chronique sera volontairement ultra-subjective (limite conceptuelle de ce point de vue là). Voilà c'est dit.
Je suppose que lorsqu'on vous dit "Pologne", vous pensez d'abord aux boissons alcoolisées qui réchauffent le corps ou aux grandes gonzesses aux mensurations outrageusement avantageuses qui réchauffent... euh... le coeur ? Bref, et quand on vous dit "Pologne" ET "musique", en bon metalleux cultivé que vous êtes, vous répondrez sans doute "Vader", "Decapitated", "Behemoth" et autres "Trauma" (la liste serait longue...). Mais il n'y a visiblement pas que le porno et la musique extrême qui s'exportent puisqu'au milieu de tout ça, on trouve un groupe comme Riverside qui oeuvre plus dans la finesse et la délicatesse. Formé en 2001, il ne leur faudra pas plus d'une démo en 2003 (intitulé simplement "Riverside") pour être signé sur "The Laser's Edge" et sortir ce premier album "Out Of Myself" un an plus tard, album qui n'est pas totalement passé inaperçu et heureusement.
Dans son approche musicale, Riverside n'a voulu duper personne. Le groupe reconnaît lui-même marcher sur des sentiers battus, avec l'espoir que tôt ou tard, leur musique s'en écarterait d'elle-même. "Out Of Myself" se veut donc un album sans prétention, si ce n'est peut-être celle d'y ajouter une once de personnalité. Les polonais y distillent un rock progressif qui s'engouffre dans la brèche ouverte par Porcupine Tree il y a quelques années. Le groupe mélange le style des pionniers du genre à des sonorités plus modernes, et y ajoute même quelques caractéristiques plus familières au metal tels que les hurlements ("Loose Heart", "Out Of Myself"), fait assez rare pour être signalé. Pour ce qui est des influences, on me dit Porcupine Tree ? Ca ne fait aucun doute. C'est tout d'abord à la bande de Steven Wilson à laquelle on pense en découvrant leur musique, dans son atmosphère mélancolique, ses mélodies, ses harmonies bien que le style de Riverside se veuille plus sombre par moments. On me dit ensuite Pink Floyd ? La ressemblance est une nouvelle fois frappante, sans même être un grand connaisseur de ce groupe mythique. Les nombreux passages instrumentaux et atmosphériques ainsi que les solos renvoient directement à la musique des anglais, témoignant de l'assez bon feeling des membres du groupe et du guitariste notamment. Enfin, on me dit Opeth ? Là je reste plutôt perplexe. Certes, on pourrait trouver des similitudes entre le chant de Mikael Akerfeldt et celui de Mariusz (non, il n'y a pas de faute de frappe, je vous rappelle qu'ils nous viennent de Pologne) mais la comparaison s'arrête là, Opeth s'inspirant beaucoup de groupes majeurs des années 70 et de Porcupine Tree pour les passages mélo de ses dernières productions (leur travail avec Steven Wilson n'y étant pas pour rien évidemment, mais là n'est pas la question).
Alors pour revenir à "Out Of Myself", les compositions se révèlent très hétérogènes, plus ou moins instrumentales, plus ou moins longues, plus ou moins sombres mais aussi plus ou moins bonnes. Le groupe a tout fait pour éviter la répétition et sur ce plan là, on ne pourra pas dire qu'ils ont échoué. Pour ce qui est de la qualité, je n'en dirais pas autant, certains titres étant clairement en dessous du reste selon moi comme les 2 instrumentales "Reality Dream" ou même "The Same River" que je trouve vraiment lassantes. En fait, le groupe excelle surtout dans les compositions où s'exprime Mariusz, son chant apportant un flot d'émotions incomparable, que les nombreux solos de guitare et de claviers n'arrivent pas à compenser. Et puisqu'on parle du clavier, ce dernier s'articule souvent autour de sonorités pas toujours de mon goût, souvent un peu vieillottes. Personnellement, j'ai trouvé dommage que l'album n'ait pas été plus tourné vers un style moins instrumental... Pour ceux qui s'intéressent aux paroles, ce premier album raconte le retour à la réalité d'un homme après une dépression nerveuse qui se retrouve à nouveau dans la société, à la recherche de lui-même. Autant vous dire que l'atmosphère sombre et mélancolique qui règne sur ces 9 titres colle parfaitement au sujet, tout comme l'artwork que l'on doit au maître Travis Smith.
Riverside signe donc un bon premier album, délicat et profond dont certains titres vous nouent la gorge par leur beauté et leur tristesse ("I Believe", "Loose Heart", "In Two Minds"). Je ne viens peut-être pas du bon milieux pour en apprécier certains aspects : les passages trop guitaristiques, les claviers parfois douteux (selon moi) dénaturent un peu un ensemble qui brille dans une certaine simplicité et une certaine intimité que le groupe crée, souvent autour de leur chanteur Mariusz. Petite déception donc pour ma part (je m'attendais à mieux vu ce que j'avais lu ici et là), mais j'ai tout de même hâte d'ouïr la direction que prendront les polonais avec
"Second Life Syndrome", leur deuxième album. Affaire à suivre.
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