Pillars - Onward To Nothingness
Chronique
Pillars Onward To Nothingness
Depuis qu’il a quitté SVART CROWN fin 2015 Clément Flandrois se montre d’une productivité et d’une inspiration à toute épreuve, car depuis sa "liberté" retrouvée il en a profité pour réactiver un ancien projet (HYRGAL) et en créer un nouveau (PILLARS), ce dernier étant artistiquement très différent. Si jusqu’à présent il évoluait dans un registre plutôt Black celui-ci confirme son éclectisme musical en mettant au jour une musicalité Doom jamais entendue chez lui auparavant, et pour l’occasion il s’est entouré de vieux briscards de la scène extrême du sud de la France, où l’on retrouve notamment l’ancien bassiste des furieux IMPERIAL SODOMY, désormais à la guitare. Pendant cinquante minutes le quatuor va nous emmener dans un univers froid et glacé, à l’humidité pesante tout en ajoutant une touche personnelle sur une musique très classique et balisée.
En effet dès les premières secondes du très bon « The Fearsome Path » on se retrouve embarqué vers un voyage aux confins de la moiteur et de l’obscurité, notamment grâce à une longue introduction qui monte doucement en pression, et permet ainsi de préparer le terrain pour ce qui va arriver par la suite. Si le rythme global et le riffing varient assez peu ils n’en restent pas moins accrocheurs et extrêmement lourds, il faut dire que le son est d’une grande épaisseur notamment via la basse qui écrase tout et se montre particulièrement grasse et dégoulinante. N’omettant pas la présence d’un solo simple mais qui aère l’ensemble, ce premier morceau est en plus réhaussé par un chant envoûtant qui surprend de prime abord mais dont on s’habitue très rapidement, et permet ainsi d’obtenir un résultat attractif et abrasif, qui donne le ton pour la suite qui va continuer sur cette lancée initiale. Car avec « Vultures » on va monter d’un cran dans la sensation d’étouffement tout en proposant un peu plus de variations grâce à un break bien troussé et plusieurs passages leads qui permettent d’éthérer cette composition au classicisme assumé et à l’écriture relativement simple, à l’instar de « Pale Horse Rider » qui s’enchaîne juste après. Bien que l’on reste sur un tempo faible on remarque ici une légère hausse d’activité volcanique permettant donc de donner un côté presque entrainant et enlevé au rythme, qui se permet de monter et de redescendre régulièrement et ainsi de miser sur l’alternance. Avec en prime une voix qui se fait de plus en plus prenante et quasi-mystique cette excellente composition aboutie de bout en bout termine avec brio la première moitié de cet opus, qui va prendre un virage un peu différent avec le morceau-titre. Celui-ci montre une facette encore plus noire et ténébreuse de la musique du groupe, où en prime vient se greffer la voix d’Emmanuel Zuccaro (également frappeur dans HYRGAL) aux côtés de celle-ci de son ami, utilisant également les effets pour lui donner un côté synthétique. Malheureusement l’ensemble a un peu de mal à décoller et sa mollesse globale finit par être un handicap, surtout avec une durée excessive qui aurait pu être facilement raccourcie.
Mais cette petite erreur de parcours est bien la seule, car dès la plage suivante (l’excellentissime « The Mourner ») tout va rentrer dans l’ordre, et le résultat va être à la hauteur des performances entrevues jusqu’à alors, et même encore supérieur. Car au milieu de longues plages instrumentales on est présence de riffs massifs d’une lourdeur écrasante qui donne envie presque de remuer la tête, tout en voyant une performance vocale de haut niveau par-dessus. Celle-ci donnant la sensation d’haranguer la foule met presque mal à l’aise et renforce donc ce sentiment de mal-être généralisé, où la variation de la pression (qui se relâche pour mieux ensuite resserrer son étreinte) et du tempo donne (si on peut dire) un entrain presque contagieux. Et avec « Swarms From The Swamp » on ne fait que prolonger l’expérience entrevue précédemment, tant le point de non-retour semble être atteint, renforçant ainsi ce mélange entre espoir et panique. Putride et glauque à souhait, dégoulinant et suintant par tous les bouts on est plongé là en pleine horreur, car conservant son jeu de guitare imparable et sa lenteur pénétrante, on a l’impression que l’on est proche de s’échapper de cet enfermement formé, et de cette folie qui guette l’auditeur … avant de s’apercevoir qu’on est condamné à rester prisonnier à tout jamais. Donnant l’impression de voyager au sein du film « Cube » (de Vincenzo Natali – 1997) on arrive au bout de cette compo désespéré au possible, mais heureux de terminer indemne de ce long voyage en terre inconnue, qui comme presque le reste de l’album se montre incroyablement prenant.
Sans réinventer quoi que ce soit les sudistes offrent une excellente sortie, au son puissant et naturel qui renvoie aux fondamentaux du genre, et se montre hypnotique en étant bluffant de sincérité. Si l’hiver ne devrait pas tarder à arriver on peut déjà s’y plonger, et retrouver certaines sensations oubliées par ce long et bel été qui a joué les prolongations. En tout cas la réussite de ce disque confirme que tout ce que réalise le frontman du combo se transforme en or, que ce soit au sein de celui-ci comme avec ses autres projets, et qu’il a bien raison de nous faire partager sa musique et son inspiration qui sont actuellement au sommet. Si le bonhomme continue de se montrer aussi productif et qualitatif il y’a fort à parier qu’on entendra encore parler de lui rapidement, et cela est prometteur tant on sent qu’il a encore de belles et puissantes choses à faire partager à son auditoire.
DONNEZ VOTRE AVIS
Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.
AJOUTER UN COMMENTAIRE
Par Keyser
Par Lestat
Par Lestat
Par Sosthène
Par Sosthène
Par MoM
Par Jean-Clint
Par Sosthène
Par AxGxB
Par Deathrash
Par Sikoo
Par Jean-Clint
Par Troll Traya
Par alexwilson
Par Sosthène