Certainement, on peut voir ce premier longue-durée du projet de Daniel M. – il est seul, il est portugais, il joue du funeral doom (peut-être en lien avec l’un de deux éléments précédents, mais je vous laisse deviner lequel) –, Bosque, comme personnifiant « la lumière au bout du tunnel ». Telle pochette, telle musique, y font directement penser, avec ce blanc qui englobe tout, comme la redécouverte de la lumière après une période en pleine obscurité. Et puis, il y a ces guitares, granuleuses, crues, aux notes aiguës et placides, un peu une sorte de
Mournful Congregation période The June Frost aux doigts engourdis et le cerveau embrouillé. Il y a aussi la semi-acoustique « Behind » où tout semble calme, luxe et volupté, ruissellement cristallin entre deux apnées. Il y a, enfin, ce son enveloppant, ni lourd, ni aérien, spectral, qui, contrairement à ce qu’on peut attendre d’un disque du genre, ne joue pas sur une certaine physique, mais semble vouloir figurer ce qui traverse les décors, s’imaginant rayons, vents, volutes et pesanteur de l’air. Comme retrouver l’usage de ses poumons, nu au monde, inadapté à tant d’espace.
On peut voir cela. Mais pourquoi cette impression de douleur bien humaine qui gronde sous cette voix lointaine ? Pourquoi une production aussi rachitique, et la misère existentielle qui en découle ? Pourquoi une telle sécheresse, une telle froideur, dans cette luminosité intense, d’habitude vue comme source de vie ? Pourquoi, au fur et à mesure qu’on s’accroche à telle mélodie, tel chant élevé, irréel, grave, nappe sonore d’un monde inhospitalier, on hésite entre consolation et agression, pour définir ce qui nous traverse les oreilles ? Peut-être parce que, pour tout bancal, abrupt dans ses transitions, mal foutu au point de frôler le cheap, qu’est cet album, une sensation domine le long de ses quarante-quatre minutes. La sensation, non pas d’être enfin libre, mais de pénétrer un vaste univers nouveau, réduit à l’état d’élément, la carcasse en caillasse, comme chez un certain
Sink.
Au final, il serait plus juste de dire que
Passage est, plutôt, la lumière qui fait regretter le tunnel.
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