Towering - Obscuring Manifestation
Chronique
Towering Obscuring Manifestation
Parmi les nombreux labels français de qualité le tourangeaux Dolorem Records ne cesse de prendre de l’ampleur, et tend à devenir au fur et à mesure de ses sorties un incontournable en matière de Metal de la mort hexagonal, qui privilégie la qualité à la quantité. Ayant vu son catalogue s’étoffer ces dernières années avec nombre de combos locaux aux albums réussis, il n’est donc pas étonnant que son dernier arrivant bénéficie d’un intérêt important, chose qui est méritée vu que celui-ci a les atouts pour devenir un futur grand. En effet si jusqu’à présent TOWERING n’était pas apparu sur les radars des formations à suivre en France cela va être différent aujourd’hui, car avec son Black matiné de Death particulièrement sombre et affûté il marque un très grand coup au sein d’une année déjà particulièrement riche. Peu productif jusqu’à présent le quatuor signe en effet probablement un des albums français de 2019, qui a d’ailleurs de très grosses chances de finir dans les bilans de clôture, tant cet opus se montre captivant de bout en bout sans jamais être lassant ou redondant, malgré des titres qui s’étalent en longueur et ne descendent jamais sous les cinq minutes.
Si la seule exception de temps est l’ouverture « Intro – A Ritual Of Descent », celle-ci a le mérite de donner le ton tant son ambiance froide et apocalyptique (complétée par un riffing glacial et coupant) sera constante tout au long des quarante-et-une minutes d’une musique tourmentée, où le voyage ne sera pas de tout repos. Preuve en est le tentaculaire « The Poison Of Man » (sorti initialement sur l’EP « Promo 2018 » et réenregistré pour l’occasion) où tabassage massif et variations nombreuses de rythmes se font entendre, permettant ainsi au combo de dérouter l’auditeur qui ne sait où s’accrocher. Misant sur l’équilibre entre vitesse et lenteur l’ensemble est sublimé par le jeu impressionnant du batteur qui n’arrête jamais (et propose entre autres de nombreuses cassures perturbantes mais sans perdre en régularité), tout comme par les passages leads éthérés qui permettent du coup d’aérer le tout et de respirer pour mieux repartir en mode brutal par la suite. D’ailleurs on va retrouver cette construction sur le tout aussi étouffant « The Calling » (qui a vu le jour à l’origine sur la Démo « Towards Fate » en 2016), où les moments lents sont plus rares et remplacés par du mid-tempo remuant calé entre les déferlantes, pour un rendu toujours d’une noirceur totale.
Mais dans un style aussi impénétrable et difficilement accessible il y’a toujours un risque de décrocher en cours de route tant ce côté monolithique peut se montrer déroutant, mais heureusement les gars maîtrisent leur sujet et évitent les erreurs de parcours éliminatoires. Car après avoir étalé toute leur palette technique à la limite du trop-plein (sans tomber néanmoins dans ce piège récurrent) ils montrent qu’en épurant un peu leurs compos ils restent quand même d’une efficacité redoutable, à l’instar de l’explosif « Growing Seed Of Agony » qui montre leur facette la plus radicale. Peu de moments ici pour trouver une porte de sortie car ça va enchaîner entre blasts et passages rapides menés tambour battant (pratiquement en continu), et où seul un court passage central permet de reprendre provisoirement ses esprits, avant que le travail de sape ne se remette en marche. C’est le cas avec « Monuments To Our End » où pendant un bon moment la vitesse la plus élevée ne va cesser d’être mise en valeur (et densifiée par quelques cassures bien senties), avant qu’une lueur lumineuse n’apparaisse dans sa seconde partie, via un ralentissement généralisé qui amène de la lourdeur et évite ainsi de se répéter. D’ailleurs ce côté massif va aussi être actif plus loin sur l’alambiqué « Becoming All And Nothing » séparé en trois parties distinctes, qui commence par un long démarrage où la lenteur est à l’honneur (tout comme des ambiances ténébreuses) avant qu’en son centre la furie et la violence se voient jouées à cent à l’heure, et qu’enfin le tout ne redescende pour en terminer, et ainsi rééquilibrer les débats. Et que dire du monstrueux « One With The Black Earth » à la fois le titre le plus long et aussi le plus élaboré de ce disque, qui va creuser un peu plus vers les enfers. Débutant de façon douce par l’ajout de leads délicats la suite va se faire plus incantatoire créant ainsi une pression qui ne cesse de monter progressivement, jusqu’à l’explosion finale. Ce schéma revenant à plusieurs reprises voit en son centre différentes coupures surprenantes entre breaks gelés et passages tribaux dignes d’une messe noire. Cela permet d’amener un sentiment de transe au milieu de passages hypnotiques et déchaînés, où l’on ressent que chaque note n’a pas été déposée là par hasard. Plus technique que tout ce qui a été entendu jusque-ici les parisiens démontrent qu’ils conservent leur même attractivité, cette fois-ci quand ils poussent plus loin leur rhétorique et leur niveau de jeu, sans pour autant que cela soit ennuyeux.
Car il faut du temps et de la patience pour apprécier totalement cette œuvre oppressante et tortueuse, qui demande une attention renforcée et une vigilance auditive pour y saisir toutes les subtilités qui la compose. Avec en prime une production en raccord (à la fois caverneuse et équilibrée) il faut saluer le boulot accompli par la bande qui réussit ses grands débuts en offrant un long-format envoûtant et qui va captiver pendant un bout de temps. Montrant qu’elle maîtrise ses instruments sans jamais trop en faire (mention spéciale aux nombreux solos à la plus-value flagrante) celle-ci frappe très fort et se place directement parmi les outsiders et grands espoirs de l’hexagone, qui pourtant en regorge de toutes parts, et confirme une fois encore le talent de leur maison de disques comme dénicheur de talents véloces, inspirés et surtout créatifs.
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