Alors que le bilan me presse à parler d’albums que j’avais retenus mais dont les chroniques ont été reconduites à plus tard (pas ma faute, le boulot !), je me suis demandé sur lequel je devais impérativement me pencher. Et un cas a été plus éloquent que d’autres car, parmi tout ce que j’ai pu écouter, il y a un album que j’ai déniché en février, qui fait un peu parler de lui sur des pages Facebook spécialisées Death metal et que, surtout, j’ai conseillé à beaucoup de monde. Je l’ai vanté en disant que c’était très proche d’un
NECROPHAGIST, que c’était une excellente surprise et qu’il fallait vraiment lui donner une chance.
Pourtant, en tout et pour tout, je ne l’ai écouté qu’une fois avant novembre. La plupart du temps, c'était en dilettante. Il a donc fallu que je le ponce avec une bonne dizaine d'écoutes histoire de me faire un avis complet sur ce disque qui s'est attiré mes faveurs presque instantanément et, surtout, a priori.
C’est que ce « Fruit of the Poisoned Tree » de VIRULENT DEPRAVITY démarre avec de solides arguments : ce projet mené par Colin Butler, qui a été rejoint par un des guitaristes de
INFERI, se lance dans un Technical Death qui ne renie absolument pas ses origines. Outre NECROPHAGIST, on aura le sentiment d’écouter du INFERI en moins speed, tant l’ensemble ne joue absolument pas sur la brutalité ou la vélocité du jeu, mais bien plus sur la musicalité propre à la touche de Muhammed Suiçmez, qu'on entend à fond dans le titre d'ouverture, « Serpentine Messiah », et ces ponctuations en fin de phrases mélodiques à la guitare. Ainsi, sur l'ensemble du disque, la basse caresse et nappe l’ensemble, alors que la batterie se veut précise et que les guitares s’accordent et chantent entre elle, laissant parfois émerger des saillies aiguës très proches du sacro-saint
« Epitaph ».
Et c’est bien ça finalement le seul point positif, mais qui m’a scotché directement, de cette production : c’est du NECROPHAGIST dans le texte, surtout dans les délicieuses parties instrumentales, comme dans « Your Demise » et ses solos plus légers et aériens que l'ensemble. On a bien des petites variances (le groove très « math metal » de « Mechanized Defilment » fera plaisir aux amateurs de
ARCHSPIRE), parfois des moments plus posés (les plus de 7 minutes de « Only Human » ou de « Crushed by Futuristic Filth » qui flirtent avec le Prog), mais on aura rien de bien original ou novateur. Il faut le savoir, ce n’est ni le renouveau du genre, ni le fils spirituel de son inspiration principale. Mais l’ensemble, sans être mémorable, propose une écoute sympathique, plutôt bien mixée (même si je ressens un léger côté plastique dans le chant qui plaira ou non) et qui ne cherche pas à faire autre chose que de jouer une musique qui passe très bien.
C’est sûr, si on cherche la parle rare et absolue, on restera forcément sur sa faim avec la musique de ce duo, complété par la présence de Kévin Paradis, ex-batteur de
SVART CROWN actuellement chez
BENIGHTED. Coté articulations et transitions, ce n’est pas super fin, et on passe parfois du coq à l’âne. « Spineless Obediance » aligne les parties sans trop de finesse, en ajoutant des références plus actuelles, ou « Beyond the Point of No Return » se laisse jouer sans que l’on s’implique, donnant plutôt le sentiment de glisser d’une phrase à l’autre, la faute peut-être à ce chant qui ne semble pas sur ses appuis
On aura aussi le sentiment que ça se la touche pas mal, que l’écriture est reléguée au second-plan pourvu que ça claque dans les solos – on est loin de la précision chirurgicale de leur principale référence. Un morceau tel que « Desecrating Eden » l'illustre également : début très tech, puis groove math limite deathcore, et couplet qui traîne un peu la patte, et ça s'empêtre un poil jusqu'au solo qui éclaire le tout.
C’est vrai que je trouve ça parfois boiteux, et assez répétitif dans une lecture de bout en bout, mais j’éprouve une grande sympathie pour ce disque qui aura ses défenseurs et détracteurs : il n’est ni ultime ni culte, je n’ai pas senti de moment de grâce, mais a-t-il seulement cette prétention ? J’ai surtout l’impression d’être face à un boulot rondement mené, dont le simple but est de faire passer un bon moment, en relevant haut la main ce « à la manière de » puisqu’ils évitent le simple copier-coller, que ce soit par l’apport moderne de la composition, les parties instrumentales qui font mouche ou les parties au synthé qui créent des pauses très judicieuses (comme sur « Only Human »). Si l'écriture pêche un peu, les parties instrumentales, elles, font montre d'une variété et d'une justesse qui comblent l'auditeur avide de Tech Death.
Simple, efficace, agréable, ce « Fruit of the Poisoned Tree » est typiquement l’album inattendu de division inférieure qui s’en sort avec les honneurs et qu’on relancera non sans plaisir. Une petite gourmandise qu’on ne refuserait pas lors d’un moment convivial entre connaisseurs !
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