Aller, après
Forest of Equilibrium de Cathedral, encore une chronique-anniversaire d'un disque venant de fêter ses trente-trois ans. L'occasion de le crucifier sur ce site ! C'est que
Psalm 9 a également marqué mon expérience d'amateur de doom metal, me collant aux basques et au cerveau au point qu'il est devenu personnel, une petite chose à moi dont je ne vais pas m'embêter à faire la genèse – rendez vous vers les sites d'historiens DIY tels que Metal Archives ou Wikipédia pour en savoir plus à ce sujet, ou alors demandez à leurs androïdes AxGxB, Jean-Clint ou Keyser – puisqu'il s'inscrit dans un roman de vie plus important à mes yeux : le mien. Et tant pis pour la modestie.
Je m'en souviens comme si c'était hier. Poussé par une envie d'arrêter d'écouter des personnes plus expertes que moi, avec l'objectif d'être moi aussi un sachant critiquant les bandes de jeunes façon « ah mais à l'époque, l'herbe était plus verte », j'étais allé vers tout ce qui est lent, vieux et fondateur. Black Sabbath (pas si bien que ça au final), Saint Vitus (bof), The Obsessed (pas mal), Witchfinder General (ahahahah !) ou encore Pentagram (cool !), ils y sont tous passés, donnant à mon lecteur MP3 des allures de gramophone et à mes oreilles des poils blancs de mec « qui y était ». Mais rien de tout cela ne m'avait autant enchanté que je l'imaginais : indubitablement iconiques, ces artistes et leurs œuvres me donnaient juste l'occasion de montrer à mes professeurs que je connaissais mes classiques tout en ayant l'espoir de cacher d'autres disques plus récents sous leurs pochettes, histoire de ne pas me faire gauler pour le faux que j'étais. Oui, promis, j'ai appris ma leçon. Non, je n'ai pas joué aux jeux vidéos ni réécouté My Dying Bride à la place.
Puis, il est arrivé, le disque qui m'a montré que l'herbe était plus verte à l'époque. Sauf qu'elle était violette et rose, sauvage, mortuaire et arrachait sa place au désert. Nom :
Psalm 9 (pas au moment de sa sortie, mais demandez les détails à d'autres). Créateur : Trouble, poussé par un autre, celui que certains voient comme le Seul et l'Unique, Le Dieu du Tout et des Majuscules. Ah ! Un groupe de doom metal chrétien serait donc mon album de chevet, celui que je mets au dessus de mes intégrales de la Pléiade pour me sentir intelligent ?
Oui, et c'est toujours le cas des années plus tard, tant ce disque continue, par ses riffs indémodables, ses tubes filant la croix sur le dos et le tabasco au cul, à me mettre à genou, sa façon à lui d'évangéliser !
Psalm 9 est un disque de croyant, certes, mais de croyant énervé, et cela fait toute la différence : derrière son doom se cache une fureur envers un monde où les Justes sont damnés, où la révolte se terre partout, où le désespoir se mêle au besoin pressant d'occire. Ses boniments, Trouble en fait des lames : rarement le terme épique se sera aussi bien appliqué à une musique prenant toutes choses sous sa coupe, dont les allures classiques ne sont que des draps cachant le mobilier disparate, transgenre, qu'est ce premier album. Glam, Heavy, Thrash, Rock,
Psalm 9 est tout cela, n'hésitant pas à évoquer Judas Priest, Led Zeppelin (il y a beaucoup de Robert Plant chez Eric Wagner, cf. cette reprise de Cream clôturant l'album), voire – Gasp ! – Mötley Crüe, dans un « Assassin » qui porte admirablement bien son nom.
Mais ne vous faites pas avoir :
Psalm 9, au cœur, est doom. Doom dans ses ambiances attristées, colériques, ombrageuses, au bord de la folie et du psychédélique. Doom dans ses paroles, qui sont comme lire du Léon Bloy aux cheveux longs. Doom dans ses riffs, hachés, arrachés dans lesquels on erre comme harnaché. Doom dans son groove d'enflammé, qui fait dam-dam-doom et aussi doom-di-doom. Mais surtout, doom comme ce chanteur, possédé, acide au point de faire mériter un pictogramme d'avertissement sur la pochette aussi bien que sur certains produits ménagers, cru comme la rage, à la voix pincée et haute non pas comme les chantres du heavy metal montrant leur bel organe mais comme un homme étouffé par la haine de ses contemporains, étalant ses cordes vocales devant les médiocres et les imbéciles, ceux qui font du mal à Saint Papa. Peu importent les raisons, peu importe le kitsch de tout cela : en honneur à Saint Papa, Trouble offre la Sainte Terreur, de ces tambours annonciateurs ouvrant « Tempter » à ce morceau-titre écrasant et prophétique, où même les solos, paraissant ailleurs comme des passages obligés, sonnent ici comme les plus coupantes mélodies présentes le long de ces quarante-trois minutes.
Ce qui m'amène à la dernière hérésie de ma part envers ce disque canonique :
Psalm 9, à n'en point douter, est heavy, aventurier, doom, ulcéré... Il est surtout hardcore, donnant envie de mettre dans le même tonneau Cathedral et
Pulling Teeth au rang des formations lui devant beaucoup. Pensez-y, à cette atmosphère urgente, à cette exécution qui sent l'échafaud aussi bien pour les victimes de Trouble que pour lui, mais surtout à cette extase sanguine, où chaque note est marquée par un feeling halluciné. Comment ne pas y voir un parent illégitime, ayant mis au monde sans apparente copulation toute une tripotée de groupes ayant choisi la voie de la castagne et de la balafre ? Sans doute vais-je trop loin, comme à chaque fois que j'essaye d'analyser un disque si indécrottable qu'il est une partie de moi. Mais retenez au moins ceci :
Psalm 9 est le meilleur album de doom metal de tous les temps.
...Enfin, de ceux que j'ai écoutés, c'est-à-dire.
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