High Priest of Saturn - Son of Earth and Sky
Chronique
High Priest of Saturn Son of Earth and Sky
Les landes âpres du stoner doom sont une terre nourricière pour bien des manants. Quatre beaux et valeureux norvégiens ont croqué dans la pomme d'or de ce jardin maudit, leur offrant la dévotion nécessaire pour se livrer à leur humble passion et former un orchestre comprenant un chant, deux guitares, une basse, une batterie et un clavier, formation Ô combien classique mais dont l'efficacité est de mise depuis bien des générations. Les esgourdes du jeune errant sont ainsi ravies par les gammes et les croches de musiciens émérites s'évertuant à faire briller leur talent devant la face du monde. High Priest of Saturn est-il de ces noms à écrire en lettre de marbre sur une statue à ériger au beau milieu du panthéon de la beauté?
Sur ce ruban sonore d'une durée de 40 minutes, ces fougueux troubadours font montre d'un talent incontestable pour l'imitation. A tel point qu'une reconversion professionnelle vers la carrière de mime leur a été proposée dès l'âge de 14 ans par l'ONISEP. Nos quatre compères, dignes de cette génération perdue nourrie aux Pokémons et à la Smirnoff Ice, ont pourtant toujours gardé en tête cette petite voix bienveillante qui leur conseillait de ne jamais abandonner, et de toujours poursuivre leurs rêves, quoiqu'il arrive. Animés par cette passion dévorante qu'est la musique, les Norvégiens au regard pétillant mirent tous leurs efforts dans ce Son of Earth and Sky que leur conseillère d'orientation prend un malin plaisir à écouter chaque jour en se disant « j'avais raison, fallait pas en faire qu'à votre tête ». En effet, ces truculentes épopées musicales nous emmènent vers les contrées des légendaires Acid King, et ce merveilleux mimétisme confère à l'album de nos espiègles enfants une personnalité proche du néant absolu. Je n'ai pas la prétention de remettre en question la flamme dévorante animant ces sacrés scandinaves, mais cette déambulation continuelle vers des sonorités d'une confondante banalité me laisse pantois et patraque. Ces teintes désertiques mâtinées d'un doux psychédélisme pourraient s'avérer harmonieuses si elles présentaient un intérêt quelconque. Or, dès les premières notes de « Aeolian Dunes », nos espoirs s'effondrent tel un château de carte. Chaque gamme glisse sur nos esgourdes et notre esprit si indigent est parfaitement incapable de saisir le génie des beaux balbutiements des Norvégiens. Les douces trajectoires vocales de la sirène scandinave accompagnant ces marins metalleux flottent délicatement sur la composition, n'apportant aucune plus-value. Les oniriques inflexions de la jeune jouvencelle peinent à émouvoir le cœur de pierre d'un auditoire hostile. Est-ce la faute au manque de goût de celui-ci ou aux fluctuations inexistantes de la cantatrice? Qui suis-je pour donner mon avis.
Parfois, High Priest of Saturn nous invite à lever les yeux vers le ciel, pour contempler les étoiles, les comètes et la voie lactée. A défaut d'être inventif, cet apport cosmique est touchant et fait vibrer la corde sensible que la susurrante succube est incapable de toucher. Nous ne pouvons cependant retirer à Merethe le mérite d'être à l'unisson avec ses compagnons d'infortune. « Ages Move the Earth » possède autant de rebondissements et de surprises qu'une après-midi à visiter Charleville-Mézières. Écologistes appliqués, ces ingénieux interprètes sont adeptes du recyclage. N'ayez crainte, chers auditeurs : si, dans ce marasme mollasson, vous parvenez à distinguer un riff respectable, vous aurez le bonheur de constater que ceux-ci sont aussi récalcitrants. Cette conclusion vaut aussi pour les célestes claviers et la monotone mélopée vocale. Abhorrant toute brutalité et balayant ainsi toute once de bestialité, ces beaux bébés nourris au biberon du stoner doom évitent de s'aventurer hors des chemins sécurisés. Qui sait, peut-être y croiseraient-ils de dangereuses envolées musicales qui octroieraient un groove inacceptable à leur message musical. Mais suis-je mauvaise langue, ces festifs fanfarons se permettent une petite accélération à la fin de « The Warming Moon », véritable bouffée d'air frais s'il en est.
Que dire, une fois la traversée de Son of Earth and Sky achevée? Les esquisses écrites par ces jeunes élèves ne se démarquent nullement de leurs homologues. Cette galette garnie se révèle fade et pesante, et la dévorer d'une traite est un cruel calvaire qui illustre parfaitement le manque d'inspiration et de personnalité d'High Priest of Saturn. Évitez donc une perte de temps pareille.
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