Si à l’heure des bilans chacun est bien libre de penser ce qu’il veut sur l’année écoulée et la qualité des sorties qui ont ponctué ces trois cents soixante-cinq jour passés, la scène Death Metal a tout de même été marquée par un fait important ; le retour d’un second-couteau de renom qui n’avait plus donné signe de vie depuis près de onze ans.
A la surprise générale, les Floridiens de Monstrosity se sont donc rappeler à nos bons souvenirs avec l’annonce en juin dernier d’un nouvel album à paraître courant septembre sur le label Metal Blade Records. Une annonce qui n’a pas manqué d’émouvoir tous ceux qui continuent encore aujourd’hui de poncer ces albums souvent mésestimés que sont
Imperial Doom,
Millenium ou
In Dark Purity même si malheureusement, bien plus nombreux sont ceux à qui cela n’a fait ni chaud ni froid (il faut dire que ces deux albums sortis dans les années 2000 sont loin d’être des monuments du genre).
Illustré par Timbul Cahyono aka Bvllmetalart à qui l’on doit également l’artwork du nouvel album de Terrorizer,
The Passage Of Existence bénéficie d’une illustration a peu près acceptable (notamment au regard de certains précédents travaux pas toujours très heureux :
Millenium ou
In Dark Purity en tête) même si en ce qui me concerne je la trouve un peu trop moderne à mon goût et surtout plombée par un cadre gris inutile. Heureusement l’essentiel n’est pas là. Côté line-up, on aurait pu penser après onze ans d’absence que nombreux seraient ceux à avoir quitté le navire. Et bien non puisque le groupe qui fonctionnait sous la forme d’un quatuor depuis le départ de Sam Molina en 2006 a finalement choisi d’intégrer en 2010 un second guitariste en la personne de Matt Barnes des excellents Chaos Inception. Une arrivée de choix laissant présager du meilleur pour ce sixième album. Pour enregistrer et produire ce dernier, le groupe a fait appel aux services de Jason Suecof (Deicide, Terrorizer, The Black Dahlia Murder, Trivium...) avec qui Monstrosity avait déjà travaillé en 2003 sur
Rise To Power. Une collaboration pour le moins heureuse (on entend d’ailleurs très bien la basse, ce qui reste appréciable) dont découle aujourd’hui une production puissante et moderne en accord parfait avec ce genre de Death Metal tout à fait contemporain. Seule la batterie manque comme souvent un peu de naturel mais rien de bien fâcheux dans le cas présent.
En dépit de ces onze ans d’absence, je n’avais pas particulièrement d’attentes très élevées vis-à-vis de ce nouvel album et cela pour la simple et bonne raison que son prédécesseur n’était pas particulièrement des plus inspirés. Du coup, je dois bien reconnaître que j’ai été très agréablement surpris lors de mes premières écoutes par la qualité de ces douze nouvelles compositions (dix pour la version LP). Pourtant, en survolant
The Passage Of Existence on pourrait se dire qu’il s’agit d’un album de Death Metal plutôt quelconque avec un cahier des charges certes bien rempli mais des titres finalement assez passe-partout. Or, ce n’est pas aussi simple car si ce nouvel album n’est effectivement pas une pépite d’originalité, il n’en reste pas moins que le groupe a fait ici un gros travail d’écriture. Si la musique de Monstrosity répond donc à une formule d’un classicisme absolu, chaque écoute met cependant en lumière la très grande qualité des riffs mais aussi et surtout celles des mélodies qui prennent désormais une place importante, pour ne pas dire vitale, dans cette version 2018 de Monstrosity. L’arrivée de Matt Barnes dans les rangs du groupe floridien n’est certainement pas étranger à ce regain de vitalité et le moins que l’on puisse dire c’est que beaucoup ne s’attendaient pas à un album aussi réussi.
Du haut de ces cinquante-sept minutes,
The Passage Of Existence a donc de quoi impressionner, voir même un petit peu décourager. Pourtant, on ne se sent jamais pris au piège d’un album trop long ou trop inconsistant. Tout est ici savamment dosé entre séquences fulgurantes menées à coup de blasts (Lee Harrison à vraisemblablement toujours la foi, lui qui bat la mesure avec Monstrosity depuis le tout début) et de riffs nerveux et incisifs, de passages également plus modérés apportant ce qu’il faut de relief à un album frôlant tout de même les soixante minutes (comme par exemple "The Proselygeist", un excellent titre mid-tempo qui après quatre premiers morceaux explosifs vient rompre de manière judicieuse avec cette cadence dans l’ensemble assez soutenue) et bien entendu de moments plus apaisés et lumineux grâce au renfort de mélodies imparables, capables de vous hérisser le poil de satisfaction ("Cosmic Pandemia" à 2:51, "Kingdom Of Fire" à 1:42, "Radiated" à 3:39, "Solar Vacuum" à 2:31 et 3:07, ce festival sur "The Proselygeist" à 2:18, 3:04 et surtout 3:25 et 4:27, "Maelstrom" à 3:24 et 5:43, "Eyes Upon The Abyss" à 2:21 et ainsi de suite jusqu’à la fin de l’album). Bref, on sent que le groupe a bossé sa copie et chercher à faire de ce retour un moment fort dans la carrière de Monstrosity.
Même si le groupe part désormais de loin après un long passage à vide qui aura duré presque vingt ans (quelques années particulièrement compliquée après la sortie
In Dark Purity et une absence prolongée de plus d’une décennie), Monstrosity ne s’est pas laissé abattre ni même décourager et prouve qu’il peut être aujourd’hui encore tout à fait pertinent. En tout cas, bon nombre d’entre nous n’attendaient pas les Floridiens à un tel niveau d’excellence, passant ici d’un groupe de seconde division à une formation capable d’aller chercher tous les honneurs. En tout cas peu importe vos préjugés vis-à-vis du groupe floridien, si vous êtes un amateur de Death Metal moderne et que l’apport de mélodies ne vous effraie pas,
The Passage Of Existence mérite très clairement que vous vous y intéressiez. En ce qui me concerne, il s’agit vraiment d’une excellente surprise.
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