Death Fetishist - Clandestine Sacrament
Chronique
Death Fetishist Clandestine Sacrament
On s'inquiétait presque pour Matron Thorn, qui n'avait sorti qu'un split cette année en compagnie de Blut Aus Nord – presque, car on ne va pas non plus trop penser à un mufle qui n'a pas répondu à nos questions à l'occasion de Codex Obscura Nomina hein, ho. C'est que ce boulimique nous avait habitué à produire davantage que ces derniers temps, privilégiant les annonces des réalisations à venir plutôt que d'offrir des choses neuves à se mettre sous la dent. Mais, encore et toujours, on se trompait sur l'état de sa créativité, l'homme aux multiples projets ayant créé une nouvelle entité où se repaître : Death Fetishist, en compagnie de G. Nefarious (Panzergod), qui a sorti deux Eps cette année (Whorifice ; Lucifer Descending) et se lance désormais dans l'épreuve du longue-durée, toujours sous la bannière chérie de Debemur Morti. Difficile à suivre, vous dites ? Attendez un peu qu'on vous parle de ce disque, plein à craquer de guests et réflexions sur une œuvre qui, jamais, ne parvient à échapper à la comparaison avec le vaisseau-mère Ævangelist !
Entre les vocaux spectraux féminins de Julia Black, les ambiances d'outre-espace, les parties black dévastatrices ou encore les riffs dissonants, tous les ingrédients vous renvoient à la formation citée plus haut. Néanmoins l'aspect ésotérique prend davantage le pas ici, renforcé par les lignes de guitares entêtantes fleurant l'orthodoxie ainsi que le chant de D.G. (Misþyrming, Naðra, Martröð) sur « Voidtripper ». Clandestine Sacrament semble taillé pour réussir, variant le propos par de nombreux changements de rythmes, des titres (« Verbrannt im altem Morast »), des introductions et des outros ambients mais aussi l'apport de Doug Moore (Pyrrhon) sur « Netherrealm » et « Wreckage of the Flesh ». La première écoute m'a d'ailleurs soufflée, avec notamment la paire « The Gifted Medium »/« Astral Darkness » ouvrant les hostilités, les morceaux défilant sans véritable temps mort. Mais en dépit des invités de marque et de l'efficacité des compositions, l'enthousiasme va rapidement retomber au fil du temps. La faute, avant tout, a un manque de folie et d'originalité – difficile de reconnaître la patte de Jürgen Bartsch (Bethlehem) et de Mories (Gnaw Their Tongues) tant tous paraissent suivre une même ligne de conduite sans prendre le risque de sortir des clous.
Et pourtant, il y a tout ce qu'il faut pour s'extasier sur le papier : un black metal à la fois moderne et protéiforme (miam, les relents punk de certains riffs sur « Upturneth the Chalice » !) où l'amateur des créations de Matron Thorn sera à la fois en terrain connu et pourra constater ses capacités d'orfèvre, nettement plus présentes ici que dans ses autres projets, autant dire que l'envie d'adorer Clandestine Sacrament n'est pas ce qui manque (la belle pochette, signée Andrzej Masianis, n'y est pas pour rien non plus). Mais non, avec le temps, l'impression d'écouter un patchwork à l'ambiance pas assez aventureuse prend la place de la fascination que l'on a pour ce stakhanoviste du vice. Totalement de son temps, inscrit dans une mouvance faite d'occulte, espace, orthodoxie et morbide, Death Fetishist ne parvient que rarement à donner la sensation d'être autre chose qu'une pièce montée, évoquant des fragrances de ce qui la compose sans jamais posséder une saveur particulière. Heureusement, l’exécution « pedal to the metal » ainsi que des vocaux délicieusement baveux et criards permettent de laisser filer les cinquante minutes que dure l'album sans s'ennuyer outre-mesure. Mais étant donné les personnes composant cette entité, c'est décidément bien peu.
Clandestine Sacrament offre des talents réunis au service d'une même cause mais quittant rarement leur zone de confort. En résulte un album rythmé, savamment construit avec comme objectif constant d'aller droit au but par son côté percutant – Matron Thorn démontrant une nouvelle fois toute son aisance dans la construction d'ambiances aussi claustrophobiques que nauséeuses. Les déçus des derniers Ævangelist et les fans de black metal atmosphérique typé trouveront à n'en point douter leur compte. Mais pour les autres, qui s'attendaient à quelque chose de plus personnel et singulier, le sentiment de frustration se fera sentir au fil des écoutes. Des écoutes qui se feront certes sans accrocs mais également sans surprises.
DONNEZ VOTRE AVIS
Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.
AJOUTER UN COMMENTAIRE
Par Jean-Clint
Par gulo gulo
Par Sosthène
Par Niktareum
Par Lestat
Par Sosthène
Par Sosthène
Par gulo gulo
Par AxGxB
Par Jean-Clint
Par Raziel
Par Sosthène
Par Keyser
Par Keyser
Par Lestat
Par Lestat
Par Sosthène
Par Sosthène