Sans doute ne suis-je pas la meilleure personne pour parler de cet EP-surprise (même pour eux, car rappelons que l’on ne doit son existence qu’à un hasard de farfouillage des sessions d’enregistrement de
The Last Spire douze ans plus tôt). Je ne suis pas un des fans les plus fervents de la formation, trouvant la première décennie de son existence bien meilleure que la suivante, plus contrastée à mes oreilles, entre agenouillement devant Lee Dorrian et son chant définissant une certaine vision du doom anglais et prises de risques qui n’ont pas toujours été totalement concluantes (
The Guessing Game, aussi aventureux que bordélique). Le monde de Cathedral était des plus bizarres, dépassant les notions de bon et mauvais pour devenir un projet où le voyage était le but en lui-même.
Un voyage qui, donc, prend fin ici, plus d’une dizaine d’années après sa mise à mort officielle – à moins que les Anglais aient enregistré un autre album sans s’en rendre compte ce qui, après tout, ne serait pas étonnant de leur part. On pourrait trouver un lien entre des morts-vivants sortant de terre et cet EP, notamment dans ce début qui donne à entendre le Cathedral des heures les plus doom, d’une lenteur digne de Reverend Bizarre mais processionnaire à sa façon propre, chenille d’Alice au Pays des Merveilles laissant poindre son psychédélisme derrière le moribond. Mais non :
Society's Pact With Satan est une mise en bière qui apporte le point final que
The Last Spire ne mettait pas tout à fait, davantage attaché à boucler la boucle qu’à finir définitivement les hostilités. Ici, elles sont clairement adressées, jusqu’à ce titre et cette pochette qui sont des pieds de nez envers Electric Wizard et son supposé dernier album qui devait supposément sortir cette année. Une cible parmi d’autres, que les paroles – quasi-prophétiques – de cet unique titre à tiroirs attaquent de façon systématique, banquiers, fascistes et autres figures du pouvoir autoritaires et capitalistes étant visées.
Un premier volet qui tire un trait sur tout ce à quoi Cathedral voudrait dire adieu avant de décider de s’envoler lui-même dans son univers à lui (ces leads qui s'élèvent à mi-chemin).
Society's Pact With Satan commence comme une marche funèbre et finit en danse d’un dandy born too late. Une danse toujours macabre, la voix de Lee Dorrian continuant d’égrener ses paroles de façon éteinte, laissant faire le groove de Gaz Jennings pour démarrer les moteurs vers l’ailleurs. Le final renoue alors avec l’ambivalence de la formation, entre rythme entraînant et ambiance grave, une certaine distance ironique chapeautant l’ensemble.
Il y a tout Cathedral sur
Society's Pact With Satan, long morceau étrangement fluide malgré une certaine incohérence, l’ambiguïté de la bande me laissant une nouvelle fois entre insatisfaction (petite) et admiration (certaine). Les fans le seront une nouvelle fois, les détracteurs ne changeront pas d’avis. Celles et ceux qui, comme moi, ont pu adorer les premières œuvres trouveront, comme sur
The Last Spire, de quoi se rappeler le plaisir particulier que seul apportait Cathedral qui, malgré ses airs d’Anglais inadapté et punk, avait une sincérité trop précieuse pour être oubliée. Ce que
Society's Pact With Satan fait se remémorer de belle manière dans un dernier aurevoir.
Par Jean-Clint
Par Jean-Clint
Par Lestat
Par Jean-Clint
Par xworthlessx
Par Ikea
Par AxGxB
Par Jean-Clint
Par Sosthène
Par Lestat
Par Krokodil
Par Niktareum
Par Jean-Clint
Par Jean-Clint
Par MoM
Par Jean-Clint
Par Sosthène