Presumption - Presumption
Chronique
Presumption Presumption
Sortez les chandeliers à treize branches, les bougies en cire noire, les pentagrammes, les têtes de chèvre et polissez l'autel sacrificiel, je crois qu'on tient l'album Doom de l'année !
L'auteur de ce méfait de haut vol est le quatuor PRESUMPTION, fondé au Mans en 2007. Je ne les découvre pas avec ce premier album éponyme, je les pratique depuis leur EP From Judgment to the grave paru en octobre 2014. Voici ce que j'ai écrit à l'époque, à propos de ce disque : "C’est une musique Heavy, un rien Southern Rock. L’influence Doom se fait ressentir dans les thématiques et certains arrangements, mais le gang ne se laisse pas emprisonner dans un trip lourd et gras. Les compos assez longues laissent aux cordistes le temps de s’exprimer dans de longues plages instrumentales et de très bons soli. Mais PRESUMPTION se distingue aussi par le chant de Moomoot. Le frontman chante aussi bien en français (“La Meffraye”) qu’en anglais. Mais il déclame la langue de Shakespeare avec un accent frenchie assumé. Une voix grave, rugueuse, rocailleuse qui rappelle celle de Reuno quand il chante avec MUDWEISER. La musique est ample et le trio de cordistes remplit bien l’espace, mais c’est surtout sur les soli épiques (“Samsara”, “Anvil Devil”) qu’Adrien et Marvin envoient toute la puissance, développant un dialogue épatant. C’est vrai que dans ces moments, le groupe s’éloigne bien du Doom pour surfer avec un Stoner couillu. "
Pour mieux les situer, je dirais que PRESUMPTION est le HEXECUTOR du Doom. A l'instar de leurs voisins Rennais, les Mansois proposent en effet des créations intelligentes, sulfureuses et orthodoxes dans leur approche musicale. Les deux combos sont menés par un frontman haut en couleur, au chant caractéristique, qui peut être un peu irritant mais contribue beaucoup à l'identité de leur projet. Enfin, les deux groupes bossent beaucoup leurs thématiques, ont osé une chanson en français et ils ont tous les deux sorti un excellent debut album.
Car oui, n'y allons pas par quatre chemins, Presumption est vraiment un excellent disque. Le combo y remet l'église au centre du village en livrant un album de Doom qu'on pourrait qualifier de oldschool. C'est une musique qui sent le soufre et la messe noire : chacune des pistes de la galette est un hymne au malin. C'est également un disque sur lequel plane l'ombre tutélaire de BLACK SABBATH. Du côté musique, la rythmique hyper saturée est mise en avant dans le mixage afin de noyer les compos dans un marigot noir et épais, aux motifs hypnotiques. Ils sont d'autant plus hypnotiques que les pièces maîtresse de la tracklist dépassent toutes les six minutes, laissant à l'auditeur le loisir de se noyer dans le reverb ("Dr Satan" ou "Red Death"). Il y a encore quelques beaux soli de guitare ("Presumption", "Dr Satan", "Deadly Barrels"), mais confinés derrière le mur de gras, ils n'ont pas la flamboyance un peu clinquante de celui de "Samsara". Le méfait offre une collection de riffs plus sabbathiens les uns que les autres ("Presumption", "Pale Blue Horse", "Atomic Fear"). Le chant de Moomoot qui pouvait paraître uniforme et exagérément mal accentué sur l'EP est aujourd'hui beaucoup plus digeste. La voix est plus posée, plus ronde et moins caricaturale. Ajoutant du corps à son propos, Moomoot varie désormais les tessitures, alternant un chant clair noyé dans la boue, un screaming démoniaque ("Deadly Barrels"), et même des rires hystériques de dément rappelant fortement ceux dont Ian Gillian avait parsemé la tracklist de Born Again lors de son passage chez BLACK SABBATH! ("Red Death"). La tracklist alterne pièces longues, respirations plus courtes et incisives ("Deadly Barrels") et courts instrus servant de transition (ça ne vous rappelle personne ?). Mais plus que la somme de ses détails, c'est un projet qui dans son ensemble évoque un hommage appuyé au groupe de Tony Iommi. En étant plus Doom que Doom, plus satanique que Satan, il m'évoque l'album Headless Cross, un disque de retour aux sources sur lequel la musique hyper heavy du tandem Tony Iommi / Cozy Powell sert de toile de fonds aux lyrics les plus sataniques de l'oeuvre du Sab, Tony Martin ayant voulu, lui aussi, respecter le cahier des charges : “Tony Martin had just come into the band and he assumed, oh, BLACK SABBATH, it’s all about the Devil, so his lyrics were full of the Devil and Satan. It was too much in your face.” (Tony Iommi, 2012).
Vous pourriez trouver que Presumption ne brille pas par son originalité, et c'est vrai que ce n'est pas sa vertu première. Sa qualité première, c'est sa qualité justement. Respectant à la lettre la recette de l'album de Doom, PRESUMPTION livre une création d'une grande cohérence stylistique.Un pur album de Doom comme il y en a finalement assez peu.
| rivax 21 Novembre 2017 - 1263 lectures |
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