Suffering Hour - In Passing Ascension
Chronique
Suffering Hour In Passing Ascension
Blood Harvest ne fait peut-être pas autant parler de son actualité que des labels tels que Dark Descent, Invictus, Profound Lore ou Iron Bonehead (pour n'en citer que quelques uns parmi les plus connus) mais il n'empêche qu'une très grande majorité de ses sorties, même si je n'arrive pas forcément à toutes les suivre, s'avèrent particulièrement intéressantes. Nous avons eu récemment un cas concret avec le premier album de Contaminated (Final man) chroniqué en ces pages il y a de cela quelques semaines et voilà que je me vois "contraint" de récidiver avec le premier album d'un jeune groupe américain dont je n'avais encore jamais entendu parler jusque-là.
Formé en 2011 à Minneapolis, le groupe se fait d'abord connaître sous le nom de Compassion Dies. Deux démos verront alors le jour avant que le trio ne se décide à changer de patronyme. C'est en 2013 que les Américains optent pour celui de Suffering Hour. Après un premier EP paru en janvier 2014 (Foreseeing Exemptions To A Dismal Beyond), la formation revient cette année avec un album intitulé In Passing Ascension. En charge de l'artwork, on retrouve le discret Alexander L. Brown dont on reconnait aisément le coup de pinceau si personnel.
Mais si le travail du Néo-Zélandais semble nous faire croire que nous avançons ici en terrain connu, la vérité c'est qu'il n'en est rien. C'est donc vierge de toute attente et de tout jugement que je pose mes oreilles pour la première fois sur cet album qui va finalement s'avérer bien plus surprenant que ce à quoi j'aurais pu m'attendre. Certes, Suffering Hour opère dans un registre que l'on pourrait qualifier simplement de Black/Death Metal mais cela ne serait pas lui faire justice que de limiter sa musique à cette qualification un peu trop générique. Sans réinventer quoi que ce soit, les Américains réussissent pourtant à apporter un semblant de fraîcheur et de personnalité à un style pas particulièrement reconnu pour être le plus innovant. C'est ainsi du côté des Artificial Brain, Gorguts, Ulcerate mais surtout Deathspell Omega que le trio va aller puiser une partie de son inspiration en apportant à son mélange de Black/Death les dissonances et autres contorsions aujourd'hui caractéristiques de ces quelques entités.
Pour se faire, Suffering Hour va opter pour une production cristalline et en même temps extrêmement abrasive. Le groupe joue ainsi la carte d'une lisibilité parfaite (chaque instrument trouve ici sa place pour un rendu aéré, compréhensible et homogène) tout en apportant de la rugosité et donc du caractère à ses compositions. Un beau travail d'équilibre qui va faire d'In Passing Ascension un disque dans lequel il est plutôt facile de rentrer si tant est que l'on ne soit pas réfractaires à ce genre de sonorités. D'autant qu'au-delà de cette production impeccable, le véritable coup de maître de Suffering Hour est de proposer des titres qui, en dépit de leur approche chaotique, ne donnent pas l'impression d'un imbroglio sans queue ni tête impossible à déchiffrer (un reproche d'ailleurs souvent dresser à l'encontre du dernier Deathspell Omega). Derrière ces explosions fulgurantes, ces notes tout en dissonances, ces quelques passages instrumentaux et contemplatifs et ces mélodies tordues on trouve des compositions certes complexes et revêches mais surtout particulièrement efficaces dans un registre qui pourtant demande un peu de persévérance et surtout pas mal d'attention pour en déceler toutes les subtilités. Il y a ainsi chez les Américains une personnalité double des plus intéressantes qui, aux quelques éléments évoqués ci-dessus, va faire se mélanger des sonorités à l'ancienne plus "classiques" que l'on retrouve volontiers dans la scène Black/Death à laquelle le groupe reste attaché (riffs sombres et malfaisants, séquences de blasts ininterrompues, chant d'une profondeur abyssale...). Dans ce puissant maelstrom où s'entremêlent growls caverneux (le chant est ici partagé par l'ensemble du trio), distorsions lumineuses et blasts épileptiques, on appréciera également ces quelques envolées perçantes et possédées (à la manière d'un Bölzer ou encore d'un Saqra's Cult) qui vont venir apporter beaucoup à une atmosphère déjà particulièrement tourmentée ("For The Putridity Of Man" à 3:19, "Devouring Shapeless Void" à 1:39, "Through Vessels Of Arcane Power" à 2:54).
Malgré une ressemblance évidente avec les Français de Deathspell Omega, difficile de ne pas s'enthousiasmer face à un premier album d'un tel niveau. C'est vrai, Suffering Hour reprend à son compte les éléments d'une formule développée avant lui par un groupe dont la réputation, l'originalité et le talent ne sont plus à démontrer. Néanmoins, le trio à su s'approprier cette fameuse recette pour ainsi l'incorporer avec brio à sa propre vision du... Death Metal. Le résultat, s'il renvoi inexorablement à DsO, donne cependant au trio une certaine personnalité qui le distingue clairement de la cohorte de formations estampillées Black/Death. Encore une fois, Blood Harvest s'est donc montré particulièrement perspicace en signant Suffering Hour. Faite de même et jetez une oreille attentive à In Passing Ascension, un premier album extrêmement réussi qui mérite vraiment d'être écouté si on apprécie les quelques groupes mentionnés dans cette modeste chronique. Allez, ne vous faites pas prier.
| AxGxB 31 Juillet 2017 - 1860 lectures |
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