Effet « descente » pour le pauvre Evocation. Une signature chez Century Media après trois albums de qualité supérieure et un retour inattendu d’entre les morts (séparé en 1993 puis reformé en 2005)… Tout semblait écrit dans le marbre quant à la belle destinée promise pour les Suédois. Puis
Illusions of Grandeur est sorti et gros « pschitt » ce fut (tel un kloug de Monsieur Preskovitch)… Je reprends ma conclusion de 2012, « Evocation ne se contente que d’enchaîner ses morceaux sous anxiolytiques sur le schéma « couplet – jolie mélodie – refrain accrocheur – couplet – break avec solo - couplet » avec une fougue à faire pâlir un ado de 14 ans. Plat au possible… ». Une faute de parcours ? Soit. Sauf que le groupe subira dans la foulée le départ de son guitariste et de son batteur fondateur mais aussi l’éviction de son nouveau label... Dur. Pourtant le trio résiste, il recrute le guitariste Simon Exner (As You Drown) et prendra son temps pour composer son cinquième opus. Beaucoup avait depuis oublié la bande (moi inclus) mais voici l’annonce en fanfare de leur retour sous l’étendard Metal Blade, épaulé du grand Per M. Jensen (ex-The Haunted) pour taper sur les fûts (en tant que batteur session) et d’un artwork juste sublime de Michał "Xaay" Loranc (qui suit la bande depuis 2010). Alors ?
Aficionados de leurs débuts « tronçonneuse enragée » de Stockholm (Dismember mon amour) ? Vous pouvez encore passer votre chemin. Moins sectaires à leur virage mélodique ? Vous ferez aussi peut-être la moue car Evocation continue sur la mutation du décrié
Illusions of Grandeur, à savoir une dominante mid-tempo (Bolt Thrower et Asphyx cités parmi leurs références) et un pied bien ancré dans le death mélodique. Une mixture qui rappellera à certains les groupes de leur ancienne écurie Cyclone Empire, je pense à Bodyfarm ou Revel In Flesh. Finalement une suite de même acabit que leur galette de 2012, quel intérêt ? Je n’ai à vrai dire pas beaucoup d’arguments pour relever la chose… Si ce n’est l’enchainement « Modus Operandi » / « Children Of Stone » / « The Coroner » et un travail de composition paraissant plus fourni que sur leur dernier méfait. Arrangements, samples, structures, breaks, soli… Les Suédois ont tenté d’effacer quelques taches et de redonner une saveur à leur metal de la mort. On retrouve le côté froid et presque mélancolique (« Sulphur And Blood ») dans des mélodies permettant de tenir notre attention (« Modus Operandi ») voire de nous faire frissonner (cet interlude acoustique magnifique « Blind Obedience »).
L’autre gros atout de
The Shadow Archetype et qui sauvera en partie la galette, c’est bien le son. Le groupe gomme la production aseptisée et faiblarde de
Illusions of Grandeur pour un raz de marée en béton armé à écouter volume élevé pour comprendre ce rendu « mammouthesque ». Basse et batterie au centre du mixage, la double pédale de Per M. Jensen vous enfoncera six pieds sous terre et lorsque le gaillard montera dans la cadence, jouissance il y aura. Il suffit d’écouter « The Coroner » (meilleur titre à mon sens), titre up-tempo, coïncidence ? Ce sont les morceaux plus « punchy » et condensés qui retiendront notre attention et rappelleront le potentiel de la bande, en témoignent les 2 minutes 57 de « Survival of the Sickest ». Car pour le reste l’on piquera sérieusement du nez, nous sommes loin de la qualité néerlandaise mid-tempo. Des titres/passages pas franchement digne d’un groupe de ce calibre signé chez Metal Blade, rachitiques et à la hargne éteinte comblés par une production bodybuildée (encore une fois ce duo batterie/basse !). Des défauts que l’on pourra rapprocher au vile Centinex ressuscité et cela dès l’ouverture « Condemned To The Grave », « Imperium Falls », le final « Dark Day Sunrise » sous lexomyl ou encore au death mélodique (« à l’ancienne ») second couteau de This Ending (le batteur vient d’ailleurs tout juste de rejoindre Evocation) et Ablaze My Sorrow. Quid des mélodies accrocheuses ou de l’impact de leurs débuts (ah ce cher
Dead Calm Chaos) ? Jensen ne servira ici pas à grand-chose, le gaillard est clairement sous-exploité et semble s’être trompé de casting, plus connu pour son jeu thrash nerveux que pour sa subtilité de jeu dans des tempo modérés… Coche raté.
Quatre années et demi de silence, forcément Evocation était attendu au tournant pour répondre aux détracteurs de son dernier opus
Illusions of Grandeur et enfin retrouver son aura. Le temps nécessaire pour pouvoir composer finement et avec du sang neuf, en théorie. Certes bien fichu et mieux travaillé que son aîné, cela reste malgré tout très maigre et surtout anesthésique sur de nombreux passages. Les moments plus pêchus couplés au son massif arrivent clairement à faire leur effet mais n’empêcheront pas d’effacer ce sentiment de « platitude » et surtout de frustration après tant d’attente. Le nouveau camarade de Centinex ? Sincèrement je n’espère pas. La signature chez Metal Blade devrait annoncer un successeur plus proche dans le temps, je garde encore un œil sur Evocation.
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