Aussi incroyable que cela puisse paraître la bande à K.K. Warslut est déjà de retour, il faut dire qu’elle nous a habitué depuis une dizaine d’années à être particulièrement peu productive sur disque, au contraire de ses prestations scéniques plus qu’intenses - le tout entre de longues périodes de silence radio. Quasiment deux ans jour pour jour après un
« Wildfire » réussi mais qui a fait énormément débat au sein de ses fans, elle revient avec une équipe inchangée (un fait rare) et avec un EP (un format auquel son leader ne s’était plus attaqué depuis la doublette « …Of Wolves, Women & War » - « Terror Abraxas » en 2002 et 2003). Avec trois inédits et une nouvelle version d’un classique de leur répertoire, le groupe aux multiples nationalités reprend les choses où il en était resté sur son précédent long-format, et offre vingt minutes de Black/Thrash ultra-classique sur la forme, mais toujours aussi redoutable et énergique sur le fond.
Visiblement requinqué par son line-up, qui fait partie des meilleurs qu’il ait autour de lui, le chanteur-guitariste continue de déléguer la composition à ses acolytes qui le lui rendent bien, car presque tout le monde a mis la main à la pâte cette fois-ci, et cela s’entend tout en conservant le son si spécifique de son projet. Avec « Violence Is Golden » on est directement plongé dans une ambiance typiquement Heavy via un riffing entraînant et accrocheur, le tout sur un mid-tempo majoritairement à la double (avec cependant quelques cassures en simple pour éviter la redondance) où se greffe des solos impeccables et inspirés, qui confirment (s’il fallait encore le prouver) que le recrutement de Roland C. à la seconde guitare est un excellent choix. Sans changer de rythme cette première compo marque d’entrée son territoire par son classicisme, son feeling et sa préparation vers un combat imminent, qui va être confirmé par la suite. Car avec « Stone By Stone » les chevaux sont lâchés et ici c’est le Thrash qui s’affirme, vu que la vitesse se fait très rapide et ne s’arrête quasiment pas pendant toute la durée de ce morceau, qui aurait pu trouver sans problème sa place sur les mythiques
« Phoenix Rising » et « Cold Steel… For An Iron Age », tant les riffs nous replongent vers un passé pas si lointain. Le tout est en plus mené sur un train d’enfer, à l’instar du morceau-titre qui montre effectivement que le combat est commencé et que la sauvagerie peut avoir lieu. Car ici c’est épique à mort et ça alterne entre parties speedées et d’autres plus lourdes où le chant harangue l’auditeur afin qu’il ne rejoigne les troupes déjà au front, sans oublier des solos déchirées et du duel de guitare rétro afin de rajouter un soupçon de brutalité et un de la nostalgie. Si l’on parle à juste titre de la performance des cordistes il faut aussi souligner celle de Per Karlsson derrière ses fûts, dont le boulot est impeccable et qui réalise tout du long une prestation propre et technique, sans jamais trop en faire.
Après ces nouveautés particulièrement sauvages et inspirées, qui continuent de faire vivre le style du groupe sans le réinventer ni le dénaturer, le combo a décidé de réenregistrer l’énormissime « Trialed By Fire » (qui figurait initialement sur le dernier EP en date sorti il y’a quinze ans) joué encore aujourd’hui régulièrement en concert. Si la musique reste exactement la même en revanche les paroles ont été modifiées, et reprennent celles que l’on entend désormais en live, car son leader avec le recul n’était pas satisfait des originales, et les a réécrites depuis déjà pas mal de temps. Du coup même si ça n’est pas flagrant c’est à une version légèrement alternative auquel on a droit, mais ce qui ne change pas en revanche c’est son ambiance désertique à la "Mad Max", faisant office de calme avant la tempête, et ses longues parties Heavy écrasantes, où le côté massif prime sur la rapidité et l’explosivité.
Autant dire qu’on ne s’ennuie pas une seconde et que tout cela passe beaucoup trop rapidement, car on en aurait bien repris une bonne couche et pour plus longtemps, ce qui confirme la qualité générale des sorties du quatuor, aidée en cela par une production similaire au précédent opus et dont le naturel rend grâce à la musique. En espérant qu’il offre rapidement une suite plus longue à ce quatre titres impeccable, dont on aura compris qu’à l’instar de tout son catalogue sorti jusqu’à présent (et d’une qualité irréprochable) ce nouveau venu dans sa discographie se nichera sans problème dans la partie haute des ex-australiens et néerlandais, désormais établis en Angleterre. Il montre aussi que les années qui passent n’ont aucune emprise sur eux, et qu’ils continuent leur chemin balisé et sans surprises, mais aussi unique via un style reconnaissable entre mille et inimitable, qui se déguste avec le même plaisir à chaque fois, et depuis près d’un quart de siècle.
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