On connait tous le « french bashing », qui consiste de façon grossière à dire du mal de nous autres Français. En version politique on entend souvent parler de « Hollande bashing » (pourtant, rien à voir avec les moulins à vent), et un musicien de variété française décédé en 2009 en avait même fait son nom de scène, un certain « Alain Bashing ». Plus proche de nous, dans le petit monde du METAL, on parle dans les cercles d’initié de « Fleshgod Apocalypse bashing », qui consiste à tailler de façon systématique ce groupe italien qui nous a servi, après un début de carrière foudroyant
(« Oracles » et
« Mafia », what else ?), des albums plus litigieux, jusqu’à ce très décevant
« Labyrinth » qui s’était pris un 4/10 de ma part à sa sortie (et vous savez que je note comme un pied, alors c’est vraiment qu’il était mauvais celui-là). A l’aube de cette nouvelle année, qu’allait donner leur nouvel album, pompeusement intitulé « King » ? Si vous êtes encore là, c’est que la réponse vous intéresse, la voici.
A l’écoute du premier titre dévoilé sur la toile, « The Fool », je n’étais pas enthousiaste pour un sou : encore embourbé dans leur délire sympho / technico / brutal, les Fleshgod allaient nous resservir la même soupe qu’en 2013 : riffs insipides, orchestrations poussives, et son bordélique (vous pouvez déjà reprendre ces 3 qualificatifs pour vos commentaires en bas de cette page). Mais alors que l’album entier s’est dévoilé à moi par les joies du promo mp3, j’ai le plaisir de trouver cet album finalement fort convainquant, à défaut de renouer avec l’exceptionnel d’antan. Comme vous, je n’avais pas aimé
« Labyrinth » ; et n’espérez pas trouver en « King » le digne successeur d’
« Oracles », la page est définitivement tournée. Mais là où
« Labyrinth » échouait dans tout, que ce soit la gracieuseté du chant clair masculin, l’aspect anecdotique du chant féminin, les orchestrations noyées dans une prod brouillonne, ou un ensemble de riffs franchement bof, je trouve qu’au contraire « King » montre un groupe qui maitrise bien mieux son univers. Je prends en exemple « In Aeternum », (« Marche Royale » étant une intro martiale) : la prod est bien plus gracieuse et claire, les orchestrations ont enfin du sens, et le refrain clair sonne comme du Darkane, ce qui n’est pas un mauvais point. Et Fleshgod n’a pas décidé d’arrêter d’être brutal en 2016, et tant mieux. « Healing Through War », placé stratégiquement en 3e place sur la tracklist, a le rôle ingrat du titre plus mid tempo, plus cadencé, généralement je suis moins fan et ce n’est pas celui qui m’a conquis aux premières écoutes je l’avoue ; qui plus est le riff du break est d’une part sans saveur alors qu’il est seul sur scène à cet instant, on aurait aimé un riff de tueur pour un break uniquement guitaristique et rythmique qui plus est. Je ne reviens pas sur « The Fool », qui s’apprivoise après beaucoup d’écoutes mais reste loin d’un « Elegy » dans le style « figure de proue brutale de l’album qu’on dévoile en premier parce qu’on croit très fort en elle » ; par contre, tout ce qui suit a quand même un sacré charme.
Prenons « Mitra » par exemple, le plus court des morceaux avec 3m49 au compteur et une simple déferlante de Death Metal sans trop de fioritures, là je dis oui. Essayons « Gravity », qui porte bien son nom avec une pesanteur volontairement accentuée dans les riffs et les tempos, et qui réussit bien mieux l’épreuve du feu qu’ « Healing Through War » au rôle de titre « mid tempo / calme ». Laissons aussi sa chance à « Syphilis » (ça, c’est du titre !), où la chanteuse lyrique (qui apporte aux titres où elle participe vraiment quelque chose, pour une fois) amène une vraie grace sur le refrain clair et somme toute étonnamment catchy qui parsème ce titre fleuve de 7 minutes. Et réjouissons-nous de trouver dans la tracklist « And the Vulture Beholds », qui aurait fait les belles heures d’
« Agony » s’il y avait été présent. Ce que je veux exprimer par ces quelques exemples, c’est que si le concept sympho / technico / brutal (pour m’autociter) de Fleshgod ne vous laissait pas indifférent par le passé avec
« Agony », mais que vous trouviez comme moi que l’album était aussi trop « facile, à ne proposer que du blast et du chant clair masculin durant 10 titres, « King » apparait comme beaucoup plus abouti, réussi et maitrisé. Mieux produit, plus imaginatif, parfois surprenant (cet intermède digne d’un opéra chanté en Allemand avec « Paramour »), et porteur d’un quelque chose qui m’a fait 1/ lui donner sa chance et 2/ l’apprécier de plus en plus au fil des écoutes, « King » est digne d’être écouté davantage que son prédécesseur. Alors oui, parfois Fleshgod me déçoit encore (cette accélération de fin bien brutale mais insipide de « Cold as Perfection ») dans ses moments d’égarement, mais j’aime l’audace de ce groupe, j’aime de les aimer alors que tout le monde leur crache dessus, j’aime leur brutalité sans vergogne. Et cela reste un superbe groupe chez qui l’on sent un potentiel de fou (faut quand même les composer, tous ces titres à tiroirs), malheureusement parfois mal exploité l’on sait. A vous de juger maintenant, mais « King » me redonne sincèrement envie de suivre la suite de leur carrière, et de les retrouver sur scène.
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