Black Funeral - Ankou and the Death Fire
Chronique
Black Funeral Ankou and the Death Fire
Je vais essayer de parler du nouvel album de BLACK FUNERAL sans faire de références à d’autres groupe. Parce que même s’il est important de citer quelques formations afin d’aider ceux qui ne l’ont pas écouté à le cerner plus facilement, l’ancienneté de cette entité américaine est telle que ce serait lui faire offense. Comparer à des musiciens plus jeunes alors que cela fait plus de 20 ans que le Baron Drakkonian Abaddon traîne son ombre dans le monde du black ? Inutile. BLACK FUNERAL est bien l’un des pionniers du style aux States aux côtés de PROFANATICA, mais ce qui en fait de plus une performance, c’est que les années n’ont pas altéré le personnage, qui vit la même dévotion depuis ses débuts. Pas seulement celle de la musique black metal, mais celle des Arts Noirs dans son ensemble. Le Baron est un pratiquant, un Sataniste véritable qui ne joue pas qu’à se faire peur. Il est investi au point d’avoir écrit plusieurs livres sur l’occultisme et le luciférisme. Vous souriez ? Vous pouvez, mais ce qu’il faut noter c’est que son attirance extrême pour les Ténèbres l’inspirent, et que chacun de ses albums a toujours été forgé dans ses profondes croyances. Et très souvent, plus un artiste est illuminé, plus il a des idées intéressantes à faire partager. Lui, il va vraiment loin. Sa passion maladive ne guide pas seulement sa musique, les concepts d’albums, les paroles et les visuels, mais aussi les lieux d’enregistrements, les rituels qu’il s’impose avant, pendant, voire après la création d’un opus. Il expliquait par exemple « trouver l’inspiration suite à des rituels de magie noire impliquant des ossements humains »...
Docteur, c’est grave ? Oui, bien sûr. Et tant mieux. C’est ce qui a permis à BLACK FUNERAL de garder un intérêt musical aussi longtemps. Car justement, de ce côté-là les ambiances ont toujours évolué, collant au concept choisi, au rituel appliqué sur le moment. Alors les débuts ont été très noirs et crus, dès 1995 avec un Vampyr – Throne of the Beast qui avait perturbé les oreilles des fans de black metal à l’époque. Sans aucune concession. Et par la suite, des éléments polémiques ont trouvé leur place. Du dark ambient sur Moon of Characith (1998), de l’expérimental grésillant sur Az-i-Dahak (2004), des apparitions noise sur Waters of Wheeping (2007). Mais sans jamais perdre les bases, des ambiances occultes et malsaines. Oui, BLACK FUNERAL est le maître du mal-être.
Beaucoup n’ont pas suivi. Beaucoup ont laissé filer l’homme. Je suis toujours resté, déçu uniquement en 2010 lorsqu’il revenait à ses origines sonores. Vukolak était cru et à fleur de peau. Il ne pouvait parler qu’à ceux qui avaient perdu leur âme et tentaient vainement de se dépêtrer de leur misère. Très perturbé, très désagréable. Mais plus BM que jamais. La déception ne m’avait pas détourné pour autant du groupe, je savais qu’il allait à nouveau changer sur le suivant. Il aura fallu attendre 6 ans. Entre temps, il y a eu la séparation avec le label partenaire depuis 10 ans, Behemoth Productions, et le déménagement chez l’Australien Dark Adversary Productions, l’écurie fondée par Azgorh de DROWNING THE LIGHT. Un rapprochement très important. Qui a d’abord permis la sortie d’un EP en 2012 mais qui a aussi et surtout entrainé l’admission du même Azgorh au sein de BLACK FUNERAL. Il y assure désormais guitares et basse tout en ajoutant quelques passages au clavier. Ils se sont mis au travail ensemble et c’est ainsi que nous arrivons en 2016 à cet Ankou and the Death Fire, un hommage au serviteur breton de la mort.
Et c’est là que je romps ma promesse de début de chro. Celle à propos des références. Parce que Le Baron a beau être vénérable pour l’ensemble de sa carrière, ses prises de position, sa longévité dans le style et dans le Satanisme, il s’est étonnamment aligné sur DROWNING THE LIGHT ! Mettez ces 9 pistes et pendant 45 minutes vous allez oublier les Vampyr, Empire of Blood, Ordog et autres anciennes productions de l’Américain et avoir en tête les The Serpents Reign, An Alignment of Dead Stars et From the Abyss de l’Australien. C’est sûr et certain. Le black metal est trve, lo-fi, accompagné de mélodies à la fois bancales et entrainantes, avec une odeur d’undergound délicieusement trop forte. Ceux qui sont passés à côté de DROWNING THE LIGHT peuvent penser à NARGAROTH version Semper Fidelis... Merde, c’est la deuxième référence alors que je m’étais interdit les comparaisons...
Ankou and the Death Fire est donc un album plus accessible que les précédents, à condition de ne pas attendre une production gigantesque. C’est du black mélodique de caverne et les seuls éléments qui laissent deviner que le Baron est encore maître de son groupe sont des introductions ou breaks plus occultes. L'intermède « Cwn Annwn » est ainsi terrifiant, avec une incantation uniquement accompagnée de sons machinoïdes. Et pour vous faire une idée, vous cliquez à droite pour écouter « Ankou and the Death Fire » et son intro de plus d'une minute, très bonne, qui est enchainée par la folie du black metal. Mais au final une chose est sûre, on a plus l’impression d’écouter un album de DROWNING THE LIGHT avec en guest le Baron qu’un groupe de BLACK FUNERAL avec Azgorh à la rescousse. Si l’on digère cette évidence, on apprécie sans mal ces titres qui passent tout seuls, très bien agencés et prenants. Ils savent créer des ambiances rituelles et sombres. J’adhère, mais j’espère aussi retrouver un jour le côté plus malsain et difficile d'accès des anciens albums...
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