Entropia Invictus - Human Pantocrator
Chronique
Entropia Invictus Human Pantocrator
Dans la vie comme dans la musique il faut savoir persévérer car il est rare d’arriver à maturité et au résultat souhaité dès ses débuts, en effet il faut souvent évoluer, renier certaines convictions et attendre les bonnes personnes pour qu’enfin tous les éléments se mettent du bon côté et qu’un nouveau départ se profile. Tout ceci peut s’appliquer à ce combo d’Auvergne qui a enfin tous les atouts pour grimper dans la hiérarchie nationale, car bien qu’ayant plus d’une décennie d’existence (il a vu le jour en 2006) celui-ci souffre toujours d’un relatif anonymat malgré deux EP et autant d’albums où il cherchait à l’époque encore un peu son style, puisqu’au départ le chant féminin faisait partie intégrante de son identité, avant finalement d’aller vers quelquechose de plus extrême pour en arriver au Black/Death symphonique pratiqué aujourd’hui. Du coup à nouvelle orientation « nouveau » nom (puisqu’au départ il s’appelait simplement ENTROPIA) avec juste le rajout de la mention « Invictus », afin de se démarquer du passé sans pour autant le renier complètement, et quand en plus le quatuor se retrouve signé chez M&O Music et se permet d’enregistrer au renommé Tower Studio (où sont passé entre autres SEPTIC FLESH, ADAGIO ou AYREON) avec l’aide de Brett Caldas-Lima, on se dit qu’une grande étape a été franchie et que tous les éléments sont réunis pour passer un cap.
Et effectivement dès les premières notes de « I Will Overcome » on est bluffés tant l’évolution musicale du combo est importante, et n’a plus grand-chose à voir avec ce qu’il pratiquait sous son ancienne identité, car ici on se retrouve plongé dans les grandes heures de FLESHGOD APOCALYPSE tant la puissance dégagée est incontestable et l’on navigue entre blasts ravageurs, nappes de synthés présentes mais pas trop, chœurs féminins à tendance symphonique et parties lourdes pour aérer l’ensemble et lever les bras pour donner le rythme à l’unisson. Dès ce titre d’ouverture il montre tout son potentiel et ses influences pour un résultat à la fois remuant et accrocheur, qui ne s’éternise pas trop et c’est tant mieux car le style pratiqué peut vite être casse-gueule et redondant. Du coup ici ça ne dépasse que rarement les quatre minutes, ce qui permet d’aller à l’essentiel et de passer facilement d’une plage à l’autre, comme avec « Euphoria’s End » qui s’enchaîne juste après. Après une intro grandiloquente (qui n’est pas sans rappeler DIMMU BORGIR) place à une musique plus sombre et angoissante car ici priorité est donnée à la vitesse via de nombreux blasts et parties rapides, qui savent aussi se calmer quand il le faut afin de laisser de la respiration pour mieux jouer sur les ambiances, car là après le break central l’ensemble laisse place à du piano et à du violoncelle volontairement noirs et froids, qui se conjuguent avec une voix parlée attrayante avant l’explosion finale excellente. Avec là-encore beaucoup de variété de tempos et d’idées générales on remarque le très gros boulot fourni par Jérôme derrière son micro et sa guitare, car outre le fait de proposer des riffs techniques et accrocheurs il se permet le luxe de passer du growl pur aux cris les plus aigus sans difficultés majeures, ce qui permet là encore d’éviter une linéarité malvenue.
La suite va confirmer toutes ses bonnes dispositions avec le très brutal et direct « Tree Of Creation » qui ne s’arrête pratiquement pas tout du long, ainsi qu’avec « Reflection » qui se fait plus technique tout en passant d’un extrême à l’autre (de la férocité pure à la symphonie plus mise en avant) et qui là encore réussit parfaitement son coup. Plus on avance dans l’écoute et plus les compositions deviennent élaborées et ambitieuses, on s’en aperçoit avec le singulier « Singularity » où les chœurs sont plus poussées et nombreux, ceux-ci se collent avec brio sur les nombreuses alternances de rythmes proposées. « Imperfect God » quant à lui se voit composé de deux parties distinctes, l’une commence à fond les ballons et propose quelques cassures avant que la suivante n’arrive et se montre d’une grande lourdeur totalement à l’opposé de l’autre, enfin avec « Among Us » on navigue dans le titre le plus mélodieux de l’ensemble. Celui-ci nous offre un break acoustique du plus bel effet et un solo de conclusion tout en tristesse et légèreté, tout en étant mélangés avec des accélérations fulgurantes et fluides, et dont l’ensemble se révèle parfaitement pour terminer cet opus fort agréable et qui passe très vite.
Cependant même si ce disque est grandement positif il n’est pas dénué de petites erreurs, en particulier avec l’ennuyeux et longuet « The Builder / The Destroyer » qui manque de pêche et traîne trop en longueur, au contraire de « Cosmogenic Pandemonium » qui partait très bien et se montrait même un peu épique mais qui se termine très (trop) brutalement et dont on aurait apprécié qu’il dure un peu plus longtemps. Mais ces points négatifs ne sont pas rédhibitoires et sont finalement peu importants comparés aux bonnes choses entendues tout du long de l’écoute, et qui sont mises en valeur par une production impeccable et équilibrée, où les claviers ne sont pas omniprésents et ne sonnent pas trop kitch (comme c’est trop souvent le cas dans le genre). Chacun des membres offre une prestation de haute volée, notamment Pierjan derrière son kit qui s’est surpassé sans en faire des tonnes tout comme ses autres acolytes, qui nous font passer un très bon moment avec cette galette agréable qui est leur meilleure sortie à ce jour qui se laisse écouter sans déplaisir, et qui devrait enfin apporter une meilleure reconnaissance de ses géniteurs au sein de notre beau pays.
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