Depuis ses débuts il y’a déjà vingt ans le combo Francilien n’a jamais laissé indifférent et a marqué les esprits via quatre albums imparables sortis en à peine six ans, puis de disparaître pendant une décennie complète. Que l’attente d’un successeur à l’excellent
« Orthodoxyn » fut longue, et pourtant en son absence la scène sombre de l’Hexagone a pris une ampleur et une réputation qui dépasse les frontières et qui aurait pu combler les attentes les plus folles, cela a été le cas … mais pourtant l’annonce d’un retour de la bande à Dk Deviant a énormément fait parler. Désormais seul membre d’origine et maître à bord il s’est entouré pour la batterie de SkVm de TEMPLE OF BAAL, et c’est désormais sous la forme d’un duo que le nom d’ARKHON INFAUSTUS revient à la vie à la fois en studio comme sur scène, notamment via un Hellfest au mois de juin que personne n’espérait et qui a comblé les fans présents. Afin de battre le fer pendant qu’il est encore chaud il a décidé de ne pas perdre de temps et d’enregistrer un EP dans la foulée, qui là-encore ne manquera pas de faire causer et de diviser que ce soit au niveau du style mais aussi et surtout de sa durée. Car si le fond de la musique reste inchangé et ne semble pas proposer de prise de risque, en revanche c’est tout l’inverse sur la longueur, car en enregistrant à peine quatre nouveaux titres (pour un temps total de quasiment trente-quatre minutes), le binôme a étendu ses compositions comme il ne l’avait jamais proposé auparavant, privilégiant ainsi les ambiances à la spontanéité, mais avec un rendu à la hauteur des espérances et particulièrement élaboré.
Dès les premières secondes de « Amphessatamine Nexion » on se retrouve plongé dans un océan de noirceur et d’humidité, où se retrouvent entremêlés des larsens et une batterie très lente qui se concentre sur la frappe des toms. Tout y est putride et froid avant que le binôme ne lâchent les chevaux entre courts blasts, parties de doubles écrasantes et ralentissements massifs pour mieux mettre en avant le côté poisseux de ce premier titre ambitieux qui montre toutes les facettes de son créateur, à la fois énervées comme plus posées. Ce dernier point est mis en avant sur « The Precipice Where Souls Slither », qui bien qu’ayant de nombreux pics de vitesse laisse plus de place aux passages plus bridés et massifs, qui se glissent sans problème au milieu des déferlantes furibardes, le tout avec de légers passages plus mélodiques et une voix possédée et glaçante tant elle est haineuse. D’une obscurité totale et absolue, l’ensemble qui peut sembler légèrement redondant, ne s’étire cependant jamais trop et met en avant la qualité de la production qui est en total raccord et d’une homogénéité sans failles, où aucun instrument ne prend la place de l’autre (malgré les nombreuses couches de guitare superposées), ce qui est fort agréable.
On est arrivé à mi-parcours et bien qu’étant déjà scotché par le boulot fourni le meilleur reste à venir avec l’énorme « Yesh Le El-Yadi » où la brutalité est reine avec une grosse dose martiale en supplément. En effet on retrouve ici la puissance du groupe d’origine de son frappeur derrière son kit (dont la performance est à saluer) qui se lâche en allant plus à l’essentiel, mais qui n’oublie pas d’y rajouter de la variété, notamment de la double d’une précision remarquable pour permettre de headbanguer comme il faut, quand le tempo se fait plus posé et étouffant. On retrouve ici plus l’ambiance malsaine de
« Perdition Insanabilis », conjuguée à son penchant plus actuel, pour une rencontre entre les deux périodes totalement accrocheuse et jouissive, où le rythme ne va cesser de changer comme pour compenser les sept minutes qui peuvent de prime abord paraître longues à certains. Ce sentiment sera plus flagrant avec l’instrumental et doomesque « Corrupted Epignosis » qui aurait vraiment pu être raccourci, notamment au niveau de son introduction d’une froideur et noirceur extrême qui traîne un peu trop en longueur. Cependant malgré ce défaut on se laisse encore happer par cette brume épaisse où se mêle son de cloche et riffing ajusté et gras, qui alourdit encore plus l’espace et amène un côté boueux et sale qui sent bon les sous-bois et la forêt pendant l’automne.
Avec des textures et tessitures d’une grande richesse au niveau des arrangements le nouveau bébé de son créateur et multi-instrumentiste montre que Dk Deviant en a encore sous la semelle, et que les années d’absence n’ont pas entamé son perfectionnisme et sa créativité. Peut-être moins folle, subversive et viscérale que ses précédentes réalisations, cette nouvelle sortie montre néanmoins un compositeur toujours appliqué et aux idées multiples, qui offre une galette qui bien qu’un peu à part dans sa discographie ne fera pas tâche et demandera un grand nombre d’écoutes attentives pour en déceler toutes les subtilités et le sens de chaque mot. Un très bon retour que l’on n’espérait plus, en souhaitant désormais qu’il ne faille pas attendre si longtemps pour avoir une suite à ce disque qui s’est tant fait désirer.
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