Deströyer 666 - Never Surrender
Chronique
Deströyer 666 Never Surrender
On ne sait pas trop ce qui se passe dans la tête de K.K. Warslut depuis quelques temps, vu que celui-ci semble avoir perdu la formule magique qui a fait la notoriété de sa formation et l’a amené particulièrement haut dans la hiérarchie. Car ces dernières années ont été celles d’un déclin progressif qui avait commencé sur
« Wildfire » - qui bien qu’étant encore assez réussi montrait de nets signes de fatigue, un sentiment confirmé sur l’Ep
« Call Of The Wild » relativement sympathique mais qui au fil des écoutes se montrait mollasson au possible et relativement peu inspiré. Du coup on pouvait légitimement se poser des questions sur ce sixième album qui a encore vu des mouvements en interne, avec l’arrivée de notre local Kev Desecrator (VENEFIXION, SEPULCRE, ex-NECROWRETCH) derrière les fûts et qui malgré tout son talent ne va pas sauver ce disque d’un ratage annoncé et malheureusement prévisible. Car malgré quelques bonnes choses disséminées ici et là l’ensemble va être beaucoup trop en roue-libre pour captiver sur la durée, surtout qu’aucun des titres ne va faire office de futur classique tant ils vont être rapidement oubliés. On va en effet avoir de suite la désagréable sensation persistante que la tête-pensante se contente de reprendre ce qui a fait la gloire de son bébé, mais de façon nettement moins inspirée et convaincante… à l’instar de cette pochette immonde au possible et qui semble être une vieille photocopie d’un dessin de Démo bricolé en trois coups de crayon.
Il faut dire que dès le départ on va avoir un sentiment bizarre en écoutant « Never Surrender » et « Andraste » qui sonnent de suite en pilotage automatique et manquent clairement d’entrain et d’accroche, car ces deux morceaux vont se répéter trop rapidement et n’offrent rien de folichon pour l’auditeur qui va vite s’ennuyer et avoir envie de passer à autre chose. Pourtant après ce marasme initial l’intérêt va un petit peu remonter via la doublette « Guillotine » / « Pitch Black Night » qui sans faire sauter au plafond se montre intéressante de par son côté épique à fond et entraînant au maximum, même si c’est sans aucune prise de risque et qu’on a entendu cela de meilleure façon auparavant. En effet on a encore et toujours ce sentiment de facilité voire même de désinvolture vu qu’on a l’impression régulièrement que tout a été écrit et enregistré à l’arrache, constat amplifié par cette production très granuleuse et directe qui finit presque par donner mal à la tête à la longue. Car avec « Mirror’s Edge » on va avoir pleinement ce ressenti et ce malgré des passages mid-tempo convaincants… mais hélas l’ensemble s’étire à n’en plus finir, et clôt une première moitié d’album finalement assez anonyme et très mitigée.
Pourtant curieusement le reste à venir va se montrer plus à la hauteur de la qualité de line-up, même si là-encore il ne faut pas s’attendre à avoir des hymnes imparables dignes de
« Phoenix Rising » bien que tout cela ne débute de façon fort agréable avec « Grave Raiders » tout en simplicité et en vitesse constante. Néanmoins cette dernière va s’effacer doucement sur le très sombre « Savage Rights » qui va légèrement lever le pied sans pour autant mettre l’explosivité sur le bord de la route et offrant un rendu agréable… un constat partagé sur « Rather Death » qui joue sur les variations. Se faisant autant remuante que massive quand il le faut cette plage aux accents désertiques et nocturnes nous renvoie automatiquement aux débuts de l’entité, à l’époque où ça sentait autant les road-train que Mad Max et où surtout l’attractivité était au rendez-vous. Bien que là-encore ce soit totalement réchauffé et surtout sans vraiment donner le sentiment de s’être foulé le rendu est quand même agréable, et prouve que les gars en ont encore sous la semelle quand ils se décident à se bouger un peu et sortir de leur léthargie collective. D’ailleurs « Batavia’s Graveyard » finira de convaincre les derniers réticents à ce sujet tant le rendu est ici totalement à part avec le reste, de par la douceur qui s’en dégage et par ses arpèges posés par-dessus le vent chaud qui se mêle à une rythmique bridée aux solos mélodiques à souhait et aux bonnes idées mises en avant. On finit d’ailleurs par regretter qu’ils n’aient pas plus insisté dans cette voie tant celle-ci à des choses à offrir et il serait peut-être bon pour eux qu’ils essayent plus cela la prochaine fois, et surtout qu’ils retrouvent des couleurs et du panache.
Est-ce qu’ils sont encore capables de cela ? Telle est la question qui se pose désormais tant on peut être tenté de croire qu’ils ont tout dit, et que dorénavant la chute est engagée de façon irréversible. Ce ressenti ne manquera pas de faire débat auprès des fans tant ce long-format est incontestablement le plus faible jamais sorti par la bande, qui ne dévoile que trop peu de bonnes choses pour marquer les esprits et sera totalement oublié d’ici quelques temps. A voir ce que lui réserve donc le futur mais il va clairement falloir qu’elle se remette sérieusement en question et au travail si elle veut rester parmi les ténors du genre, tant sa réputation et son aura se sont ternis ces dernières années et il ne faudrait pas que ça continue tant ça serait dommage et regrettable pour tout le monde.
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